"Alice?"
"Alice?"
"Alice, ne joue pas avec ça, c'est dangereux..."
"Oui papa!"
"Alice, on va manger!"
"J'arrive, papa!"
"Alice, laisse ta sœur tranquille... Elle révise."
"Désolée, maman..."
"Alice, il va être l'heure d'aller en cours, réveilles-toi!"
"Oui maman! Je me lève!"
"Alice, tu peux m'aider avec ce problème de maths?"
"Comme tu voudras grande sœur!"
"Alice, tu es quelqu'un de bien, de très bien..."
"Ne pars pas, grande sœur... Pas sans moi... Ne me laisse pas seule..."
"Alice..."
"Grande sœur..."
"Alice, tu... Tu l'as laissée mourir?! Tu n'as donc pas conscience de ce que j'endure!?"
"Je suis désolée, Yoru, mais cette part de toi ne m'a pas aidé à gagner."
"Alice... JE TE HAIS! JE TE DÉTESTE!"
"Je suis désolée, Yoru. Je te l'ai dit. Fais avec désormais."
"Alice, tu ne mérites que d'être hantée par toi même... Tu comprendrais ainsi ce que tu fais endurer à ton entourage! Tout les gens que tu fréquentes sont destinés à mourir!"
"Yoru, calme-toi. C'est la première cliente que je perds..."
"Alice. Tu es une erreur de la nature. Tu ne devrais pas exister."
"Je sais... JE REGRETTE... JE REGRETTE TELLEMENT, YORU... PARDON..."
"Alice?"
"Alice? Je ne connais pas d'Alice. Je m'appelle Error."
"Error, tu m'as sauvée!"
"Je sais, Aurore."
"Error, tu es futée comme patronne."
"C'est le cas de le dire, Yoru..."
"Error, je m'excuse de t'avoir traitée d'handicapée."
"Peut-on dire que je le suis, Kaito?"
"Error, ta vie a du être difficile."
" La tienne aussi, Élisabeth."
"Error, je suis heureuse de t'avoir comme boss."
"Et moi comme employée, Nina."
"Error, on vengera Endou de ces monstres."
"Ensemble, Akimi."
"Alice, je te trouve bien impertinente envers moi..."
"JE SUIS ERROR, YORU! S'il te plaît... Ne m'appelles plus par mon prénom..."
"Alice, laisse-moi te rappeler ta vie."
"Yoru, pitié, arrête!... Arrête..."
"Error, ne pleure pas la mort de ton amie... Elle est partie pour un autre endroit. Bien meilleur."
"Tais-toi, Meredy..."
"Error, tout ce que tu fais..."
"Ce que je fais?"
"ErRoR, tU eS fAiBlE. Tu Le SaIs, Et Ne PeUt Le NiEr."
"Arrête ça!"
"ERROR, TOUT CE QUE TU FAIS ES VAIN."
"Je ne suis pas Error..."
« Je suis Eisophobia. »
Pourquoi suis-je ici? C'est ce qu'on appelle le bouquet final?
Les ampoules au plafond éclairent la pièce de telle sorte que ne rate aucun élément de la pièce. De telle sorte que les deux seuls qui ont une ombre sont moi, et la lampe au milieu de la pièce. Je ne sais pas quoi faire, je suis perdue.
Tous les miroirs autour de moi... Ils me regardent. Ils ne réagissent pas, et me laissent me déplacer à ma guise. Ils ne se déplacent pas en même temps, comme tout bon reflet.
C'est juste des centaines de Error, qui restent stoïques, sur place. Qui regardent leur invitée, comme si c'était une étrangère. Elles n'ont pas l'apparence d'Eisophobia, ni une autre déformée de moi. Elles sont juste moi. Elles me regardent, de leur yeux bleus, sans âme. Elles ne sourient pas, ne bougent pas, ne disent rien... Elles me suivent juste du regard. Elles sont vêtues d'un drap noir, comme une nuisette qui ne laisserait rien paraître sous le tissu. Qui cacherait même les formes les plus généreuses. Un drap fait dans un tissu fin, tel de la dentelle.
Leurs yeux sont aussi bleus que celui qui me restait. Ils scrutent ce que je suis, ce que je fais, ce que je me prépare à faire... Ce que j'ai fait.
« Allez vous en, s'il vous plaît... chuchotais-je. »
Aucune réponse.
Eisophobia ne me dit plus rien. Elle a rapidement parlé du fait qu'on se revoyait enfin. Je suis sûre de l'avoir entre aperçue ne serait-ce que l'espace d'une fraction de seconde. À travers le miroir rectangulaire qui bloque la lumière de l'extérieur, provenant de la fenêtre. L'espace de cette seconde, j'eut le temps de fermer mon unique paupière et de la rouvrir que je ne voyais que mon reflet.
Les reflets n'avaient pas mes dégâts physiques. Ils possédaient eux, leurs deux yeux. Leur main droite était en bon état. La mienne était ravagée. Et mon œil droit était à présent dans mon estomac.
Mon orbite me fait d'ailleurs un mal de chien. J'ai l'impression que des milliers d'insectes me rongent l'œil. Cette douleur est à crever. Mais le sang s'est arrêté de couler avec la drogue que m'a anesthésiée Yoru Zéro.
« Qui es-tu? »
Un des reflets à ma droite se mit à parler. Son air était un peu plus triste que celui des autres. Ses sourcils fins étaient un peu plus froncés que les autres, mais plus vers le haut du front. Comme en signe de tristesse. Ses yeux brillaient, comme si elle allait pleurer. C'est limite si je pouvais voir mon propre visage dans ses yeux tellement ils avaient l'air lipides. Mon cœur se resserra doucement à la vue de cette Error... Comme si elle représentait toute la douleur de mon passé.
« Je suis Error... Error Enger...
- Error Enger? me demanda le reflet.
- Oui!... »
Les autres reflets posèrent le regard sur le seul reflet qui semblait doué de parole. Les autres la regardait du même air que moi. Nom de Dieu, c'est flippant. Mais je suis étonnée, malgré ma phobie, je me sens relativement à l'aise pour le moment... Pour la première fois depuis longtemps, à vrai dire.
« Error, je peux te poser une question? fit gentiment la petite.
- Qu'il y a t'il?
- Les gens... Sous leurs masques, leurs pseudos... Est-ce que l'on peut réellement les appeler des gens?
- Comment ça?
- Est-ce que comme nous, ils ne sont pas tout simplement le reflet d'une personne déjà morte?
- ... Pardon?
- Je suis le reflet de Alice Enger. »
Comme si cette phrase était un mot de passe, ou une parole sacrée, elle fut prononcée par chacun des autres reflets présents, qui la disait toutes une par une. Ces mots résonnaient encore et encore dans ma tête, sans cesse, sans jamais s'arrêter.
« Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Je suis le reflet de Alice Enger.
- Arrêtez, s'il vous plaît!
- Je suis le reflet de Alice Enger. »
J'attrapa le révolver qui se trouvait au centre de la pièce. Qu'est-ce que faisait ce révolver ici, en fait? Je l'ignorais. Je pointa le revolver sur un des miroir.
« Je suis le reflet de Alice Enger.
- Ne tires pas, lança le reflet qui m'avait parlée en premier.
- Quoi?!
- Je suis le reflet de Alice Enger, répétait les autres.
- Tu n'as qu'une balle, tu ne pourras pas l'utiliser pour ça. »
Pourquoi l'utiliserais-je, alors?!
Les lumières arrêtèrent de me laisser à cette douce luminosité, et me plongèrent dans les ténèbres. Les reflets cessèrent de parler au même instant, m'abandonnant ainsi dans l'obscurité et le silence. Dans un abîme de noirceur tel que j'en perdit tout repère.
Puis, les lumières se rallumèrent soudainement. Ouvrant les yeux, je découvrit celle qui était à l'origine de ces étrangetés de tout à l'heure.
« Eisophobia... »
J'en étais sûre.
La peau bleu, les yeux rouges, les cheveux bleus, des dents noirâtres... Elle se tenait devant moi, dans un des miroirs, vêtue d'un drap blanc, à la façon des reflets.
« PUTAIN DE MERDE!! »
Je me précipita sur la porte, ne supportant déjà plus ce chantier. Je pressa la clenche de la porte à plusieurs reprises.
La porte s'était fermée à clé. Et les clés, je n'ai pas pensé à les retirer en entrant. Je regrette déjà... Je me recula, pris le révolver et visa la clenche, au niveau de la serrure. Cette unique balle me servira à fuir.
« Tu devrais éviter ton action, Alice - Error. ♪
- Quoi?! sursautais-je, en entendant la voix inversée d'Eisophobia.
- Réfléchis bien. Si Yoru apprends que tu n'as pas passé la nuit dans cette chambre, elle te retrouvera et te puniras à nouveau... Et tu pourrais probablement perdre ton deuxième œil. Et de toutes manières, elle t'enfermera ici après. Et tu n'auras pas cette chance de sortir vivante d'ici après. »
C'est dur à admettre... Mais cette abomination a raison. Je suis bloquée ici pour la nuit. Demain matin, Yoru Zéro viendra m'ouvrir la porte. Et seulement là, je serais tirée d'affaire. En attendant, je dois encore subir ce supplice.
C'est jouable?
Probablement pas. Je suis épuisée.
D'abord physiquement. Mes blessures de combat et de torture sont en train de me fatiguer, la douleur est trop intense.
Puis mentalement.
J'ose l'admettre... Mais c'en est déjà trop pour moi. Je suis en train de me voir partir, c'est pour dire. J'en peux déjà plus...
Mais je vais tenir le coup.
« Error - Alice, as-tu remarqué que comme les reflets, tu étais maintenant vêtue de ce même drap noir? »
... Quand est-ce que c'est arrivé? Plutôt que mon habituelle longue blouse en cuir, je suis habillée de ce drap que portait les reflets. Pourtant, quand je suis sorti de la pièce de Yoru Zéro, je ne l'avais pas!
Eisophobia fait donc ce qui lui plaît dans cette pièce, c'est ça? C'est ça... Ici, c'est moi le reflet. Je suis prisonnière des actions qu'elle fera, comme si c'était elle qui était à ma place d'humaine. Pour la première fois, c'est elle qui va dominer la partie sans que jamais cela ne s'arrête.
« Avant que tout ça ne commence, tu as des questions, Alice - Error?
- Tu m'accordes combien de temps? soupirais-je.
- Quinze minutes, fit Eisophobia, en souriant telle un démon. »
Ça devrait suffire pour lui poser des questions capable de répondre à ma question.
« Si je tiens la nuit entière, est-ce que Yoru Zéro viendra m'ouvrir la porte demain matin?
- À six heures du matin précise, me répondit Eisophobia.
- Est-ce que tu continueras de me hanter?
- Jusqu'à ce que tu puisses éliminer Madness. »
C'est vrai, je me demande plein de trucs sur Madness.
« Qui est Madness à l'origine?
- La raison de la folie de Yoru Zéro.
- Et qui est Madness tout simplement?
- Fouilles les détails des évènements récents et tu verras qui est Madness. »
Les évènements récents? J'ai beau y réfléchir, je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce que pourrait être réellement Madness.
Je suis encore trop fatiguée pour réfléchir avec des idées nettes et claires.
« Comment s'est déroulé le combat contre Madness?
- Ce fut un vrai désastre, ricana le reflet.
- Des détails?...
- Madness a tué Kaito en le décapitant, puis a invoqué une creepypasta qui a tuée Élisabeth, d'un trou dans la cage thoracique. Ensuite, elle est réapparue et a détruit le seul moyen de déplacement que l'équipe possédait en le réduisant à l'état de boule d'acier. Elle t'a envoyée dans un immeuble, a tuée Akimi en lui explosant la tête après l'avoir coupée en deux, puis Meredy en lui arrachant les membres puis la tête.
- On a pas pu lui causer le moindre dommage?!
- Oh, si. Akimi est parvenue à lui couper l'annulaire, et tu, ou devrais-je dire, je, suis parvenue à lui creuser une entaille dans le dos. Cependant, elle a répondue à mon attaque d'un trou à la taille, et d'une frappe si forte qu'elle m'a faite décoller hors du sol. »
Je suis toute seule, maintenant, c'est sûr. Tous, ils sont tous morts. Je n'ai pas su les protéger... Et malgré ça, je suis encore en vie. Ce n'est pas ce qu'on appelle le destin... Mais plutôt la fatalité.
Je suis donc bloquée dans un cercle vicieux? Madness est impossible à battre, c'est un fait. Jusqu'à ce que Madness, Yoru Zéro ou Eisophobia ne me tue, je serait bloquée entre tout ça.
Tout les gens que tu fréquentes sont destinés à mourir!
Tu ne sais pas à quel point tu as raison, Yoru...
« Autre chose? me demanda Eisophobia.
- Non. Je suis prête, soupirais-je. »
Mon cœur bat la chamade. Je suis pétrifiée, apeurée. Les doigts de ma main gauche tremblent en tenant le révolver à l'idée d'être à nouveau torturée. Mon unique paupière tremble de tout son possible, et je transpire de tout les pores de mon corps. Peut-on réellement me qualifier de femme forte dans ce cas? Sûrement pas, non...
« Error? »
Je leva le regard. J'en tomba sur les genoux au moment où je vit ce que je vit.
« Error, est-ce que tu vas bien?
- E... Endou?... »
Je, non. C'est le fruit de Eisophobia, le Endou que je vois n'est pas devant moi. Ce n'est qu'un reflet comme un autre. J'ai juste à l'ignorer.
« Tu es toute pâle, tu n'as pas l'air d'aller, soupira le garçon. »
Je sentis sa main chaude et douce sur mon épaule nue. Je sentais sa peau contre la mienne. Sa voix ne résonnait pas dans ma tête, c'est exactement comme s'il était là.
« T... Tu n'es pas Endou! m'écriais-je.
- Error?!
- Tu n'es que le fruit de mon imagination! Tu es une abomination parmi tant d'autres! Dégage! DÉGAGE DE MA VUE!! »
Je ressenti en moi une douce chaleur qui m'enveloppa en un court instant. Les bras du garçon m'enveloppaient, me serraient contre lui. Le brun était en train de me câliner, de me faire une accolade.
« Je suis là, c'est fini... »
Les larmes coulèrent sur ma joue gauche. Aucune larme ne fuitait en revanche de la cavité qui remplaçait mon œil. Je pleurait comme un bébé, malgré ça... Rares sont ceux qui m'ont câlinée avec amour ces dernières années. Durant ces huit dernières années...
« Endou...
- Je suis là, Error. Je vais t'accompagner durant cette épreuve... »
Je sentis un liquide lourd s'écouler sur moi. Lourd et épais. Lorsque j'attrapa les épaules du brun, et que je le recula, mon cœur fit un bond. De son corps ne restait plus qu'une partie du buste, la tête était absente. Je me recula d'un coup en repoussant le cadavre, tout en hurlant. J'eut un réflexe presque instantané, et me mit à chuchoter.
« Neuf cent quatre vingt treize, neuf cent quatre vingt six...
- Error! Recule-toi de ça! me cria une voix. »
Je me retourna vers la voix féminine, et y vit Aurore. Elle était pâle, mais armée d'une arme. Elle tira à plusieurs reprises sur le cadavre dévoré de Endou, et me fit venir vers elle.
« Tout va bien, ne fais pas confiance... À... Cette chose... »
Son ventre se vida de ses entrailles sur mes genoux. Je sentis la texture visqueuse de ses intestins dégouliner ses mes cuisses nues, me faisait hurler, sans stopper mon réflexe.
« NEUF CENT CINQUANTE NEUF! NEUF CENT CINQUANTE DEUX! »
Le cadavre de Aurore tomba au sol. Elle avait un morceau de ficelle autour du cou, et elle baignait dans son sang, me faisant hurler d'avantage. Puis, je sentis une chaleur apaisante me masser les épaules, me calmant doucement. Je m'arrêta, et tourna la tête. Des doux cheveux blonds, ainsi que de beaux yeux bleus. Une peau pâle et claire.
« Je suis là, Alice.
- ... Grande sœur... Non... JE... »
Elle me peigna les cheveux avec une brosse, comme elle le faisait de son vivant. Je me sentais calme et apaisée, tout allais bien. Et pourtant, c'était le fruit de ma folie, je le savait. Mais je ne disais rien. Puis, une de mes mèches de cheveux fut rêche lorsque le peigne passa. Je n'y prêta pas attention. Puis d'autres mèches.
Je vit un morceau rose tomber sur mon épaule. Je le prit entre mes doigts, et l'examina. Et un autre morceau. C'était dur et flasque à la fois, doux d'un côté et visqueux de l'autre. Je ne comprenais pas ce que c'était.
Je tourna la tête vers ma sœur. J'y découvrit un visage en pleine décomposition. Les morceaux de sa peau tombaient comme des feuilles en automne. Morceaux après morceaux, secondes après secondes.
« Alice, pourquoi me regardes-tu ainsi? me demanda ma sœur d'un air enfantin.
- N-NEUF CENT QUARANTE CINQ! NEUF CENT TRENTE HUIT!
- Alice? »
Son œil tomba sur ma tête, et glissa jusqu'au sol. Je ne retenu pas mon cœur et me mit à hurler d'un coup. Je me recula, poussa ma sœur qui s'écroula telle une pyramide de cartes au sol, et me précipita le plus loin possible de tout ça, contre des miroirs. Ceux ci ne tombèrent pas, ils étaient accrochés au mur. J'étais bloquée, entourée des cadavres des gens que j'aime.
Je n'en pouvais déjà plus.
« Pourquoi tu ne viens pas? répétait les voix de Endou, Aurore et de ma sœur.
- NEUF CENT TRENTE ET UN!!
- ALICE
- ERROR
- ERROR »
La main des cadavres attrapèrent ma jambe. Leur peau était froide, visqueuse, poisseuse. Je sentais ma propre jambe fusionner avec la peau des morts. Les lèvres de Aurore et de ma sœur était bleue, leurs yeux retournés, et leur teint pâle, montrant bel et bien leur mort. J'attrapa mon révolver, et braqua leur corps décomposés en pleine animation.
« N-NEUF CENT... VINGT HUIT...
- Error - Alice, pourquoi voudrais-tu tirer sur ceux qui te sont chers? me demanda une voix.
- ILS VONT ME TUER! NEUF CENT VINGT ET UN!
- Oui, mais tu n'as qu'une balle, jamais tu ne pourras tous les tuer à la fois... »
Les corps tombèrent en poussière, chatouillant ma peau dans un cri lugubre et morbide. J'étais dos à un miroir, en train de trembler de tous mes membres. La cavité de mon œil droit me faisait un mal de chien, ça me brûlait de l'intérieur. Je sentais déjà des tissus visqueux en train d'en couler, comme si je me décomposais. Ma main droite, réduite en charpie, commençait à sentir fort, comme si elle aussi se décomposais, se détériorait. J'étais finie, fatiguée.
« Tu n'en peux plus, pas vrai?
- Neuf cent quatorze... Neuf cent sept... Neuf cent... Huit cent quatre vingt treize...
- Alice, tu peux déjà quitter cette souffrance.
- C-Comment?! demandais-je, en souriant bêtement.
- Oh, c'est très simple. »
Elle attrapa mon poignet gauche et le leva. Elle l'emmena devant mes yeux, et me le montra. J'ignore quand, mais Eisophobia était apparue derrière moi, depuis le miroir. Elle me tenait dans ses bras. Elle me montra un miroir au loin. Je me voyais dedans, avec Eisophobia.
« Tire sur celle que tu vois dans ce reflet.
- Maintenant?
- Comme tu voudras. Peut être souhaiterais-tu revoir Akimi pour lui dire que tu n'as pas vengé son frère? Peut être veux-tu revoir Kaito pour lui dire qu'il est mort pour rien?
- Maintenant...
- Peut être veux-tu vivre toute ta vie avec la mort inutile de tes coéquipiers sur la conscience?
- MAINTENANT! »
Je rigolais à vive voix. Eisophobia aussi. Elle passa son doigt sur ma joue, et lâcha ma main.
J'allais enfin en finir. Terminer avec tout ça.
Décidée, je leva le poignet vers ma tête. Je pris le révolver bien en main, et posa mon index sur la détente.
J'allais enfin en finir. Terminer avec tout ça.
Je colla le canon contre ma tempe. Je regardais droit devant moi, sûre de moi.
Je ne regrette rien, au final.
Pardon, Endou.
Pardon, Yoru.
Pardon, Nina.
Pardon, Aurore.
Pardon, Kaito.
Pardon, Élisabeth.
Pardon, Akimi.
Pardon, Meredy.
Pardon... Grande sœur.
Et surtout, merci pour tout.
Je pressa la détente.
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The Curious Case
HorrorEn 2010, les histoires sur Internet sont de plus en plus populaires. Certaines d'entre elles font parler d'elles car elles sont soit invraisemblables, soit totalement insolites. Mais il existe aussi les fameuses légendes urbaines, nommées "Creepypas...