Urasagi - Diclophage's Wings [03] Pourquoi nous?

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[08/02/2015]

Putain.
Putain.
Putain.
Alors ça y'est? C'est ma punition, après avoir tué un homme de service, et violé des secrets d'état? Quelle mort pourrie. J'aurai aimé mourir pendant mon sommeil... Pas de cette façon. Oui, c'est vrai. L'homme est l'espèce dominante, le sur-prédateur. Mais le Diclophage est l'espèce qui domine le dominant, le prédateur ultime. Pour preuve, le simple son de la voix d'un Diclophage me fait trembler. Sena semble avoir abandonné tout espoir de survie. Moi de même. Seule Sayrô semble encore vouloir vivre. J'ai absolument aucune idée de comment m'en sortir, Sena non plus... Je t'en prie, Sayrô, dit moi que tu as une idée.


Je ne me pouvais m'empêcher de dévisager la Diclophage. Nos espèces sont différentes, mais nos physiques sont tellement ressemblants. J'aurai pensé que le Virus M-A aurait changé leur physique en fonction du gène assimilé, mais non, j'ai eu tord. Une fois de plus. "Verdad" était une femme, aux cheveux bruns et aux yeux verts, comme le disaient les rapports. Assez grande, environ 185 centimètres, au corps fin, les courbes normales et la poitrine plate. Les yeux en amande, le nez assez long, les lèvres fines. Les cheveux longs, et fins, qui partent un peu dans tout les sens. Une veste verte claire, sans doute pour marquer sa différence de surnom. Une jolie fille, en somme, mais qui va me tuer. Elle doit avoir la vingtaine d'années, ce qui laisse penser que les rapports mentionnés datent de la fin des années 80 ou tout début des années 90. Cependant, "Verdad" a l'air un peu plus vieille que nous trois.


« Et merde! hurla Sayrô.
- Sayrô?! »


Sayrô attrapa nos bras, à moi et à Sena, et nous entraîna à l'intérieur de la cour du lycée. Elle courrait très vite, nous forçant à la suivre de près. Pendant notre "fuite", je tourna la tête: "Verdad" n'avait pas bronché, elle regardait le sol, à l'endroit où était Sena. Elle fixait cette zone, sans bouger, ni cligner des yeux. Bordel, qu'est-ce que c'est flippant. Sayrô s'arrêta devant la porte du bâtiment A qui était enfoncée, après avoir jeté un oeil dans la cour, puis se mis à genoux, à distance constante du feu qui s'échappait du bâtiment. Elle ouvra sa veste noire, et de son revers, en sorti deux couteaux.


« Sayrô, où t'as trouvé ça?! s'écria Sena.
- Chez Sobokuna, t'occupe! Vous allez écouter mon plan, on aura peut être une chance de s'en sortir.
- Ton plan?! lui demandais-je.
- Oui! Sobokuna va prendre un de ces couteaux. Moi je prendrai l'autre, et j'irai dans le bâtiment. Je trouverai "Azul".
- Nous n'avons pas la moindre preuve que "Azul" se trouve dans ce bâtiment, faudrait être folle!
- Dans ce cas, repris Sayrô, considérons que je suis une folle. J'ai regardé partout, seule la porte du bâtiment A est enfoncée. De plus, le rapport mentionnait le fait que "Azul" et "Verdad" résistaient aux chaleurs et aux froids les plus forts, grâce aux gènes d'acariens. "Azul" doit nous tenir en embuscade dans le bâtiment, prête à sauter par la fenêtre du premier étage pour tenter de tuer l'un d'entre nous.
- Et d'où est-ce que tu tiens ces fondements, lui demandais-je.
- Du fait aussi simple que j'ai vue une ombre humanoïde à côté de la fenêtre du premier étage. Hors, à plus d'une heure du matin, plus aucun personnel n'est dans le bâtiment, aussi grand soit-il.
- Pff, c'est du suicide... râlais Sena.
- Vous allez retenir "Verdad" pendant que j'essaierai de tuer "Azul", il ne faut pas qu'elles s'approchent l'une de l'autre, ou nous sommes foutus. Quitte à la tuer, faites-le! »



Au simple mot "tuer", Sayrô tremblait un peu. Nuls doutes qu'elle n'ai pas encore habituée au fait de tuer. Moi non plus, je ne veux plus tuer... Sayrô se leva, suivie de Sena et de moi. Je pris comme prévu dans le plan, un couteau dans la veste de ma petite amie. Cette dernière pris la sienne, et Sena avança un peu, devant moi, pour "tâter" le terrain.


« Écoutes, Sobokuna... me chuchota Sayrô, proche de mon oreille. Si tu dois sacrifier Sena pour survivre, fais-le.
- Pardon? chuchotais-je.
- Même si elle est une amie de longue date, elle ne m'inspire pas confiance. C'est étrange, dès qu'on la revoit, les Diclophages nous attaque. Il se pourrait que ce soit elle, "Violetta". Ou peut être même "Ojo".
- Tu réfléchis trop...
- Sans doute. Quoi qu'il en soit, je te demande qu'une chose. »



Sayrô se mis face à moi, et me serra dans ses bras. Elle me regarda ensuite, et sur la pointe des pieds, vint poser ses deux lèvres sur les miennes. Une nouvelle fois, c'était un baiser assez court, l'urgence l'obligeait... Mais ça me transportait. Sayrô arrivait à calmer cette peur qui me rongeait. Elle retira ses lèvres, et me dit d'une fois douce:


« Survis. »


Survivre? Je ne veux pas mourir. Le plan de Sayrô, même s'il était totalement suicidaire et aléatoire, m'avait redonné le bôme au cœur. J'ai peut être l'espoir que nous pourrions survivre un peu plus longtemps. Moi, Sena, et Sayrô avant tout. J'ai étrangement confiance en Sena, après tout, elle n'aurait pas logé Sayrô aussi longtemps en sachant que cette dernière gardait des secrets à l'échelle gouvernementale, qui menaçait l'espèce humaine. Si Sena avait était une Diclophage, elle aurait sans aucun doute tuée Sayrô avant même qu'on ne se revoient ensemble.


Sayrô parti de son côté, dans le bâtiment, après une grande bouffée d'air frais, évitant les flammes les plus grosses, passant par dessus les flammes les plus petites. Puis rapidement, elle disparue dans la fumée. Sena et moi, nous sommes tous deux partis en direction de l'entrée du lycée, retenir "Verdad". Mais contrairement à tout à l'heure, cette fois-ci elle... N'était plus là. Merde! Nous avions perdue "Verdad" de vue. Elle a sûrement profité pour détaller vers sa jumelle. Si c'est le cas, comme le disait Sayrô, nous sommes... Foutus.


« Sobokuna, me chuchota Sena, "Verdad" est juste... »


Sena n'eut pas le temps de terminer sa phrase, qu'une main blanche et agile attrapa le bras de mon "équipière". Cette même main, qui sortait du buisson, entraîna Sena au sol. Cette main, je savais que c'était "Verdad", mais en la voyant attrapa Sena et l'entraîner au sol aussi rapidement, ça m'avait fait chuter au sol, de peur. La main de Verdad entraîna Sena vers le buisson, alors que cette dernière hurlait, demandant que je l'aide. J'ai attrapé mon couteau, et j'ai sauté sur le bras, que j'ai planté. J'ai pas arrêté de planter, de sortir, de planter, de sortir mon couteau, faisant hurler "Verdad" de douleur. Mais malgré ça, la rage, le stress, la peur... Je ne lâchais pas son bras, je continuais d'enchainer les coups de couteau. Ma victime tira d'un coup sec son bras en arrière alors que mon couteau était planté dans son bras, coupant en longueur le bras de la Diclophage. Elle hurla d'avantage, sortant du buisson en reculant, se tenant le bras. Du sang jaillissait de son bras, elle avait du mal à le bouger. Sena et moi étions culs au sol, tremblants.


Sena me regarda, je fis de même. Je pouvais lire la peur sur son visage, elle avait échappé à la mort. Elle tourna à nouveau la tête, vers "Verdad", avant de pousser des gémissements de terreur. Je poussa mon regard en direction de la femme. Sa plaie, elle se soignait. Toute seule. Un tissu blanc recouvrait doucement la zone de la coupure. "Verdad" ne criait plus, le sang qui coulait se figeait, comme lorsqu'il se solidifie. Puis, il retourna dans les pores de la peau. Comment étais-ce possible? C'est tellement malsain. Sena m'arracha le couteau de la main, et se remit sur ses deux jambes à la quatrième vitesse, avant de tendre les deux bras tremblant, le couteau serré par ses deux petites mains fines et tremblantes.


« Je... Je te préviens, bégaya Sena, si t'avances, je te transperce... On connaît vos points faibles!...
- C'est bien, mais je suis pas sûre qu'avec la peur qui te ronge, tu puisses me "transpercer". Au mieux m'égratiner...ricanna "Verdad".
- TA GUEULE! »


Après avoir crié, Sena coura tête baissée, les bras en l'air, vers "Verdad", qui lui mis un coup de pied dans le ventre, la faisant tomber, lâchant son couteau. Par chance, le couteau tomba vers moi... Mais "Verdad" n'était bien entendue pas d'accord que quelqu'un d'autre le récupère. Je m'empressa de m'abaisser, de l'attraper et de le relever....



Mais je me retrouva nez-à-nez avec la Diclophage. Enfin, elle me regardait de haut, étant donné le fait qu'elle est plus grande que moi.


Elle attrapa mon cou, et me souleva. Cette douleur, c'est... Horrible. L'air passe mal, j'ai du mal à respirer... Je suffoque! C'est pire qu'horrible, c'est juste atroce! Elle va me faire crever... Elle veut que je crève, de toutes manières, il est logique qu'elle accèlére les choses! J'aimerai lui mettre le couteau dans la tête... Mais, mes forces m'abandonnent. J'ai à peine la force de lever mon bras. Peut être que?! Si j'atteignais le coeur, malgré ma douleur...


« Vous nous aurez bien agacés... Mais c'est bon, maintenant, une fois que toi, la gamine qui se joue les héros, et ta petite amie, vous serez morts... Et ensuite, on pourra...
- Say... rô... suffoquais-je.
- C'est le nom de ta petite amie? T'inquiète pas, tu vas la rejoindre, "Azul" la sans doute déjà tuée. »


Alors, ça y'est? C'est ça, revoir sa vie défiler devant les yeux? Plus ça va, plus j'ai du mal à garder les yeux ouverts... Et pourtant, pour ne pas succomber, je me force à tenir le couteau. A serrer les poings, pour m'assurer que j'ai encore des forces.


Sena, elle est debout. Elle, contrairement à moi, elle n'a pas abandonné complètement, cette fois ci... Et "Verdad" ne l'a pas remarquée...


Soudainement, Sena courra et poussa "Verdad", qui me lâcha. Une grande bouffée d'air rentra dans ma bouche et mes nasaux. Quel soulagement, pouvoir à nouveau respirer. En relevant doucement les yeux, j'ai pu constater à quel point l'action de Sena avait été calculée: "Verdad" s'était prise le couteau, bien dans le ventre, sans doute pour ça qu'elle m'a lâché. Sena attrapa "Verdad" par derrière, et l'acrasa au sol, lui tenant les bras pour l'empêcher de retirer le couteau: La plaie ne se régénerera pas si le couteau reste à l'intérieur.


« Sobokuna, s'il te plaît, retire le couteau! me demanda Sena.
- D'accord! »


Sur demande de Sena, je pris le couteau, le retirant de la blessure de "Verdad". Sena me fit tenir les bras de "Verdad", et s'abaissa au devant la tête du Diclophage, et passa le couteau derrière la tête de cette dernière.


« Qu'est-ce que tu fais?! cria "Verdad".
- Je te sectionne la moelle épinière, répondit Sena. Maintenant qu'elle est coupée, tu devrais arrêter de bouger un moment. Ce qu'il me reste à faire pour ne pas que tu te régénéres, c'est de laisser le couteau dans ta nuque, pour que ta moelle épinière ne se régénére pas.
- En vrai... Vous êtes comme tous ces pourris! Vous êtes bien des humains! sanglota "Verdad"
- Elle... Pleure? ... me demandais-je.
- Vous ne pensez qu'à votre propre cul, continua "Verdad", vous n'admettrez pas que c'est votre espèce qui est l'erreur! Nous, tout ce que nous souhaitions... C'était vivre! Seul père approuvait notre existence, les autres personnes ne voyaient en nous que des monstres, au laboratoire! Et c'est en sortant que "Violetta" l'a compris... Toute l'espèce humaine nous trouve repoussantes!
- Vous n'êtes pas repoussantes, c'est ce que vous avez fait qui l'est! cria Sena.
- Pourquoi avons nous fais ces crimes?! Quand nous sommes arrivées en ville, "Violetta" demandait au passants de Tokyo de lui donner de la monnaie pour qu'elle puisse nous acheter à manger... Et tout le monde la repoussait car nous étions sales! Puis vint un jour, où Tokyo était animé toute la journée, mais le soir venu, les rues étaient calmes... "Violetta" avait entendu une passante parler au téléphone, qui disait que c'était Noël, et qu'apparement on fête Noël en famille... Alors on a cherché toute la soirée la maison de Père. Puis au petit matin, on l'a vu, repartir pour travailler, il sortait de sa maison. "Violetta" était folle de joie. Elle a décidé de lui faire une surprise pour le moment où il rentrerait, et nous sommes allées toquer sa porte. Une femme enceinte nous a ouvert, et nous a demandé d'une voix gentille qui nous étions. "Violetta" a répondu vouloir voir "Papa", et la femme nous a demandé qui était "Papa", alors qu'elle devenait pâle. Notre grande soeur, toute contente, lui a montré "Ojo" alors que "Azul" était en train de la tenir, et lui a dit que "Ojo" était la maman, et que "Papa" était sorti tout à l'heure et que nous voulions lui faire une surprise. La femme est devenue rouge, et a donnée une claque à "Violetta", qui s'est mise à pleurer. La femme lui a dit de nous en aller, que nous n'étions que des petites trainées sales et malsaines. Elle a ensuite poussé "Violetta", qui est tombée sur "Ojo", qui s'est aussi mise à pleurer. Des petits garçons sont venus se mettre au seuil, alertés par les cris, et la femme leur a dit d'attendre à l'intérieur que leur papa rentre, qu'elle allait l'appeller. "Violetta" a cru que les enfants voulaient voler son "Papa", et elle a sauté sur la mère, et lui a fait le coup du lapin, ce qui l'a tué. Les enfants ont crié, et elle les a tués. Quand "Violetta" a enfin compris ce qu'elle faisait, elle avait tué toute la famille, de façon atroce. Elle avait écrit plusieurs fois "Papa" avec le sang des enfants sur le mur, pour lui dire qu'on l'aimait. Mais... Mais deux jours après... Père était mort! Je l'ai vu mourir, "Azul" l'a vu mourir, "Violetta" l'a vu mourir. Seule "Ojo" l'a pas vu mourir. Pour protèger "Ojo", nous avons décidé de retrouver son père qui était célibataire, et nous l'avons tué. Puis nous l'avons déposée dans un orphelinat pour qu'elle puisse vivre. "Violetta" a donc volé, et quand "Azul" et moi avons atteint nos 3 ans, "Violetta" nous a appris à voler, nous servant de notre innocence. Mais jamais, jamais un humain nous a proposé l'hospitalité. Depuis, nous avons perdue "Ojo"... Mais nous la cherchons. "Violetta" pense qu'elle est dans cette ville, on lui fait confiance.

- "Verdad", pourquoi... Tu déballes tout ça? demandais-je.
- Je vais mourir pas vrai? Je veux dédier mes dernières paroles aux quatre personnes pour qui j'ai eu confiance dans ma courte vie.
- Tu n'es pas tellement différente d'une humaine, tu sais, réponda Sena.
- Tu m'insultes, en me disant ça... J'ai été une humaine, mais je suis bien loin de vous maintenant. »


Sena me regarda, et me fit me relever, avant de m'adresser la parole, essuyant ses lunettes.


« Sayrô est partie depuis cinq minutes maintenant. Il doit y avoir un problème. Tu devrais aller voir... Désolée, mais je vais garder le couteau.
- Très bien, lui répondis-je. Fais bien gaffe à "Verdad", en attendant.
- Et toi à "Azul", on ne sait pas de quoi elle est capable.»



J'acquiessa, et je parti en courrant, direction le bâtiment A. D'après "l'instinct féminin" de ma chère Sayrô, "Azul" est dans le bâtiment. Je pris une grande bouffée d'air frais dans mes nasaux et ma bouche, couvra mon visage de ma manche et de mon col, et passa dans les flammes, pour trouver ma Sayrô. Si Dieu existe, j'aimerai vraiment qu'il la maintienne en vie le plus longtemps possible... Je ne pourrai pas supporter la perdre.


Après une treintaine de secondes, je retrouva Sayrô, dans un long couloir, assise au sol. Elle respire de façon saccadée. Elle doit avoir besoin de moi, le mieux est de courir vers elle.


« Sayrô, qu'est-ce que tu fais là?!
- Sobo... kuna! ... »


Elle attrapa mon col, et m'embrassa. Je ne m'y attendais tellement pas, que je me suis laissé faire. Elle retira ses lèvres, elle avait l'air "revigorée".


« Qu'est-ce que tu as fait?
- Je t'ai embrassé, bien sûr, répondit-elle, fièrement. Non seulement je manquais d'air, mais aussi TU me manquais... »


Quand Sayrô me disa ça, ces fossettes se mirent à rougir. J'ai craqué sur le coup... Mais le plus important, c'était de la sortir de là.


« Où est "Azul"? demandais-je.
- Au début, en la cherchant, je pouvais me servir des fenêtres ouvertes pour reprendre de l'air... Mais elle s'amuse depuis à condamner toutes les fenêtres. Je sais où elle est, actuellement, et dans la pièce... Derrière moi. Elle est dangereuse, Sobokuna... »


Et voilà, le peur ressurgie. Pas cette peur claustrophobe, du fait que je pourrai m'échapper que de par une porte, alors que les flammes nous entourent... Mais la peur de me retrouver confronté face à la mort qu'un Diclophage pourrait me donner. La peur de voir Sayrô confrontée à une horrible mort.


« Sobokuna, quelque chose cloche... Avec ces flammes.
- Quoi... donc? lui demandais-je, essouflé. »



Sayrô m'embrassa une nouvelle fois, pour me donner un peu d'air, et repris sa discution. Ce qu'elle me dit était en effet très louche: certaines pièces pouvaient brûler comme ne pas brûler. Elle me dit, pour illustrer, que quand elle est passée devant le bureau du proviseur la première fois, celui ci était en feu. Lorsqu'elle est repassée lors du retour, celui-ci n'était pas enflammé. Selon elle, "Azul" s'amuse non seulement à condamner les issues, mais aussi à contrôler le feu. Soit elle l'éteint, soit elle en allume un nouveau. Elle souhaiterait nous mener en bourique? Qu'on retourne dans un endroit qu'elle considère comme sécurisé, et que finalement, ça brûle, nous condamnant à faire marche arrière? C'était bien pensé...


« Sayrô, lança une voix féminine, j'ai fini! ♪ J'ai condamnées les fenêtres, et ton Sobokuna est présent, pas vrai? Vous allez pouvoir mourir en couple, comme c'est mignon! ♥
- Ah, et c'est une folle dingue, aussi... me chuchota Sayrô.
- D'où elle connaît nos noms?
- "Violetta" nous a surveillés depuis ce qui s'est passé chez toi... Ils en savent beaucoup sur nous! »


Une main passa au travers du mur, entre Sayrô et moi. Je sursauta, ma petite amie aussi.


« Dis donc, ricanna "Azul", il est drôlement fin ce mur, un simple coup de poing, et je passe dedans! ♪ La prochaine fois je te raterai pas, Sayrô, je passerai ma main dans ton petit coeur! ♥»



Sayrô attrapa ma main, la serra, et m'emmena en dehors des couloirs. L'administration du lycée. Comme Sayrô l'avait expliqué, le bureau du proviseur était encore sans la moindre flamme, sécurisé.Sayrô m'y fit entrer, tout en passant derrière le bureau, et m'y cacha dessus. Elle fit le tour de la pièce, et se cacha derrière une table.


« Je rêve, ou il n'y a pas d'extincteurs dans le lycée?! chuchotais-je.
- "Azul" les a tous pris, et les utilise pour faire son petit jeu macabre... Elle les a cachés je ne sais où!
- Salope, jurais-je, elle a tous prévu... »


Sayrô mis son doigt devant la bouche, me signalant de garder le silence. "Azul" débarqua en courrant, une hâche à la main. La table de Sayrô, proche de la porte, permettait d'alerter ma petite amie de l'arrivée iminente du Diclophage. Sayrô tendit un fil de fer très rigide, très solide... Et "Azul" trébucha, et lâcha sa hache, qui tomba près de Sayrô. Cette dernière avait tout prévu: la poursuite, la chute, la hache. Sayrô sorti de sous la table, hurlant, attrapa la hache. "Azul" se releva, mais Sayrô fit traverser la lame dans le cou d'"Azul", la tuant sur le coup. La tête du Diclophage roula jusqu'à mes pieds. Les yeux étaient vides de vie, les cheveux qui tombaient sur le visage cachaient le reste, seuls les yeux me dévisagaient. Pris de peur et de malaise, je sorti du bureau, apeuré. Sayrô reprit la hache, utilisant ses dernières forces, pour détruire la fenêtre, condamnée par "Azul". Elle brisa le bois qui recouvrait le vitrage, puis la vitre en elle même. La lumière de la lune passait enfin dans la pièce. La pleine lune, la nuit était si sombre que la lune éclairait le sol. Sayrô reprit une bouffée d'air, posa un pied sur le bord de la fenêtre, et me tendit la main, me proposant de sortir.


En sortant, quelque chose me pris de haut: et si la théorie de Sayrô était valide? Si, Sena était bien "Ojo" ou "Violetta"? C'est vrai. Me faire partir, sans armes, combattre "Azul"... Garder le poignard, ne pas achever "Verdad"... Le fait d'être suivis depuis que Sayrô vient chez moi, qu'elle soit restée assez passive suite aux rapports sur la création des diclophages, qu'elle nous ait fait passer devant le lycée où étaient "Verdad" et "Azul"... Elle est une des Diclophages. Aucun doute.


« Sayrô, il faut se dépecher! crais-je.
- Quoi?
- Sena est des leurs, j'en suis sûr! »


Sayrô acquiessa, et arrivant dans l'allée où j'avais combattue "Verdad"... Celle dernière était morte. Décapitée. Sena l'a tuée? Ou était-ce un autre Diclophage? ... Seules les traces de sang au sol, qui menaient à l'extérieur du lycée nous le dirait.


On a suivies les traces. Et c'est à l'entrée du lycée, qu'on la trouvée... Sena. Morte. Démembrée, avec écrit en gros sur le sol, par son sang:


« Êtes-vous contents? »


Sayrô tenta de se retenir en se tenant la bouche, mais elle vomissa sur le sol. Je fis de même en la voyant, et dégobilla.


[11/02/2015]


Après ce qu'on a vus, Sayrô m'a dit que le mieux était de partir. Quel con. Sena s'est fait tuer, et moi, j'ai fait que la soupçonner. Maintenant, Sena est partie, et jamais je ne pourrai me faire pardonner.


On a pris un hôtel: nos visages concernant le meurtre des hommes de service n'était pas encore diffusé, nous étions donc seuls. Concernant les Diclophages, le gouvernement va tenter de dissimuler encore un peu leur existence, avant de l'éclater au grand jour dans sûrement peu de temps, si des preuves refont surface.


Sayrô et moi eurent plus de mal à communiquer durant ces jours-ci. Nous avons fait lit à part, chambre à part même. Les récents évènements nous avaient refroidis... Nous avions peur. Si seulement, nous pouvions être écartés de cette affaire.


Pourquoi nous?


« Sobokuna?...»


Il était déjà plus de 23 heures. Je regardait la télé dans mon lit... Pour me rassurer. Pour oublier nos problèmes. Sayrô était à la porte de ma chambre, dans son gros pyjama, toute gênée.


« Il y'a un problème? demandais-je?
- Je sais que ça fait gamine... Mais j'ai peur, toute seule... Si "Violetta" ou "Ojo" surgissait pour tenter de nous tuer? Nous ne serions pas côte-à-côte, pour jurer de la sécurité de l'autre... Donc, je... Je peux dormir avec toi? Tu as un lit double, toi... Je vais me faire petite, si tu veux.
- Oui... Oui, bien sûr, que tu peux, lui répondis-je. »



Nous avons passé notre soirée à regarder la télé. Puis vers une heure et demie du matin, nous nous sommes couchés, après avoir éteint la télé. C'est vrai quand repensant à ce qui s'était passé durant cette soirée... Nous avions eu l'air, l'espace de quelques heures, l'air d'un véritable couple. D'un vieux couple marié, qui regarde la télé le soir, avant de dormir. Papa m'avait dit qu'il faisait pareil avec Maman. J'avais l'impression, que, l'espace de quelques heures, plus rien n'était prêt à nous tuer. Je tourna la tête vers Sayrô: Me retrouver face à face, devant ces longs cheveux bruns, ça me prouvait qu'elle était dos à moi.


Pour consoller Sayrô, qui avait l'air d'être encore chamboullée par la mort de sa meilleure amie, je me résolut à la prendre au creux de mes bras. Inverser les rôles, lui donner l'impression que c'était moi qui protégeait.


« Sobokuna... C'est... C'est ma poitrine, ça... bégaya Sayrô. »


Bordel de merde! J'ai touché là où je ne souhaitais pas toucher. J'étais en plus persuadé que c'était le dos de sa main. Je retira vite ma main, j'avais pas fait gaffe à ce à quoi je touchais. Quel con...


« T-Tu sais... marmonna Sayrô, se retournant, si tu veux qu'on le fasse... Je veux dire, je te fais confiance, on se connaît depuis longtemps... Depuis nos cinq ans, maintenant. Donc si tu veux qu'on se "montre notre amour"... je veux bien...
- D-d-d-de quoi tu me parles, t-toi?! lui répondis-je.
- Bah, d'un rapport sex-
- Mais j'ai compris, Sayrô! Ce que je veux dire, c'est que c'était accidentel... »


Sayrô pris mes mains, et les serra du plus fort qu'elle pouvait, de façon tendre. Elle était clairement rouge, la timidité l'avait stressée. J'avais bien compris ce qu'elle disait...


« Je te conviens pas, c'est ça? marmonna-t-elle.
- Dis pas ça, Sayrô, tu es... Tu es jolie, tu le sais toi même...
- ...
- ... Et puis merde... »



Pour une fois, je vais vaincre ma timidité. J'ai posé mes lèvres sur celles de Sayrô... Mais cette fois-ci, aucune contraintes n'allait raccourcir ce baiser. J'entre-ouvrit doucement les yeux pendant le baiser. Sayrô avait versés quelques larmes. C'est fou à quel point la lumière de la lune me permettait de voir le visage rouge de Sayrô. Sayrô était arrivée à ces fins, non? Peut être que c'est ce qu'elle voulait, que je l'embrasse? Que j'aille plus loin? Le baiser continua doucement, puis timidement, j'en vint à poser une main sur sa poitrine. Elle lâcha un petit gémissement. Elle stressait, c'était son premier rapport, notre premier rapport sexuel. Bon dieu, mon coeur bat à une allure des plus folles. Sayrô se laisse totalement faire, elle avait décidé de me laisser aller plus loin, semblerait-il.


Doucement, j'en vint aussi à retirer la chemise de nuit qui caractérisait son pyjama rouge. Elle était nue, au dessous... Sayrô cacha sa poitrine, avant de me dire d'arrêter de "dévisager". Je suis un homme, après tout... Je peux pas m'empêcher de regarder ce genre de choses. La poitrine de Sayrô était normale, elle n'était pas grosse, pas plate, juste "normale". Comme sa taille. Enfin, du moins, ce que j'ai pu en voir. Je me résout à baisser son bas, mais ses sous-vêtements suivèrent eux aussi. Sayrô poussa un petit cri, me forçant à tourner mon regard vers elle, son visage... Elle versait d'autres larmes de stress, elle serrait les dents, fermait les yeux. Quel idiot... J'avais même pas tenté de la réconforter. C'est son premier rapport sexuel, et je me contente de la déshabiller, sans la calmer. Je me remis à son niveau, et l'embrassa.


Sayrô sursautta, et entoura ma nuque de ses deux bras. Ses mains étaient froide, mais son torse chaud, ses lèvres aussi. Elle avait froid aux mains, et en plus de ça, le fait que je puisse la voir nue la gênait. Je nous passa d'une couverture, la réchauffant et cachant son corps. A la fin de notre baiser, Sayrô reprit son souffle, et me dit toujours aussi rouge:


« Vas-y... »


Je m'étais déshabillé, j'en profita pour l'embrasser sur le front, pour ne pas qu'elle ait peur. Nos corps se collèrent ensemble, et doucement, nous ne fîmes plus qu'un. Sayrô poussa un petit gémissement de douleur, et se blotissa au creux de mes bras.



Finalement, Sayrô et moi avons passé la nuit à dormir, après avoir eu notre rapport, dans les bras de l'autre. On pouvait enfin se reposer, sans peur. On était soulagés. On en oubliait presque nos problèmes actuels.


On devait se reposer, en vue des évènements qui allaient arriver dans quelques heures, quelques jours, ou même n'importe quand. Nous n'étions à l'abri de rien, et pourtant, on pouvait enfin soulager nos pensées.


Après notre rapport, Sayrô s'endormi en première, dans mes bras, suivie de moi. Nous étions épuissé, à presque deux heures du matin, il fallait que nous dormions.


Mais au final, qui est "Violetta"? Où se trouve-t-elle, et quand attaquera-t-elle? Son message, écrit par le sang de Sena... Il m'effraye. Que voulait-elle dire? Elle devrait être en furie.


Je la comprends, je ne veux pas perdre les êtres qui me sont chers.  

Urasagi - Diclophage's WingsWhere stories live. Discover now