Urasagi - Diclophage's Wings [04] "Violetta"

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« Pourquoi faut-il qu'elle parte avant moi? »

[15/02/2015]

Une semaine. Déjà, ça faisait déjà une semaine que Sena nous avait quittés. Sayrô parvenait doucement à arrêter de pleurer. Et pourtant, nous n'étions pas remis. Nous avions peur, peur de retomber sur un Diclophage. On nous tuerait pour des raisons qui nous sont obscures... C'est glauque.


Maintenant que ça fait une semaine que nous logeons dans cet hôtel, Sayrô m'a proposé d'en partir. Pour ne pas avoir à trop payer non plus, et surtout tenter de quitter la région. Pour "fêter" notre départ, on a décidé de retourner dans ce fameux café, dans lequel on est allés, avant que tout ce foutoir ne commence.

C'est ce matin que nous y sommes. Il doit bien être dix heures et demi du matin... Le temps est assez sombre, il pleut. Pas super, mais c'est pas le problème. Sayrô a à nouveau commandé son fameux café: le mocaccino, et moi, un foutu café vanille. C'est qu'on fait pas dans le changement.

« Putain, râla Sayrô, je suis crevée...
- La semaine a été longue, aussi...
- M'ouais...
- On part quand? demandais-je.
- Directement après qu'on a fini de boire le café, voyons. »

La pauvre, je le voyais bien, ça allait pas fort. Elle est fatiguée, et malgré tout, elle ne s'est pas encore remise entièrement de la mort de Sena, et moi non plus. De plus, nous vivons constamment dans la peur d'être retrouvés, ou attaqués. Quelle merde, putain.

Sayrô soupira, et s'écrasa la tête sur la table.

« J'ai mal au crâne...
- Ce serait bien le moment de tomber malade, Sayrô... lui dis-je.
- Je sais, mais ça m'empêchera pas de partir, tu sais.
- De toute manière, on doit partir, au plus vite.
- Ouais, payons l'addition, et sauvons-nous! me dit-elle. »

Sayrô avait enfin sourie, quel soulagement. Maintenant, ça devait bien faire un bon moment qu'elle ne m'avait pas lâché de sourire. Je me sens soulagé rien que de la voir sourire. Elle appela la serveuse, et demanda l'addition, celle-ci nous l'apporta. La même serveuse que l'autre fois, une rousse, aux yeux noisettes, sûrement d'une quarantaine d'année. Assez ronde, aussi, et petite, bien 150 centimètres, je pense. Les cheveux courts à la garçonne, c'est effectivement pas une dame très jolie. Sayrô insista pour payer, et une fois de plus, elle gagna, et elle paya.

Nous sortîmes du café: le temps était toujours aussi pourri. La pluie commençait à tomber, histoire de couronner le tout. Il fallait se rendre à l'hôtel, prendre nos quelques affaires, et partir, sortir de la ville. Notre hôtel donnait sur la campagne, et plus précisément sur une vallée. Je connaissais bien cette vallée, avec mon père, nous allions beaucoup y sortir notre chien. Y'avait une grande côte, où le chien aimait courir. Mon père voulait pas que j'y cour, car si je tombais, je pouvais bien me casser un membre, ou même m'en arracher un avec une pierre coupante, c'est qu'il y'en a beaucoup. Le chien était habille, lui.

Enfin, c'est le passé. Arrivés à l'hôtel, Sayrô passa devant, me regardant avec un sourire narquois. Quitter cet hôtel devait l'amuser, comme si on quittait une maison qu'on aurait habitée et payée. Elle ouvra la porte, toujours en me regardant monter les marches. Arrivé en haut, Sayrô tourna la tête et vit la même chose que moi. L'incident de la semaine dernière se renouvelle?

Des tas de cadavres. Du sang sur le sol, les murs, les meubles. Des membres arrachés. Sayrô hurla, tandis que mon estomac se noua. Cette vision était horrible... À nouveau, avec le sang, était écrit sur les murs, encore et encore:

« Êtes-vous contents? »

Sayrô ferma la porte, à mon nez. On se retrouva tous deux à l'extérieur. Elle tomba cul au sol, et sur son doux visage, se dessina une grimace. Elle joignit ses deux genoux vers son visage, mit sa tête contre ces derniers, et pleura. La pluie qui tombait trempait les vêtements rouges et noirs de Sayrô. Je me mis à genoux, et la pris dans mes bras, pour la consoler.

« P-Pourquoi? sanglotait-elle. Pourquoi ça n'arrive qu'à nous?
- On arrivera à mettre fin à tous ça, je te le promet... lui murmurais-je.
- "Violetta" est là, quelque part... continuait Sayrô, et nous, on est ses jouets... »

Sayrô a raison. D'une manière ou d'une autre, on peut rien faire. Je sais pas quoi lui répondre. Cette nana est partout, et elle est à la fois nulle part. On ignore tout d'elle, sauf le fait que c'est une dangereuse sanguinaire. Ce monstre veut nous faire la peau, et on ne peut rien y faire, tant qu'on ne sait pas où elle se trouve. En plus de ça, il y'a toujours "Ojo". Elle aussi, qui nous dit que "Violetta" n'est pas avec elle?

« Sobokuna... murmura Sayrô.
- Quoi?
- Vite, il faut fuir... haleta-t-elle. Je sens, elle est pas loin...! »

Elle attrapa mon bras, se leva et m'entraîna derrière elle. Je ne pouvais me contenter que de la suivre. Pendant notre fuite, elle regarda autour d'elle. Elle semblait vraiment mal à l'aise. Elle haletait très vite, alors qu'on courrait lentement. Que lui arrive-t-elle? Elle n'avait pas autant de problèmes lorsque nous cherchions "Azul", ou Sena la semaine dernière. J'ai un mauvais pré-sentiment.

Assez vite, nous arrivâmes dans une grande ruelle. Sayrô tremblait, et elle tomba à genoux. Je me rapprocha d'elle, lui demandant ce qu'elle avait pour être dans cet état. Elle me regarda, de son regard le plus apitoyant possible, et me dit à tue-tête « Rien, Rien », terrifiée. Elle se remit à pleurer. Je suis perdu. Que faire? Comment contrôler Sayrô?

« Vous semblez perdus, mes chers ♪ »

Putain. Une voix féminine, l'histoire recommence. Mon cœur bat à toute vitesse. On est en train de revivre ce moment, où une Diclophage est dos à nous.

« Êtes-vous... Contents? ♥ répétait encore et encore cette même voix.
- "V-V-Violetta... Hein? bégayais-je, terrifié.
- Hé hé. Vous me connaissez si bien, après ces derniers jours mes petits, dit elle.
- Tu vas nous tuer? sanglota Sayrô.
- Bien sûr... ricana "Violetta". Mais vous tuer ici et maintenant, ce serait trop simple. Vous comprenez, je suis une vraie sado, j'aime faire souffrir mes victimes. Votre copine, l'a compris, l'autre fois... Elle hurlait encore, et encore "À l'aide! À l'aide!", alors que je la démembrait. Mais vous, trop occupés avec "Azul", vous l'avez ignorée. Je suis peut être sado, mais pas maso. Je n'aime pas qu'on me touche, ou ce à quoi je tient. Je vais vous tuer, vous comprenez? Vous étriper.
- Ferme ta putain de sale gueule! criais-je en me retournant. Pourquoi? Pourquoi vous ne nous laissez pas vivre? On veut juste être heureux. Et à cause de vous, Sayrô s'est fait poursuivre. À cause de vous, j'ai été embarqué dans vos conneries... À cause de vous, on a du tuer pour survivre! Et surtout, à cause de vous, notre amie est morte! »

"Violetta" s'approcha de moi, et posa son doigt sur une de mes joues. Je pouvais distinguer son visage. Une mèche rebelle couvrait un de ces deux yeux, les cheveux noirs et cours. Les yeux de couleurs brune, et vêtue d'un pull violet. Comme dans le journal. Elle se tenait devant moi, souriait à pleines dents, d'un air narquois insupportable. Elle me regardait, ricanait. Elle était à peu près à ma taille, et assez fine.

« Tu n'es même pas crédible, avec ces larmes sur ton beau visage. ♥»

Elle a raison, je ne l'avais même pas remarqué, mais je pleurait. J'ai laissé mes émotions prendre le dessus. Sayrô se releva, et hurla, avant de repousser la main qui s'était posée sur mon visage.

« Ne t'avises pas de poser tes pattes sur mon copain, sale pute! cria Sayrô.
- T'oses m'insulter, toi? ricana "Violetta". »

Sayrô la poussa, et m'emmena à nouveau en courant. C'est drôle, à force, j'ai l'impression d'être une peluche qu'on emmène ici et là. Pendant notre fuite, on repassa devant l'hôtel où nous avions logés cette semaine. Ma petite amie s'efforça de ne pas porter attention au bâtiment, et continua tout droit. Vers la campagne. On arriva vite au centre d'un champ.

« Je refuse de mourir, Sobokuna. Et plus encore, je veux pas que tu meure. On a pas le choix, on va devoir tenter de la tuer...
- Elle est déjà là?
- Ouais... Elle nous a suivis, sans trop de problèmes, soupira Sayrô.
- J'en ai marre... Elle est pire que les deux autres, soupirais-je, à mon tour.
- J'ai gardé les poignards... J'ai bien fait, cette fois, lança Sayrô, ironiquement. »

C'est le tout pour le tout. J'ai peur de cette fille, Sayrô aussi en a peur. Je tourna la tête, pour balayer les alentours de mon regard: "Violetta était derrière nous, loin. Elle approchait, doucement, avec un sourire de démon. En tournant à nouveau la tête, je vit cette même pente où je jouait avec mon père et mon chien. Si j'avais su que cet endroit serait la scène d'un combat horrible avec l'aide de ma petite amie.

« Tu l'as vue aussi, cette pente? murmura Sayrô, sur ces gardes.
- Ouais...
- J'ai un plan. Va distraire cette pute, mais survis par pitié.
- Ahah... riais-je, j'ai jamais dit que je souhaitais mourir. Mais je sens que ton plan sera aussi tordu que l'autre fois.
- En quelques sortes... »

"Violetta" se mis au loin à courir. Je pris peur, et m'efforça de courir aussi, en sa direction, armé d'un poignard. La Diclophage courrait drôlement vite, putain. Je me demande de quel gêne ça vient, ça. Je tenta de donner un coup de poignard dans le ventre de "Violetta", mais cette dernière attrapa ma tête par les cheveux, ainsi que mon bras lancé dans son élan.

Mais j'ai pris l'habitude de ce genre de coups... De mon autre poche je sorti un poignard, et avec mon autre bras, je trancha une des mains de cette femme d'un coup sec. Elle me lâcha aussitôt, avant de se mettre à crier. J'hurla à mon tour à Sayrô, et celle-ci se lança dans sa course, avant d'arriver devant nous et de cogner dans le ventre à "Violetta", et la fit chuter le long de la pente. Mais je ne pris pas attention, et me tourna vers ma dulcinée.

Sayrô haleta rapidement, à nouveau, avant de vomir.

« Qu'est-ce qui t'arrive?! demandais-je, choqué.
- ...
- Sayrô, répond!
- Je... Je devrais te le dire maintenant... Tu vas être papa, mon amour...
- ... H-Hein? C'est...
- C'est la vérité... haleta Sayrô. J'ai fais le test ce matin, avant que tu ne te lèves... Je suis enceinte, et ça ne peut qu'être de toi... »

Comme si c'était le moment de me dire ça. J'en perdait mes mots, notre seule relation sexuelle avait poussé la fécondation. Du premier coup, c'est censé être un miracle... Mais dans notre cas... C'est un désastre. Le moment tombe vraiment mal.

Alors que j'étais dans mes pensées, quelque chose me poussa au sol avec force. "Violetta" s'était rattrapée à quelque chose durant sa chute? Sûrement une pierre. Elle rigola. Elle avait écouté toute la conversation.

« Voyons, ricana "Violetta", vous ne vivrez pas au delà de 9 mois pour voir la naissance du mouflet! C'est comique!
- Vous êtes dégueulasses... murmura Sayrô.
- Encore plus que tu le crois ♥ Car même si vous arriviez à me tuer, il y'a encore "Ojo", elle est dans cette ville, je le sais. Comme le virus a été transféré sur elle toute jeune, elle n'a pas encore toutes les aptitudes du Diclophage... Mais comme nous l'avons constaté avec "Azul", quand elle était petite, lorsqu'une Diclophage grandit, son instinct prends le dessus, et elle se voit condamnée à faire face à ces gênes d'animaux! Qui plus est, en plus de "Ojo"... Il y'en a d'autre!
- P-Pardon?! criais-je.
- Savez vous qu'un fœtus de Diclophage grandit plus vite? Il faut exactement une semaine pour que le bébé naisse, avec toutes les caractéristiques d'un bébé humain. "Azul", "Verdad" et moi avons accouché toutes les quatre. Cependant, Sur nos trois bébés, seulement deux ont hérité du virus. Le bébé de "Verdad" n'a rien eu, il est devenue une vulgaire humaine. "Verdad" l'a donc tuée pour lui éviter l'enfer humain. Mais mon enfant et celui de "Azul" avaient tous deux le virus en eux. Ils sont nées Diclophages. Et encore une fois, que des filles. Nos enfants ont étés comme "Ojo", placés en orphelinat... Ils grandiront, et avec les notes que nous leur avons laissés, il seront quoi faire. Quoi que vous ferrez, vous perdrez. ♪
- C'est la fin?... sanglota Sayrô.
- Et le plus délicieux! cria "Violetta". »

Je n'ai pas eu le temps d'agir. Une main était passée entre Sayrô et moi. Cette même main avait poussé ma petite amie. J'eu à peine le temps de me relever, et de tenter de rattraper Sayrô. Mais en vain... Elle chutait, hurlant. C'était insoutenable. Pourquoi elle?

Arrivée en bas, sa jambe droite était cassée. Son bras gauche était arraché. "Violetta" ria, tandis que je pleurais. Sayrô ne bougeait plus, ne criais pas. Je détourna le regard.

Pourquoi?
Pourquoi?
Pourquoi?
Pourquoi, putain?! Pourquoi faut-il qu'elle parte avant moi? Après tout ça? Notre enfant l'avait trop affaiblie pour qu'elle réagisse correctement. Je ne pouvais pas regarder en bas. Je vais devoir lutter seul contre "Ojo" et "Violetta", plus les petits nouveaux qui arriveront dans plusieurs années? Nan, le pire... C'est que je serai sans Sayrô, désormais. Elle est morte... Par ma faute. Par la faute de cette pute de Diclophage.

Sayrô... Pardonne moi.

« Tellement pitoyable, rigola "Violetta".
- Sayrô... Sayrô... Sayrô... Sayrô... Pourquoi? Pourquoi?! hurlais-je. »

"Violetta" agrippa à nouveau mes cheveux. Et me mis dos à cette pente qui avait tuée Sayrô. Je tenais un des poignards dans ma main droite, en tremblant de peur.

« Tu veux la rejoindre? Tu vas lui manquer... me demanda "Violetta".
- Tu... Tu as tuée la seule fille que j'ai aimée... Qui m'a aimé... Pourquoi? Pourquoi? Qu'est-ce que ça t'apporte?!
- Vous en saviez trop... Si vous préveniez le gouvernement, il aurait tout mis en oeuvre pour nous tuer. Avec les documents, c'était fini. On les a brûlés. Et on a tué ensuite les seuls témoins qui aient lus ces documents. Ainsi, on peut continuer à perpétuer l'espèce en discrétion, à l'abri du danger. Puis petit à petit, l'humanité sera entourée de "NOUS".
- Juste pour ça?!
- Tu me saoules. Comme je disais, rejoins-la, en bas, après une chute mortelle. Pas vrai, "Ojo"? »

"Ojo"?! Partout où je regardait, il n'y avait que nous. Sauf... En bas.

Je ne veux pas y croire.

C'est trop gros.

Sayrô, tu es née le premier Décembre. Comme "Ojo".
Sayrô, tu portais beaucoup une veste rouge, petite.
Sayrô, ton père est mort?
Sayrô, tu as été adoptée?
Sayrô, tu n'as pas de souvenir de tes vrais parents?
Sayrô, tu sais où se trouve "Violetta"?
Sayrô... Tu m'aime?

Sa jambe allait mieux. Son bras se régénérait sous mes yeux, choqués. Sayrô aussi était choquée. Elle ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Seulement me regarder.

Je ne veux pas y croire.

C'est trop gros.

Sayrô, tu ES "Ojo"?  

Urasagi - Diclophage's WingsWhere stories live. Discover now