Elhadj 2

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-J'imagine ta douleur Assia! Mais ces dames là elles sont folles. Moi je ne comprendrais jamais notre logique à nous les femmes. Ton mari ou ton mec te trompe, et au lieu de le chauffer à la maison, c'est la fille des gens que tu déranges. Et si la pauvre ne sait pas que le gars est marié? Ohlala! Cela était malheureusement ton cas! Pauvre de toi chérie! Comment as-tu affronté les collègues le lendemain?

-Hum je ne me suis pas pointé au boulot pendant une semaine! Issa qui est médecin a accepté de me faire un arrêt maladie d'une semaine, parce que je lui ai dit que j'avais l'impression d'avoir le paludisme.
Il n'a pas hésité une seconde, même si il a tout fait pour que je vienne à son cabinet me faire traiter. Je lui ai donné comme excuse que ça passerait avec de l'auto médication. En effet, pendant toute la semaine, je trouvais que tout était amer, même si la nivaquine n'y était pour rien! Cette scène d'humiliation, je la revoyais en boucle pendant mon sommeil ou lorsque mon esprit vagabondais, et pour couronner le tout, ce moment de tristesse et de colère réveilla en moi tout le chagrin que j'avais enfoui suite au décès de ma maman. Je passais tout mon temps à la maison, enfermée, comme si ma tête avait été mise à prix.

-Eh oui! Je comprends ta réaction! Les histoires et les rumeurs courent tellement vite dans cette ville ! C'est normal, parce que presque tout le monde se connait. J'espère que ce n'est pas arrivé aux oreilles de ton chéri? 

-Hélas tu sais bien que si j'ai tout abandonné pour me ramener ici comme une voleuse, c'est que les choses ont mal tournées ! Pendant ma semaine de repos, j'ai essayée de voir Issa le plus souvent possible, car il savait si bien s'y prendre pour me rendre joyeuse. Le dimanche soir de la même semaine, en rentrant d'une balade avec lui, j'ai trouvé Papa assis au salon. Il avait l'air préoccupé et m'a demandé de m'asseoir pour qu'on discute. C'est là qu'il m'a annoncé ses craintes à propos de ma réputation et des rumeurs qui courraient sur moi. Comme tu l'a si bien dit,  à Zinder tout le monde se connait. Papa à finalement entendu parler de la scène que j'ai vécue devant mon lieu de travail. Il m'a passé un de ces savons. Il m'a dit qu'il n'avait pas envie que je finisse sans mari, que les gens parlent en mal de lui et qu'ils pensent que depuis le décès de ma mère, qu'il ne pouvait plus nous éduquer convenablement. Il m'a fait tout un speech sur l'importance que sa nouvelle femme sois bien perçue par ses proches. Qu'il fallait que tout le monde comprenne combien elle nous aime et qu'elle nous éduque comme si nous étions ses enfants. J'ai failli rigoler. Du temps que tu as eue à passer avec moi, nous savons toutes deux que ce n'est point le cas. Elle et moi nous nous ignorons depuis bien longtemps. J'attendais qu'il finisse de parler, que je puisse m'en aller. Mais j'étais sans voix lorsqu'il a fini son discours en ces termes: 

-J'ai donc décidé de donner ta main à Elhadj afin que tu deviennes légitimement sa femme. Je n'ai pas aimé le comportement de sa première épouse, et puisqu'elle a osé s'en prendre à toi ainsi parce que tu n'est officiellement pas mariée à Elhadj, eh bien maintenant que tu le seras, nous verrons ce qu'elle y fera Je n'ai pas envie que les gens continuent à te qualifier de maîtresse d'homme marié. Mon amour propre de père est touché. Un musulman à droit à quatre femmes, et tu es dans ton droit de fréquenter Elhadj.

Mon sang ne fit qu'un tour, et une fois sortie de ma torpeur, je lui ai répondu :

-Mais papa, je t'ai dit que je ne voulais pas de lui comme mari. C'est lui qui a toujours insisté, il m'a harcelé et c'est à moi de payer pour ses actes ? Non je ne suis pas d'accord.

Énervé par mon affront, il cria de plus belle:

-Ne me contredis pas Assia, tu as commencé ce jeu en t'affichant dans sa voiture,  et en le fréquentant. Tu sais pourtant que rien ne se cache dans cette ville. Qui sème le vent récolte la tempête. Assumes les conséquences de tes actes. Tu n'es plus une gamine, et je ne t'ai pas éduqué comme ça!

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