Dehors, les flocons tombent en virvoltant, semblant mener une danse infinie dans le ciel grisâtre. Les illuminations de Noël sur le balcon des voisins ne sont désormais plus que des taches de couleur indistinctes.
Je suis assis sur mon canapé et je regarde la télévision.
Tu es assis à mes côtés, souriant.
Je te regarde en biais et je me demande si tu te doutes de la nature de mes sentiments.
Je ne pense pas, car tu ne serais pas là sinon.
Il est 11 heures du soir. Le temps passe. Lentement.
Tu bailles une fois. Deux fois. Tes yeux se ferment, et je te vois sombrer dans le néant.
Il est minuit et j'attends. J'attends le lever du soleil et la caresse de ses doux rayons.
Je sens ta tête appuyée innocemment contre mon épaule. Je sens ton souffle chaud et régulier contre ma nuque. Je sens tes mèches de cheveux me chatouiller le visage à chacun de tes mouvements, aussi imperceptibles qu'ils soient. Mon coeur se serre. Je détourne la tête. Dehors, les étoiles de glaces n'ont pas cessé de tomber.
Il est une heure du matin, et mes larmes commencent à couler.
Pourquoi ? Pourquoi suis-je à ce point si différent ?
Comment ? Comment aimer quelqu'un peut-être considéré de malsain ? D'étrange ?
Il est deux heures du matin et j'attends. J'attends désespérément un magicien.
Pourquoi ne puis-je t'enlacer, alors que je le veux tant ?
Pourquoi, si je me permettais de te prendre la main, nous montreraient-ils du doigts alors qu'ils sont comme toi et moi ?
Qui ?
Qui sont-ils pour juger ? Ils osent dire que ce n'est pas de l'amour ? Eux qui jouent les infidèles, eux qui trompent, eux jouent ?
Je vis sous le même ciel pourtant.
Il est quatre heure du matin et j'attends. J'attends que les mentalités changent. Je n'ai pas fermé les yeux une seule fois. J'étouffe mes sanglots pour ne pas te réveiller. Qu'est-ce que tu me dirais si tu me voyais comme ça...?
Comme une réponse à ma question muette, tu trembles légèrement. Je t'enveloppe d'une couverture et te regarde dormir paisiblement. Ton visage reflétant l'innocence pure. Ce visage... Ce visage qui semble n'avoir jamais connu la douleur, ce visage qui affiche toujours un sourire angélique, naif, qui le rend bienveillant... Combien de fois ce visage rassurant m'avait-il sauvé ?
Je me demande... Je me demande si l'expression de ce visage changerait si tu savais la vérité... Est-ce que tes yeux me regarderaient avec aversion, comme les autres ? Est-ce que ton sourire tendre se changerait en rictus de dégoût ?
Et ton comportement envers moi... Changerait-il aussi ? Est-ce que tes tapes amicales sur mon épaule se transformeront en coups violents, comme autrefois avec ces autres qui m'ont fait souffrir ? Est-ce que tes blagues se métamorphoseraient en moqueries incessantes ? Celles qui traversent l'âme et la détruisent à petit feu, sans qu'on ne puisse rien y faire...
Je ne veux pas te perdre....
Il est 5 heures du matin et j'attends. J'attends un monde meilleur dans lequel chaque individu pourrait s'épanouir, un monde de paix et de bonheur. Un monde qui accepterait les différences et feraient de celles-ci sa force.
J'attends.
J'attends.
En vain.
L'aube s'est levée,
Et si la neige a fini de tomber,
Mes larmes, elles, n'ont pas cessé de couler.