La remontée

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À aucun moment Chloé ne perdit connaissance, mais elle ne put jamais se rappeler précisément ce qui s'était passé. L'instant d'avant elle était en colère, assise au fond du bus, avec de la peur en plus. Maintenant elle était allongée sur ce qui était auparavant le toit de l'habitacle. La plupart des vitres étaient brisée et elle entendait gémir dans tout le bus, mais personne ne parlait.

- Chloé ! Chloé ! Elle se retourna et vit Dou qui la regardait de son regard bleu électrique depuis l'arrière du bus. Tu dois sortir de la tout de suite, sent.

Et elle senti. Un odeur acre et désagréable. De la fumée, il y avait du feu. Elle se glissa à l'extérieur en se traînant au travers d'une vitre brisée. Elle avait mal à son épaule mais pas suffisamment pour la ralentir beaucoup.

Elle grimpa comme elle pu la pente de terre caillouteuse jusqu'à la route. Par chance, une voiture arrivait à cette instant dans le virage. Elle se jeta littéralement devant, obligeant le conducteur à s'arrêter. La voiture freina et glissa sur le sol dans un crissement de pneus paniqués en se rapprochant très vite de Chloé. Heureusement elle finit par s'arrêter à quelques centimètres de la petite fille. Un homme furieux sortit du véhicule. Un homme furieusement inquiet.

- Qu'est-ce qui t'a prit ?! Lui demanda-t-il en la prenant délicatement par les bras.

Puis elle vit dans le regard de l'homme passer un éclair de compréhension. Les habits sales de Chloé, une large trace de pneu dans l'herbe en bordure en direction du talus, des cris faibles et une fumée légère et noire s'élevant dans l'air.

- Reste ici, lui intima-t-il. Il se leva et courru vers le bord. Immédiatement il prit son téléphone portable et composa le numéro des secours. Puis il partit aider comme il pouvait le bus en contre bas.

Chloé se sentait lasse de son côté. Si fatiguée tout à coup qu'elle ne se sentit pas le courage de se relever. Elle resta assise. Dou vint alors se poser à côté d'elle.

- Bravo, lui dit-il.

Elle ne comprit pas tout de suite de quoi il parlait. Lui parlait-il d'avoir pu arrêter la voiture. Il n'y avait là que quelque chose de normal. Tout le monde aurait fait pareil non ?

- Sans doute, lui répondit Dou, quoique l'avenir te montrera que tout le monde n'a pas le même courage en la matière. Non le pourquoi de mes félicitations est autre part. Tu ne comprends pas ?

Mais Chloé resta incertaine.

- Tu l'a vaincu petite fille... Tu ne t'es pas endormie.

- Mais attend, ce n'est pas vrai, c'est grace à la potion du druide, lui répondit Chloé dans un souffle.

- Ah ah ah, rit Dou, tu veux dire que c'est grace au sirop de menthe ? Le taquina Dou.

Cela frappa Chloé avec une telle évidence qu'elle manqua de réelement tomber à la renverse. C'était vrai, ce petit goût sucré. Ce parfum si commun... Elle ne s'était pas endormie lorsqu'elle avait été en colère. Elle ne s'était pas endormie et quelque chose au fond d'elle lui disait qu'elle ne s'endormirait plus jamais parce qu'elle était contrarié. Un immense sourire se dessina sur son visage.

Elle commença à rire et ne put se retenir d'éclater d'un grand rire enfantin. L'homme qui remontait la pente en portant un enfant inconscient la déviseaga et jugea que la pauvre petite en avait trop vu aujourd'hui. Il repartit de plus belle extraire d'autres enfants du bus.

Dou se tourna vers elle et elle vit quelque chose qu'elle ne voulait pas voir dans ses yeux.

- Adieu petite fille.

- Quoi !? Non, tu ne vas pas partir !

- Et pourtant il le faut bien, répondit tristement l'oiseau, maintenant que tu n'as plus besoin de moi.

- Mais si, j'ai besoin de toi, c'est toi qui m'a montré comment faire ! Répondit Chloé sentant les larmes monter.

- Maintenant, tu n'as plus besoin de moi. Je t'ai montré ce que j'avais à te montrer.

- Mais... Tu es mon ami...

- Et je le serai toujours. Adieu... Mon amie.

Chloé, la petite énervée narcoleptiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant