Une tâche de vernis

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Le beau métis regardait sa petite amie, impuissant, il était là,assis sur son siège, l'airbag sorti compressant son torse,l'empêchant de bien respirer. Il la voyait, si belle, les yeux clos, du sang commençant à couler le long de sa tempe. Il tourna le regard vers le sol, une tâche de verni rose se formait alors que le pot se vidait. Il avait horreur du verni et l'odeur lui donnait un mal de crâne immense et à partir de ce jour-là, cette simple tâche de verni deviendrait le souvenir d'une journée qui aurait mal tournée...


La musique à un volume paisible, installé confortablement, le jeune homme fixait la route qui défilait à vive allure devant ses yeux endormis. Sur le siège d'à côté, Elisabeth, sa petite amie,dormait tranquillement. Une main sous ses cheveux bruns et l'autre sur son ventre. Un long trajet les attendait. C'était une première pour eux. Les premières vacances ensemble. Une expérience qui s'annonçait belle avant même qu'ils y aient goûtée.


Le jeune homme avait des yeux marron assortis à sa peau hâlée. Cette dernière mise en valeur par la couleur ébène de ses cheveux. Ils'appelait Zayn. Zayn Malik et faisait partie d'un groupe de musique mondialement connu. Exceptionnellement, il avait demandé des vacances pour se retrouver avec Elisabeth, sa copine depuis maintenant cinq ans. Il prévoyait de lui demander sa main, un soir,sous le soleil couchant. Tout allait être parfait.


Elisabeth avait des cheveux bruns beaucoup plus clairs que ceux de son petit ami mais tout de même foncés, elle les avait aux épaules mais pour l'occasion avait fait poser des extensions. Lorsqu'elle n'était pas endormie, on pouvait distinguer deux belles prunelles bleues intenses qui apprivoisaient n'importe qui, même le plus froid des personnages. Elle était de taille moyenne et avait une peau légèrement hâlée qui faisait ressortir ses yeux.


Doucement,elle ouvrit les yeux, bailla et tourna son regard vers l'homme qui conduisait à ses côtés. Elle le couvait d'un regard amoureux.Cinq ans que cela durait et jamais elle n'avait été aussi heureuse.


«- J'ai prévu plein de super choses, tu verras, tu vas adorer, lui sourit Zayn.

-Je n'en doute pas et puis, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer.

-Je t'écoute ?

-Tu verras quand on sera arrivé, nous avons tout le temps d'en parler. »


Il acquiesça gentiment et reporta son attention sur la route. Elisabeth sortie son verni rose fuchsia de son sac et posa ses pieds aux ongles limés sur la voiture. A peine le pinceau fut-il dehors, que Zayn réprimait déjà une grimace.


«- Je déteste cette odeur ! Et puis fait attention Elie, tu vas en mettre partout sur ma voiture !

-Mais non, je maîtrise Zayn, je t'assure. » Rigola-t-elle.


Il avait tourné la tête seulement une minute. Qu'est-ce qu'une minute ? Rien. Absolument rien. Mais c'était suffisant. Lorsque son visage reprit la direction de la route, il lâcha un cri de terreur et tourna le volant rapidement sur le côté. Tout se passait trop vite. Il vit le camion qui se dirigeait vers lui quelques minutes avant passer à ses côtés mais il n'eut pas le temps d'éviter le platane dans lequel, lui, se dirigeait.

Cette fois-ci, ce fut Elisabeth qui ouvrit grand la bouche pour crier de toutes ses forces à Zayn de tourner, mais c'était déjà trop tard. Un accident de voiture parmi tant d'autre et qui comme toujours aurait des dégâts, matériels et physiologique.


Zayn pivota son regard vers sa petite amie qui perdait beaucoup de sang au niveau de l'arcade et du front. Il fut pris de panique et essaya tant bien que mal de défaire sa ceinture qui était bloquée. Il hurlait, il criait le nom de la femme qu'il aimait mais elle ne bougeait pas. Son corps était comme posé dans la voiture, sans vie,sans force. Il se débattait pour ne serait-ce que pouvoir la toucher mais c'était en vain, chaque tentative se réduisait en échec qui lui brisait le cœur et qui l'effrayait de plus en plus...

«- Monsieur ? Monsieur ! L'appela un pompier. Je vais vous sortir delà, tout va bien se passer. »


Alors que quelques minutes auparavant, l'action semblait avoir doublé de vitesse, ce moment lui sembla durer une éternité. Lorsqu'il fut enfin dehors et apte à parler, un pompier qui tenait un gobelet de café se dirigea vers lui.


«- Où est Elisabeth ? Se précipita Zayn.

-La jeune femme avec vous vient d'être envoyé de toute urgence à l'hôpital.

-Ce n'est pas possible, murmura Zayn.

-Aviez-vous bu ?

-Non... je... j'ai eu une minute d'inattention. Tout... tout s'est passé si vite, soupira-t-il.

-Je vois. »


Zayn fut transporté à l'hôpital où se trouvait déjà Elisabeth. Un médecin l'attendait, un dossier dans les mains et un air grave fixé à son visage.


«- Comment va-t-elle ?


-Je suis désolé monsieur mais votre amie n'a pas survécu et son enfant non plus. »


La mort c'est la mort, il n'y a rien de plus simple que ça. Zayn venait d'apprendre trois nouvelles, Elisabeth l'avait quitté,elle était enceinte et son bébé venait lui aussi de mourir avant même d'être né. Sous le choc, il se laissa tomber sur une chaise non loin, faisant glisser ses mains sur son visage comme pour se réveiller d'un dur cauchemar. Elle était morte. C'était fini,tout, sa vie, son histoire d'amour, son futur. Il ne restait qu'une chose encore intact dans la vie de Zayn, le groupe, et encore là, il savait que ça ne durerait pas. Il venait de toucher le fond. Tout était de sa faute, il s'en voulait tellement, pour du verni, un simple verni, il aurait dû garder le regard sur la route, il aurait dû se forcer à ne rien dire, faire comme si cette odeur désagréable n'envahissait pas sa voiture...


«- Elle est morte pour du vernie, murmura-t-il à lui-même. J'ai tué ma petite amie et mon enfant... »


Elisabeth était morte d'un accident, son bébé aussi et Zayn était entrain de mourir du leur...



Il n'y a rien de plus tragique que de voir mourir les gens qu'on aime et de se dire que c'est la fin.

Une tâche de vernis [Z.M] osOù les histoires vivent. Découvrez maintenant