Journal d'une blonde

Je devais te le dire

     -Alice !

     La voix de ma mère me tira de mon sommeil. Je jetai un coup d'œil rapide à mon radioréveil. Huit heures. J'allais être en retard en cours, je le savais. Mais peu importait.

     -Aliiiiice !!

    Ma mère devait s'époumoner depuis un quart d'heure. Comme d'habitude. Mais cette pensée ne m'incita pas à me lever. Je n'avais pas envie d'aller en cours. Ça avait toujours été comme ça. Je n'avais jamais été douée à l'école et ça ne changerait sûrement jamais.

-Alice ! C'est la dernière fois que je t'appelle !

Au ton furieux de ma mère, je compris qu'il valait mieux que j'obéisse. Je me levai péniblement et me dirigeais vers la porte quand mon regard se posa sur deux poupées, posées dans le coin de ma chambre.

-Alice, ça suffit maintenant ! hurla ma mère qui, fatiguée de m'appeler était venue me chercher dans ma chambre.

-Maman, il faut que je te parle.

Mon air grave la calma immédiatement, elle se figea, resta dans l'entre-bâillement de la porte. Je pris une grande inspiration, il fallait bien qu'elle le sache, un jour ou l'autre.

-Je suis enceinte.

-Quoi ? demanda-t-elle, livide.

-Tu vas être grand-mère.

Son visage se ferma soudain et sa colère déforma peu à peu ses traits. C'était dit. Il fallait qu'elle le sache.

-Alice... C'est une blague ? Tu as quinze ans... Tu ne peux pas...

Voyant que je gardais le silence, elle continua d'une voix plus forte :

-NON ! Non, Alice ! Non ! C'est n'importe quoi ! Tu n'es pas capable de t'occuper de toi-même, comment veux-tu t'occuper d'un enfant ? Tu ne peux pas le garder ! Et qui est le père dans cette histoire, d'ailleurs ? vociféra-t-elle.

Je poussai un long soupir et reposai les poupées. Oui, un jour je serai obligée de le lui dire. Mais pas maintenant, pas tout de suite.