Lothlórien, hiver de l'an 3012 du Troisième Âge

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Il atterrit en douceur dans la neige dans un silencieux éclaboussement immaculé. Les traces de l'ork, nettes et profondes, étaient côtoyées de fines gouttes de sang, fraîches et chaudes, d'un noir profond aux reflets pourpre dont le contraste offrait une piste idéal. Il n'était pas loin, la traque allait enfin se terminer. Cela faisait deux jours qu'il pourchassait cette créature, et il arrivait enfin à son but, ce sale espion ne pouvait pas lui échapper. Il se lança dans une course effrénée, son souffle se muait devant lui en de ténues volutes de fumée, et chacun de ses pas projetait des gerbes cristallines qui scintillaient dans la faible lumière de l'aube.

Après un temps qui lui sembla plus court qu'un battement de cœur, il entendit son souffle rauque à travers le silence de la forêt. Sans ralentir le pas, il s'élança et d'un bond se hissa dans l'arbre le plus proche, et se mit à évoluer dans les frondaisons, glissant comme une ombre par sauts habiles d'une branche à l'autre. Il aperçut enfin au loin la bête, claudiquante, et essayant vainement de courir. Elle avait senti son odeur, et tentait de fuir désespérément. Sa démarche ridicule faisait jaillir de son flanc de fines particules écarlates, et on voyait la mince tige brisée de la flèche qui l'avait blessé encore planté en lui.

L'elfe s'immobilisa, dissimulé dans le feuillage épais, il banda son arc dans un doux craquement, la corde fit un claquement sec, et la flèche siffla à travers les arbres, et avec le son d'une branche qui se brise, se planta dans le crâne de l'ork, il se redressa brutalement et les bras étendu, s'effondra sans bruits dans un nuage opalescent.


L'elf poussa un soupir de soulagement, il se sentait apaisé, toute la tension de ces deux derniers jours s'était détendu en même temps que la corde de son arc. Il descendit de son arbre et s'approcha du cadavre, étendu et recouvert de la fine pellicule de neige soulevée dans sa chute coloré du carmin de son sang.

Malgré le dégoût que lui inspirait la créature, il resta là, fasciné par le spectacle qui s'offrait à ses yeux. 

Il sortir après un temps de sa rêverie et se résolut à le fouiller. Une lame grossièrement forgée rongée par la rouille, une outre de cuir épais, quelques morceaux de viandes séchées, mais surtout, ce qu'il désirait, ce qui justifiait cette longue traque, le parchemin dont l'être immonde étendu à ses pieds était le porteur. Écrit en tengwar, il pouvait aisément le lire, malgré le dégoût que lui inspirait la lecture d'un texte blasphèmant cette écriture car rédigé dans la noire langue du Mordor. Au fil de sa lecture, son visage d'abord confiant, devint pâle, et se décomposa lentement, la peur s'insinuait progressivement en lui. Quand il le replia,  alors que les rayons du soleil dardaient désormais à travers les nuages et les arbres et l'illuminait d'un halo doré, il était totalement blême; ses gestes étaient fébriles, il tremblait...

Il se mit à courir, animé par le désespoir, il se devait d'avertir les siens du danger imminent. Ses pas étaient des bonds qui soulevaient des nuages neigeux, il volait sur le sol, être fantomatique, éthérée, son esprit était obnubilé par une seule pensée : courir, courir toujours plus vite, le temps était contre lui. Il arriva finalement devant son cheval, il monta dessus aussitôt et partis à l'instant au galop. 

"Noro lim, Asfaloth, noro lim!" s'écria t-il.

À ces mots, le cheval redoubla de vigueur et les sabots claquait sur le sol avec la cadence de mille hommes en marche.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 13, 2016 ⏰

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