Chapitre huit

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TaeHyun s'était à présent évanoui, glissant contre la porte de l'avion, laissant une trace rougeâtre sur la surface. L'unique hôtesse de l'avion accourut avec un nécessaire de soins très basique mais qui pouvait néanmoins tenir TaeHyun envie le temps qu'on s'éloigne de New York et atterrir dans une ville où on pourrait le soigner. L'hôtesse alla signaler le problème au capitaine et revint pour me dire qu'on atterrira au Canada pour le soigner. J'acquiesçai doucement de la tête, un tant soit peu rassurée. J'avais, pendant ce temps, stopper l'hémorragie et nouer un bandage pour poser une compresse au-dessus de sa blessure.

J'étais assise dans le sofa de l'avion, la tête de TaeHyun reposant sur mes cuisses. J'avais ma main sur son front, essayant d'imposer un contact froid car il commençait à avoir de la fièvre. TaeHyun était inconscient mais remuait beaucoup, dû à la douleur. Sa main libre vint attraper mon poignet et le serra vivement. Je glissai donc ma main dans la sienne et fit de petits ronds avec mon pouce sur sa peau, dans le but de le calmer. Il avait le visage crispé, j'avais vraiment mal pour lui.

-Tiens bon, TaeHyun. On arrive bientôt.

La vérité était que je ne savais pas quand est-ce que nous arriverons, mais je voulais que mes paroles soient les plus rassurantes possibles. Il fallait surtout que je ne trahisse aucune inquiétude, afin de l'apaiser tranquillement. Je passai mon autre main dans ses cheveux, ce qui le décontracta. Je souris puis il vint à ouvrir les yeux, faiblement.

-Suzanne.

-Repose-toi, TaeHyun. Tu en as besoin. Après tout ce que tu as fait pour moi, maintenant, on échange les rôles. Je vais m'occuper de toi.

Il sourit faiblement et dans un dernier soupir, il chuchota :

-Merci. Tu es... magnifique.

La pression de sa main dans la mienne se fit de plus en plus faible, ce qui augmenta considérablement mon rythme cardiaque.

-TaeHyun ? TAEHYUN !

Je le secouai afin qu'il se réveille. Pendant ce temps, je ne vis pas la porte de l'avion s'ouvrir, nous étions arrivés à destination. Des pompiers entrèrent et placèrent TaeHyun sur une civière. Je sus par l'hôtesse et le pilote que ce dernier avait contacté les pompiers pour qu'ils le prennent en charge une fois l'avion atterri. Je suivis donc les premiers sauveurs de mes amis, direction l'hôpital. Les bagages, on verra ça plus tard.

Cela faisait maintenant deux heures que je poireautais dans la salle d'attente principale de l'hôpital, à tourner en rond et à fixer le paysage derrière la grande baie-vitrée (tout en me shootant au café toutes les quinze minutes, j'avais donc bu huit cafés jusque là. Bravo Suzette, la nouvelle calculette).

-Mademoiselle ?

Je sautai sur le médecin qui m'avait accosté et attendis qu'il me dise d'autres mots qui pourraient soit me faire exploser de joie, soit me faire exploser en sanglots.

-Votre ami est dans la chambre sept, au quatrième étage.

... OK. Ni bonne, ni mauvaise. Il partit avec son éternel air blasé, me laissant seule au milieu de la salle d'attente, droite comme un piquet. Je me ruai sur les ascenseurs et appuyai frénétiquement sur le bouton du quatrième étage. Il fallait qu'il soit en vie, il fallait qu'il soit en vie, il fallait qu'il soit en vie ! Bon Dieu. Mais s'il était dans une chambre, c'est qu'il l'était, non ? Mais... il se peut qu'il soit dans le coma ! Aiissh... sérieux, là.

Je sortis de l'ascenseur en trombe et courus dans le premier couloir. Chambre une, deux, trois, quatre, cinq, six... SEPT ! CHAMBRE SEPT ! Faites que ce soit un chiffre porte-bonheur, s'il vous plaît. Après, promis j'arrêterai de tremper mon carré de chocolat dans le Nutella parce que c'est déconseillé pour la santé. Promis. J'vous jure. Sur la vie de...

TaeHyun. Allongé dans un blanc. Immobile. Relié à tout un complexe de machines en tout genre (dont je ne sais les noms et j'en ai rien à foutre). Je m'approchai lentement du lit et posai ma main sur la sienne. Elle était froide. Faites que ce soit juste le fait qu'il soit allé au bloc, juste ça. Je levai doucement son vêtement et constatai que les chirurgiens lui avaient fait un travail impeccable. J'irai les remercier plus tard. Ou les trucider, si le pire venait à venir. Oui, c'est en français. Bitch, shut up, c'est pas le moment.

Affalée dans le fauteuil à côté du lit, je le fixai depuis je ne sais combien de temps. Il respirait doucement, faisant élever la pompe à sa gauche, soit près de moi. Je fixai ce petit engin monter, descendre, monter, descendre, mont... monte pas. Il monte pas. Il monte plus. MYGOD !

-TAEHYUN !

J'appuyai sur le bouton d'urgences afin que des médecins et infirmiers accourent. Ces derniers arrivèrent quelques minutes plus tard, ils étaient vraiment efficaces. Ou bien ils savaient que TaeHyun était au bord du gouffre du coup ils campaient tous dans le couloir afin d'intervenir au plus vite su'il y aurait complication. Et il y avait complication. Un des médecins arracha littéralement la chemise de TaeHyun puis les infirmiers vinrent poser des électrodes sur son torse avant de sortir les fers à repasser (le défibrillateur, quoi).

-Mademoiselle, veuillez sortir. Vous pourrez gêner la manœuvre.

Je pris mon manteau et sortis avec l'infirmière qui essaya tant bien que mal de me réconforter dans le couloir. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, tout ce qui devait sortir tellement j'avais peur. Même si  la porte était fermée, j'entendais les médecins donner des ordres aux infirmiers, essayant de tout faire pour le ramener à la vie. J'avais les pétoches, comme si ma vie dépendait de la sienne. Oui, c'était le cas, quelque part. Mais là, c'était une tout autre situation. Oui, il y a le fait qu'il ait garanti ma survie pendant ce séjour magnifique à New York et oui il y a le fait que j'ai développé pour lui des sentiments et donc ce qui prouve que je l'aime. Non, je ne l'utilise pas pour rentrer saine et sauve à la maison. Certes, je veux rentrer saine et sauve... mais avec lui à mes côtés. Sinon... je ne bougerai pas d'un poil.

-Mademoiselle ?

La porte s'était ouverte. L'un des médecins se trouvaient face à moi, son visage ne trahissait aucune émotion. Il me pria d'entrer. Je le suivis alors. L'heure de vérité... avait sonné.

Save Me Then Love MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant