Je suis dans une salle immaculée de blanc, que du blanc, rien que du blanc.
Je ne suis pas seule, je le sais enfin je ne suis pas seule physiquement.
Nous sommes en rond, je trouve cela stressant, nous devons parler devant tout le monde rien de mieux pour me tétaniser encore plus.
Je regarde les gens parler chacun à leur tour, se levant pour avoir plus de prestance sans doute.
Cela fait longtemps que je ne me lève plus, je ne les regarde même pas d'ailleurs.
À quoi bon? À quoi bon se lever? À quoi bon les regarder?
Cela nous mènera à quoi? Essayer de se convaincre que nous avons encore notre place dans ce monde?
Nous sommes des condamnés, nous n'avons plus notre place nul part.
"Marine, 15 ans. Je suis malade depuis mes 13 ans.
-bonjour Marine." Disent ils dans une même voix monotone.Je regarde un peu partout dans la salle mais que du blanc, pas une affiche, pas une couleur.
J'ai demandé un jour pourquoi nous n'avions le droit qu'à une vulgaire salle blanche.
On m'avait répondu " eh bien ma petite car le blanc représente l'espoir, la guérison"
Je ne suis toujours pas convaincue, le blanc pour moi représente l'hôpital, la maladie, le désespoir.
"Bien au revoir et à la semaine prochaine.. Enfin sauf toi Marine, vu que tu déménages. Nous te souhaitons tous une guérison parfaite ainsi qu'une belle et longue vie." Conclu l'animateur de cette réunion saugrenue sous les applaudissements des autres malades.
Cela aussi, je ne l'ai jamais compris..
Pourquoi est-ce une personne en parfaite santé, qui n'a jamais eu aucun problème dans sa petite vie bien rangée qui anime si je puis dire cette réunion remplie de malade?
Sa vie se résume à Metro, boulot, dodo et à la rigueur promenade du chien.
La notre ou en tout cas la mienne est bien différente, examens, attente de visite, déception de ne voir personne, médicaments, dodo et ça c'est dans les bons jours.
Il devrait y avoir à sa place quelqu'un en rémission, à quoi ça sert de nous mettre quelqu'un en bonne santé à part l'envier?
"Marine, il n'y a plus personne dans la salle, tu peux y aller."
Je regarde autour de moi et constate les paroles de l'animateur.
Je me lève et me dirige vers la porte qui donne sur un grand couloir blanc rempli d'infirmière.
Je sors et ferme la porte derrière moi, je ne dis jamais au revoir de peur que ce soit le dernier malgré qu'aujourd'hui soit sûrement le dernier.
Je me dirige vers ma chambre, ferme la porte derrière moi et m'allonge dans mon lit.
Je me mets à penser à demain, au d'emménagement et tous ses désagréments.
Je déménage de Perpignan pour aller en Amérique, mes parents ont apparemment trouvés le meilleur médecin possible qui pourrait peut-être me soigner.
Je n'y crois pas personnellement, je sais que la mort arrive, qu'elle me guette, qu'elle est près.
Elle n'attend qu'un seul faux pas, qu'une seule erreur pour s'attaquer à ma vie.
J'en parle souvent à mon frère Sam qui a 19 ans et qui rentre en fac.
Il part avec nous, enfin avec moi puisque je ne suis pas dupe. Mes parents font tout pour nous éviter ma maladie et moi.
Ils feront en sorte de partir en déplacement pour ne pas nous voir, la preuve ils m'ont placés en hôpital selon eux pour que je sois prise en charge au moindre problème.
Malheureusement, je sais bien que c'est pour ne pas reconnaître que leur fille va bientôt mourir.
Sam est celui de la famille qui vient le plus me voir au moins une fois par semaine.
Il n'a pas le temps, il a un emploi du temps surchargé selon lui, je sais pertinemment que ce ne sont que des excuses mais je le comprends.
Qui voudrait rester avec sa petite sœur malade, qui ne dit presque rien et qui est pessimiste?
Il est jeune, qu'il fasse sa vie.
Il faut qu'ils construisent leur vie sans moi.
Alors lorsqu'il ne viennent pas, je comprends que c'est dans leur processus d'oubli de ma petite personne et temps mieux.
"Alors Marine prête pour le grand départ?" Me dit Julien.
Julien est l'infirmier qui s'occupe le plus de moi depuis que j'ai 13 ans, deux mois après l'annonce de ma maladie j'étais en hôpital sous la demande de ma famille.
Je me contente de lui sourire timidement.
Si tu savais Julien, que le grand départ comme tu aimes l'appeler est enfaite dans un trou perdu d'Amérique proche de Boston apparemment.
Lorsque Sam m'avait appris nouvelle, j'ai immédiatement culpabiliser.
À cause de moi il était obligé de quitter, son université, notre enfin sa maison, sa vie, moi ma vie est à l'hôpital alors un hôpital américain ou français ne changera pas grand chose à part les membres et la langue.
Quoi que la langue n'est pas un problème, mon père étant américain nous a appris à parler très jeune.
Je crois d'ailleurs que le village où nous allons est celui où il a grandi jusqu'à ce qu'il trouve ma mère.
C'est grâce à lui ou plutôt à cause de lui que j'ai été acceptée dans cette hôpital. Son ami est le médecin qui va s'occuper de moi.
J'entends la porte claquer, je regarde autour de moi et constate qu'on m'a déposé mon repas devant moi.
Cela m'arrive souvent, je me perds dans mes pensées et je n'ai aucune connaissance de ce qu'il se passe autour de moi.
À quoi bon? Personne n'attend de réponse de toutes façons, ils ont compris que j'ai perdu espoir après cette annonce.
Flashback de 2 mois
Le médecin entre dans ma chambre silencieuse. Pour une fois mes parents sont présent et mon frère aussi, cela doit être important."Bonjour, hum je vous ai convoqué auprès de votre fille et soeur pour une raison bien précise. Cela ne va pas être facile à encaisser, je vous préviens. C'est une mauvaise nouvelle. Mademoiselle Marine Dimt, diagnostiquée atteinte d'un cancer des reins en juin 2014
- vous savez nous savons tout ça, venez en aux faits. Le coupe mon père.
- oui oui bien-sûr, c'est délicat. Suite aux derniers examens médicaux nous avons pu diagnostiquer que le cancer s'était engagé étendu. Il me regarde gravement. Il s'est généralisé Marine, je suis désolé." Il part sur cette phrase.Je reste imperturbable, je m'y attendais. Je regarde mes parents, ils sortent de la pièce précipitamment feignant un appel urgent.
Plus urgent que leur fille.
Il ne reste plus que Sam. Il me regarde gêné puis regarde sa montre.
"Oh, t'as vu l'heure? Il se fait tard, je devrais y aller. On se dit à plus tard"
Il s'en va claquant la porte. Je dirige mon regard vers l'horloge murale face à moi.
Il est 17h30, Sam et mes parents habitent à dix minutes en voiture, nous sommes début juillet.
Je me pose juste une question.
Pourquoi cela me fait toujours aussi mal?
Fin du flashback.
Avis?
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A la vie, à la mort..
WerewolfTome 2 de "Pourquoi? Pourquoi pas.." Vous n'avez pas besoin d'avoir lu le premier tome pour comprendre mais c'est toujours mieux.. Couverture faite pas badghoul