Chapitre 1

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On m'a souvent dit : "Aie un peu plus confiance en toi!"
Ce n'est pas que je ne veux pas....
C'est que l'on m'en empêche.

Pourtant, j'essaye de m'intégrer.
Ce doit être la société qui ne veut pas de moi.
Il faut croire qu'elle n'accepte pas les personnes différentes...

Je m'appelle Anna. J'ai 15 ans (bientôt 16) et suis atteint d'une maladie appelée hypoacousie depuis bientôt... Je ne sais même pas si on le saura un jour tellement je suis un cas. À cause de cela, je suis sourde de l'oreille droite et porte un appareil. Je ne peux pas non plus faire du sport car ma tête ne le supporterai pas. Bref, c'est très compliqué. Et ça me gâche franchement la vie.

Dans ma classe, on me met souvent à l'écart à cause de mon problème. Depuis le début en fait.
On m'a tout dit : "Sale fayotte!" (les professeurs font très attention à moi et en plus, j'ai des bonnes notes, pour ne rien arranger), "Handicapée!", "T'es sourde ou quoi!?" Etcétéra (je ne vais pas tout dicter sinon on ne finirai jamais...).

Je ne viens jamais en cours de sport et puis, de toute façon, qu'est-ce que je pourrais y faire mis à part rien? Hein?
Ça m'arrange. Comme ça je peux travailler plus et rendre plus fiers encore mes parents, mes seuls piliers dans ma vie. Les seuls à me soutenir encore et toujours...

Mon rêve, plus tard, c'est d'ailleurs de devenir vétérinaire. Alors, pour cela, je dois m'accrocher et oublier tout le monde. Tout mettre sur le côté. Bref, avancer seule. J'ai l'habitude maintenant...

Chez moi, c'est le seul endroit où je me sens bien, à l'aise... Je peux travailler tranquillement sans crainte des brimades et des moqueries de mes soit-disants "camarades de classe". J'ai souvent pleuré quand j'y pense... Ça n'a pas été facile tout les jours... Et ça ne l'est toujours pas. Je pleure encore des fois, ça m'arrive. De toute façon, je ne guérirai sans doute jamais alors à quoi bon espérer... J'essaye juste de réussir pour mes parents et moi même. Pour ma vie.

Les autre, je m'en fiche. Ils font ce qu'ils veulent.
Même si des fois je les envie et aimerai échanger nos places, nos vies, qui sont si éloignées les unes des autres, si différentes...

J'aimerai, parfois, leur donner mon appareil, ma maladie, rien que quelques minutes, et leur demander en hurlant s'ils m'entendent, s'ils peuvent comprendre la souffrance qui est mienne, à jamais.

J'aimerai pouvoir fuir cette dure réalité qui chaque jour me sort de mon sommeil.

Mais c'est impossible.

* *
*

Comme chaque jour depuis bientôt un mois, je partais à pied de chez moi pour rejoindre le lycée, situé à 5 minutes. Comme chaque matin, mes parents m'embrassaient avant de partir et me disait de donner le meilleur de moi même.

Le meilleur de moi même...pensais-je inconsciemment.

Ce jour là, j'enchainais une heure de français avec une heure de physique. J'aime beaucoup ces cours, les professeurs m'aiment bien. Et puis je trouve que tout est intéressant, pas comme certains élèves (dont je ne connaît même pas le prénom) qui s'endorment après dix minutes. C'est irrespectueux!

Après, le cours de sport. Pour une fois, je décide d'aller travailler à la bibliothèque (comme je n'ai pas sport et que je n'ai pas envie de rentrer chez moi...). Je m'installe donc à une table, proche de la fenêtre. On peut voir la cour. Tout est calme. Trop calme.

Puis, je vois arriver mes "camarades de classe". Tout devient alors plus bruyant.

Ah oui, c'est vrai, ils ont course de durée...pensais-je.

Je me mis alors à les regarder courir. Ça a du bon d'être malade, des fois... Ils courent dehors, sous le froid, et moi, je révise tranquillement, au chaud... J'ai de la chance.

Tout à coup, je sens une douce perle glisser le long de ma joue. Puis une autre. Elles étaient chaudes et salées, elles le sont toujours. Je ne pouvais m'en empêcher. Rien qu'en les regardant, j'avais envie de les rejoindre et de courir avec eux, de m'amuser avec eux, de rire avec eux...

Mais je ne pouvais rien faire, comme d'habitude...

Je restais donc là, à ravaler mes larmes, tout en essayant de travailler, sans regarder dehors.

La vie est une bataille, une course, qui laisse, malheureusement, bien des personnes sur le côté.

* *
*

Le soir, en rentrant, je me fermais dans ma chambre, histoire de bien réviser pour le contrôle du lendemain. Je ne descendis que pour manger. Mes parents me faisaient confiance, ils savaient et connaissaient mes efforts. Puis, une fois repue et en remontant dans ma chambre, je trouvais un petit paquet sur le lit. Dessus, un mot avec marqué : "De la part de ton papa et de ta maman qui t'aime très fort. On sait que tu en feras bon usage."

J'enlevais alors le papier cadeau et découvris un portable. J'étais très contente. Cela voulait dire qu'ils me faisaient parfaitement confiance. Je les mis tout de suite en contact avant d'aller de me coucher. Il était tôt, mais la fatigue prenait le dessus.

Je les remercierai demain, au petit déjeuner.

* *
*

Le lendemain matin, je les remerciais grandement pour leur gentillesse avant de partir pour le lycée.

De toute façon, pensais-je sur le chemin, ils n'auront pas à s'inquiéter de mes contacts vu le nombre d'amis que j'ai...

Arrivée au lycée, j'attendais la sonnerie dans un coin de la cour avant d'arriver au cours de maths. J'aime bien les maths. Les sciences en général d'ailleurs. Parce que la vie est une science et que la science, c'est aussi l'exception, comme moi finalement.

C'est là que le professeur arriva avec un nouvel élève. Brun (comme moi), les yeux verts (comme moi), musclé (aucun commentaire)... Bref!

Oula! À quoi je pense moi!?

- Je vous présente Nicolas, un nouvel élève ici. Je vous prierais de bien l'accueillir. ... Tiens, il y a une place à côté de Anna. Vas-y.

Rien n'est impossible (slow update)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant