Dieu déteste les écrivains.

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Marc se leva du lit, essoufflé. Toute cette activité sexuelle l'avais épuisé. Il se dirigea vers la salle de bain et s'aspergea le visage d'eau glacée. Il aimait son reflet dans le miroir, ses cheveux courts, sa musculature. Marc se savait attirant et la femme dans le lit le savait aussi. Il n'hésitait d'ailleurs pas à se servir de cet atout, ce don de la nature, même quand il s'agissait de tromper sa propre femme. 

La plupart des gens voit l'adultère comme un crime abjecte, une trahison impardonnable. C'est surement le cas. Cependant Marc ne le voyait pas ainsi, pour lui ce n'était qu'un loisir parmis tant d'autres, comme le golf.

Marc retournai donc se coucher lorsqu'il le sentit. Une toux des plus violentes, à s'en déchirer les entrailles. Marc connaissait son mal, il se savait condamné. Peut être était-ce la raison de sa tromperie ? Peut être voulait-il juste profiter des plaisirs de la vie avec une jeune inconnue avant de mourir dans d'atroces souffrances ? Peut être voulait-il tout simplement baiser ? En tout état de compte, ce qui était sûr et inévitable c'est que Marc aller mourir.

C'était sur tous les écrans, tous les journaux, un nouveau virus dévastait la planète. Les scientifiques le décrivaient vaguement comme une forme de grippe mais en réalité ils ne savaient pas grand chose. Ça avait commencé en Afrique, les autorités avaient tenté de contenir l'épidémie comme à chaque fois. Echec. Deux semaine après les premiers cas en Europe et en Amérique, les gouvernements pleuraient sur leur impuissance.

Marc avait pris conscience de son funeste destin le matin même. Quand sa première toux avait résonné dans la maison familiale et qu'il avait craché ses première goutes de sang sur le carrelage de la cuisine. Le virus était rapide, impitoyable.


Marc toussa, les cloisons de la chambre d'hôtel vibrèrent. La jeune femme, qui répondait au doux nom de Lucie, jusque là paisiblement endormie après un rapport non protégé des plus intenses, se réveilla, paniquée.

"ça va Marc ?" demanda-t-elle comme si c'était la meilleure chose à dire.

Marc ne pouvait pas répondre, ses cordes vocales étaient rompues. Pour la première fois Marc, qui bénéficiait habituellement d'une répartie implacable, ne pouvait plus parler.

Il toussa encore, cette fois c'était la bonne. Le sang jaillit de sa bouche accompagné de morceaux de chair. les mûrs étaient repeints. La belle Lucie fut elle aussi aspergée; son visage d'ange, sa poitrine généreuse, ses cuisses chaleureuses, sa fente étroite, tout ce corps aux formes des plus voluptueuses était maintenant recouvert de sang.

Il faut croire que Dieu n'aime vraiment pas les adultères, il préfère les vierges, comme on les voit dans les filmes, style écolières en jupes courtes et chaussettes hautes.

Lucie criait mais Marc souriait. Sa propre mort le faisait rire. Rien de surprenant il était écrivain. Il n'y a que les vrais écrivains qui arrive a mourir le sourire aux lèvres percevant l'ironie et la beauté fatale de la scène. Il n'ya qu'eux d'assez tarés pour être exciter par leur chute dans le néant et la destruction des sentiments. Les autres humains sont effrayés et n'y voit qu'un gouffre infini de tristesse. C'est d'ailleurs probablement la seule chose à voir. La mort est la grande expérience de l'écrivain, le sujet ultime, intranscriptible, impossible à écrire. Pourtant la vie est bien plus intéressante, inspirante même : la joie, la tristesse, la peur, l'amitié, la passion, l'amour, le sexe, la dépendance...

Mais que laissait Marc derrière lui ? Des enfants, une femme qu'il avait aimé toute sa vie et qu'il avait trompé ce soir avec une jeune inconnue rencontrée dans un bar. Toute sa vie il avait essayait de vivre comme un homme bon pour sa famille, il avait essuyait quelques échecs mais il y était  vaguement arrivé jusqu'ici. C'était sa tragédie. Il mourrait dans l'échec.

Voilà ce que Marc laissait derrière lui, une magnifique et tragique histoire qu'il ne pourrait jamais raconter. Mais au moment de sa mort, Marc ne pensait pas à cela, il ne pensait qu'à une seule chose : Dieu détestait les écrivains.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 14, 2016 ⏰

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Dieu déteste les écrivains.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant