Michael, ou bien Mika, je ne sais plus bien, poursuit son show sans me prêter une attention particulière. Il me jette un coup d'oeil de temps en temps et doit remarquer mon teint blâfard. Je ne sais plus quoi penser, une vague, oh non, un tsunami de honte me submerge. Quelle cruche... Thomas à côté de moi respire le bonheur, Mika l'a pris avec lui. Quand il voit que je l'observe il me regarde : "Ça ne va pas ?"
Je lui fais signe que la foule m'oppresse et je recule petit à petit. Thomas recule avec moi et nous parvenons finalement à nous extraire de cette masse de personnes venues acclamer Mika. Je ressens le besoin urgent de respirer de l'air pur et je me mets à courir dans la rue direction Central Park. Thomas doit me trouver étrange mais à ce moment là, ça me passe au dessus. Nous courons un petit moment et, quand nous arrivons au parc, je m'affale dans le banc que je partageais jadis avec Michael. Thomas fait de même et me regarde, l'air interrogateur. Je me sens tellement bête, et inexplicablement assez faible. J'ai envie de craquer, de pleurer sur l'épaule de Thomas mais une voix dans mon corps m'hurle de rester forte, que c'est dans ce genre de moments que les esprits faibles se démarquent de ceux des grands. Je ne dois pas avoir l'air bien car Thomas me prend soudain dans ses bras et me caresse le bras doucement. Je n'avais jamais remarqué à quel point ça m'avait manqué que personne ne me prenne dans ses bras depuis longtemps. L'étreinte de Thomas est chaleureuse malgré le cuir froid de sa veste et les températures glaciales, c'est l'hiver, après tout.
"Qu'est-ce qu'il y a, Suzanne ? Tu peux me le dire, tu sais bien...
- Oui..."Et je choisis d'être faible. Je choisis de laisser couler de longues larmes salées sur mes joues et de tout raconter à Thomas. Tout depuis le début. Quand je termine mon histoire, il me tend élégamment un mouchoir que j'accepte volontiers. Il me dit gentillement que ça ira et qu'il faudrait que je vienne au banc, demain après les cours, que Michael y sera sûrement et que je n'aurais qu'à m'excuser.
"Merci, lui dis-je, c'est bête que Mallow, Olivia et Brice ne t'aiment pas trop, tu es super."
Pour toute réponse, il me lance un grand sourire. Je regarde l'heure sur mon portable, je vois qu'il est 6h PM et surtout quatre appels manqués de ma mère !
"Passe-moi ton portable, je vais appeler ta mère."
Je lui rend, inquiète que va-t-il faire ? Il appelle ma mère et prend sa plus douce voix.
"Allô ? Madame Wellington ? Oui, bonjour, c'est Thomas. Oui, voilà. Je suis désolé, il est bientôt six heures et votre fille n'est pas encore rentrée. Pardonnez-moi, c'est ma faute, je lui ai proposé une sortie et elle a accepté et je ne lui ai pas laissé le temps de vous prévenir. Ne lui en tenez pas rigueur, s'il vous plaît. Oh, merci. Au revoir, oui au revoir. À bientôt."
Il me rend mon téléphone :
"Et voilà !
- Oh merci Thomas ! Tu es un ange !"Je dépose un bisou sur sa joue et m'enfuis en courant à un arrêt de bus où je suis sûre qu'il ne sera pas.
4 janvier 2029,
Michael est bel et bien une star. Je m'en veux... Par contre, je suis ravie de pouvoir compter sur quelqu'un de fiable, Thomas !
***
***Je m'assois sur le banc, en plein Central Park. Il est 16h20, Michael devrait arriver bientôt. J'espère qu'il va arriver bientôt. C'était une journée de cours banale, aujourd'hui, mis à part le fait que Thomas était absent, je me demande pourquoi...
Autour de moi, les gens vivent leurs vies de la manière la plus tranquille qui soit. La famille qui promène son chien, les joggeurs qui entretiennent leurs corps, les promeneurs qui sont là et qui ne demandent rien à personne, tout le monde est là mais personne ne fait attention à l'autre.
Des pas, des pas viennent troubler le bruyant silence de la vie des autres. Des pas d'homme, un homme assuré, un homme avec un chapeau et un long manteau, Michael.
Il s'assoit sans un mot, et regarde devant lui."J'ai eu peur que tu ne viennes pas. Que tu ne viennes plus jamais et que je reste là, sur ce banc, à regretter toute ma vie ce que j'ai fait ce jour-là."
Il ne dit rien, il hoche la tête et son regard ne transmet aucune émotion. Mes mains se crispent, et s'il ne me pardonnait pas ? Je l'ai insulté alors qu'il avait raison, je me sens si bête.
"J'ai fait un rêve cette nuit. Je revivais cet après-midi au théâtre et rien ne se passait comme l'autre jour. Je souriais, je te croyais, je pleurais de rire et nous étions tous heureux. C'est comme ça que cela aurait dû se passer. Je regrette tellement. Je suis désolée, je suis désolée, j'ai été si bête, on n'a jamais vu pire cruche..."
Ma voix se brise au fil des phrases mais Michael ne bronche pas. Je me sens mal, je sanglote un peu et j'essaie de le cacher. Je scrute les moindres mouvements de Mika. Je guette sa réaction et l'attente commence à se faire longue. Que va-t-il répondre ?
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LE BANC
Fanfiction16:25, Central Park. Comme d'habitude, l'homme est là, assis sur le banc, à côté de moi. Je ne sais pas pourquoi, il y a plein de bancs dans Central Park, pourtant j'ai choisi celui-là, et lui aussi. Qui est-il ? Qui sait ce que cet homme peut cache...