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On est le 4 juillet.

Ce matin, pour la première fois depuis longtemps le soleil est parti. Place aux averses, à de lourds nuages noirs chargés de pluie et de malheurs. 

Je suis restée toute la journée assise sur mon lit. En fin d'après-midi, j'ai même attrapé un crayon et tenté de dessiner. Evidemment, la tentative n'a pas été concluante, mais pour une fois ça ne m'a fait ni chaud ni froid. Qui sait, peut-être suis-je en train de changer ? 

A l'heure qu'il est, je suis assise sur le parquet, juste au dessus de la cuisine. J'entends les voix des parents, celle de Sana, ainsi que le son brouillé de la télévision en marche. 

Voilà bien longtemps que je n'ai pas mangé avec eux. Mais c'est mon choix, et je pense qu'ils le respectent. Du moins, ils ne m'embêtent plus avec ça. Sana a rapidement compris que frapper à ma porte en me hurlant de sortir ne provoquerait aucune réaction de ma part. 

Au début Papa a même essayé de me parler, lui aussi. Il m'a dit qu'il savait que j'étais en colère, mais que je devrais bien sortir un jour et me confronter au reste du monde. 

Je n'ai pas répondu parce qu'il ne comprenait pas. Je ne suis pas en colère. Je suis juste triste. Immensément triste. 

Parfois j'ai l'impression qu'une main glacée me serre le cœur, qu'un étau s'empare de mes tempes et m'empêche de penser, de respirer. 

Parfois j'ai l'impression de mourir, seule, dans le noir. 








Dear BrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant