« C'était Toi et Moi contre le reste du Monde. »

Partie 2 : Je ferais tout pour nous sortir de là

[...]

Eymen était en salle 342, juste en face de la mienne.

Eymen : Bon bah vas-y on se capte plus tard.

Il toqua et rentra dans sa salle. À mon tour maintenant. J'appréhendais, je n'aimais pas me faire remarquer, j'étai de nature assez timide. Être en retard, n'allais en rien arranger cela, au contraire. Tous les yeux seront braqués sur moi. Oh la la. Mais je n'avais pas le choix, je pris alors une profonde inspiration et toqua.

... : Oui, entrez !

Jadwa : Bonjour, excusez-moi d'être en retard. J'ai eu un ...

... : Épargnez nous votre excuse et allez vous assoir.

Super accueil, je sentais que j'allais bien m'amuser avec elle. Je balaya la salle d'un coup d'œil, je ne vis pas Chahida, j'en déduis donc que je n'étais pas dans sa classe. Toutes les places à l'avant étaient déjà occupées, je m'installa donc seule au fond de la salle du coté de la fenêtre.

Les élèves de la classe se présentaient à tour de rôle vient le mien.

Prof : Mademoiselle la retardataire veuillez vous présenter à la classe.

À cet instant, je me sentie très mal à l'aise, moi qui n'aimais pas avoir l'attention sur moi, c'était raté. Tous les élèves étaient retournés et me regardaient. Je sentais mon visage rougir et la chaleur monter à la tête. Je pris une inspiration et commença.

Jadwa : Je m'appelle Jadwa K., j'ai 15 ans, j'habite dans le 92. J'ai 2 frères et une soeur et voila.

Je ne savais pas quoi dire de plus. Les autres continuaient à me regarder. Je voulais leur crier d'arrêter de me regarder mais je me retiens. Je ne voudrais pas aggraver mon cas.

Prof : Des passions, loisirs ?

Jadwa : Non.

La suite de la matinée se passa comme n'importe quelle autre rentrée. La prof nous donna nos emplois du temps, des fiches de renseignement à completer et des informations pour le reste de l'année.
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12h, Hall du lycée

On s'était donné rendez-vous avec Chahida. Elle est arrivée avec Eymen. On se dirigea vers l'arrêt de bus tout en discutant de notre matinée. J'appris que Chahida et Eymen était dans la même classe, ils en avaient de la chance. Je m'étais retrouvée toute seule. Je leur raconta ma matinée, Chahida était très énervée contre ma prof, elle voulait allée lui en toucher deux mots mais je lui dis que ça servait à rien. Eymen quant à lui était littéralement mort de rire et me traitait de victime.

Arrivés au quartier, chacun se dirigea chez lui. Devant mon hall, je voyais de nombreux cartons qui retenaient la porte. Je n'y preta pas attention et entra. J'appela l'ascenseur mais celui-ci refusa de venir.

Ils nous ont entassés dans ces bâtiments insalubres où t'as plus de chance de gagner au loto que de voir l'ascenseur fonctionner. Bâtiments où dès l'entrée tu sens l'odeur de l'échec, l'odeur de l'amertume, où l'espoir a disparu depuis bien longtemps. Ils ont voulu se débarasser de nous tout en ayant bonne conscience. Ils nous ont dis : « Voila on vous donne un toit estimez-vous heureux! » Selon eux on se doit de leur être reconnaissant. Mais reconnaissant de quoi au juste ? De concentrer toutes les personnes dont le faciès est un peu trop cramé, toutes les personnes pas assez "integrées" dans des bâtiments complètement délabrés et qui petit à petit tombent en ruines. Mais comment être integré quand la société elle-même veut pas que tu le sois ?

Les gens comme nous, issus des cités, on a l'échec commis d'office. C'est ce que l'État veut nous faire croire. Certes il y a des mauvais, c'est comme partout mais il y a aussi des bons. On est pas que de la mauvaise graine. Nos cités regorgent de belles plantes qui n'attendent que la chance que la société voudra bien leur accorder pour pouvoir fleurir.

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