Chapitre 13

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Pdv de James

Entre nous, je compte bien donner un petit coup de pouce au destin si il ne se magne pas à la remettre sur mon chemin. Je ne sais pas comment, mais je trouverais. Je sais déjà que je ne la reverrais pas le week end prochain au Sunshine, car je pars pour Milan vendredi matin, pendant deux semaines, pour faire différents shootings photos. Jusqu'à maintenant, ça ne m'a jamais dérangé de partir, j'adore mon travail, j'adore voyager, tout me convient parfaitement. Mais pour la première fois, je me dis que ce ne serait pas de refus si mon avion été retardé d'au moins 24h.

Je ne viens pas ici en semaine car je vis à Londres, mais si je décollais samedi, j'aurais pu passer au Sunshine vendredi soir. Ce n'est pas le cas malheureusement.

Je ne suis pas du genre à m'attacher à quelqu'un. Il y a peu de personnes auquelles je suis vraiment attaché d'ailleurs. Juste ma famille, qui est la chose la plus importante pour moi, et deux amis du lycée en qui j'ai totalement confiance. C'est pour ça que je vis toujours à Londres, car je suis plus proche d'eux et en cas de problème, je peux être présent en moins de dix minutes.
J'ai cette obsession de vouloir garder un oeil sur eux parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et j'en suis témoin.

Lorsque j'étais petit je n'étais pas le centre d'attention de tout le monde. Je n'avais qu'un seul copain et cela m'allait très bien. Je n'avais pas besoin d'en avoir plus mais c'est surtout parce que j'étais trop timide, comme Samy.

Puis à l'âge de quatorze ans, Samy et moi, on a décidé de traîner avec d'autres gens. Au début c'était pas facile mais peu à peu on s'est fait d'autres potes et vers l'âge de quinze ans les fêtes d'ados ont commencé. Ma timidité était plus facile à gérer mais je restais le plus discret de tous.

Un soir d'hiver alors que l'on avait tous bien trop bu et bien trop fumé, Samy et moi avons perdu une partie de Beer Pong, notre gage était de descendre en luge une rue un peu plus loin. La pente était raide mais on ne pouvait pas refuser, un défi est un défi. La rue était fermée tout l'hiver car impossible de l'empreinter avec la voiture.

On a dévalé la pente si vite qu'il était impossible de freiner, même avec les pieds, on ne ralentissait pas.
Samy et moi étions tellement mort de rire, qu'on n'a pas vu un peu plus bas les phares au milieu de la route. Enfin si, mais trop tard. Les gens étaient perdus et ne connaissaient pas le village. On a pas réussi à dévier et la luge s'est retournée devant la voiture. Samy ne s'en est pas sorti. J'ai eu un peu plus de chance que lui même si mon état était critique. Quand j'ai appris que je ne reverrais plus jamais mon meilleur pote, mon frère, j'ai souhaité mourir aussi.

Depuis j'ai cette peur constante que le destin m'enlève ceux qu'il me reste brutalement, un accident de voiture arrive si vite, une maladie grave peut être décelée d'un jour à l'autre.

Après l'accident, je me suis endurci mais je suis resté méfiant. Je devais faire quelque chose de ma vie. J'ai choisi le mannequinat. Après être rester des années en retrait, j'ai décidé qu'il fallait changé la donne.  

Les personnes que je cotoie, pour une raison ou une autre, sont là car elles m'apportent quelque chose. Soit pour le boulot, soit pour mon image, soit pour les filles, ou pour plein d'autres choses. Attention je n'ai pas dit que je ne les appréciais pas, je m'entends même bien avec certains, mais ça s'arrête là. Certains ou certaines font partis de mes potes, mais pas de mes amis. Depuis l'accident j'ai toujours insisté sur le fait que pour moi, "amis" et "potes" , ce n'était pas la même chose. Les "amis" ce sont les vrais, ceux qui seront là dans les bons moments mais aussi dans les mauvais, en général, pour reprendre l'expression française, "ils se comptent sur les doigts d'une main". Samy lui, avait sa propre catégorie, c'était mon frère.
Les "potes", eux, sont la pour passer de bons moments, dès qu'il y a une soirée ou quelque chose qui les intéresse, ils sont présents. On rigole bien, mais c'est tout. Je ne leur accorde pas ma confiance, je reste sur mes gardes. Ça c'est ma vision des choses.

Le poids de mon passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant