28.

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- Le patron veut te voir, m'apprend une collègue.

J'acquiesce. Ma crise de panique remonte à deux jours. Depuis que j'ai passé la porte hier matin, les seuls regards que j'ai reçus ont été des regards lourds et peu appréciables. Comme s'ils me prenaient tous pour une dingue. Quelque part, je suis déçue de voir à quel point les personnes que je considérais comme mes amis ont pu changer si vite. Mais, ils ne peuvent pas comprendre. Ils n'ont pas vécu ce que Bastian et moi avons vécu. Alors, impuissante, je baisse la tête jusqu'à arriver devant la porte de mon patron. Je toque et attends d'avoir l'autorisation de rentrer pour le faire.

- Bonjour.

L'homme grisonnant me servant de patron est assis face à son bureau. Lorsqu'il voit que c'est moi, il se détourne de son ordinateur et croise ses mains, un air extrêmement sérieux sur le visage. Je m'assois sur le siège qu'il me désigne et reste silencieuse. Je sais de quoi il va me parler et, je sais déjà quoi lui répondre.

- Est-ce que tout va bien Alia?

- Oui.

- Je ne vous crois pas. L'événement d'il y a trois jours me le montre clairement.

- Si vous avez la réponse, pourquoi me posez-vous la question?

Il hausse les sourcils, surpris par mon ton cinglant. Mais, j'en ai marre de ces gens qui me prennent en pitié. Non, je ne vais pas bien mais, ce n'est pas leur problème.

- Très bien. Dans ce cas, nous devrions peut être envisagr des options quant à votre poste.

- Ne vous embêtez pas, je démissionne, je rétorque tout de go.

- Pardon? demande-t-il au bout de quelques secondes.

- Vous avez très bien entendu. A moins que vous ne soyez plus vieux que ce que je suppose et que vous ayez des problèmes d'audition?

- Excusez-moi? s'agace-t-il.

- Je m'en vais.

Je fais glisser ma lettre de démission sur le bureau.

- Oh et, dîtes à votre nièce Rita que je suis très heureuse avec Bastian.

- C'est à cause de Rita que vous partez? demande-t-il, pas surpris le moins du monde.

- En partie, oui.

- La semaine dernière, elle m'a demandé de vous renvoyer, m'annonce-t-il.

- Pourquoi n'en avoir rien fait?

- Je voulais attendre un peu avant de le faire.

- Parce que vous comptiez le faire. Très bien. Au plaisir de ne jamais vous revoir.

Je passe la porte pour la claquer derrière moi. Je me précipite dans mon bureau où je remplis les cartons que j'avais emmenés ce matin. Jude arrive rapidement pour me donner un coup de main. Hier, Bastian et elle se sont avérés être ravis que je décide de quitter ce travail. J'ai appelé l'autre magazine, avec qui j'ai rendez-vous dans une heure.

- Et dire que j'en considérais certains comme des amis, je déclare en quittant les lieux et en fixant certaines personnes pour leur montrer que je parle d'eux.

Tous les cartons sont chargés dans ma voiture. Et nous partons. J'espère ne plus avoir à remettre les pieds ici. Encore des personnes qui m'ont déçues. Je pense que je n'aurais jamais pu oublier la trahison de Rita si j'étais restée ici. Il fallait que je m'éloigne de tout ce qui pouvait me rappeler mon ancienne amie. 

Jude me dépose chez moi et nous entreposons les cartons dans un coin de la pièce qui me sert pour mes photos.

- Alia, tu vas l'avoir ce poste, affirme-t-elle en posant ses mains sur mes épaules.

Retrouvailles impromptuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant