Elle.

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Ses yeux brillaient de rage. Elle n'était pas folle. C'est la nuit qui l'a rendait comme ça. La Lune, brillant dans le ciel où nul étoile ne daignée se monter, réveillait en elle des sentiments incontrôlés et incontrôlables. Pourtant, elle marchait d'un pas serein dans les rues de sa petite ville perdue, avançant telle une âme errante. Son regard était fixe, elle semblait légère, comme flottant dans l'air frais du crépuscule.
Un homme, visiblement saoul, lui coupa la route, lui parlant de manière à peine compréhensible. Lorsqu'il croisa son regard, il se tut et s'écarta de sa route. Il avait peur d'elle. Comment ne pas avoir peur lorsque l'on se retrouve nez à nez avec la folie elle même?
Au fond, la jeune femme avait la même crainte. Lorsque le soleil purificateur disparaît, cela laisse place aux ombres. Est ce donc ça? Était elle une ombre?
Elle continua sa route sachant pertinemment où se diriger. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Arrêter quelle part d'elle même me diriez vous? Personne ne sait.
Après une longue marche dans la lumière de la ville, elle pénétra dans l'obscurité de la forêt. Elle connaissait cet endroit mieux que quiconque.
La jeune femme s'assit dans un coin, le dos appuyé contre un arbre, toujours le même, et observa le ciel. Les étoiles étaient enfin là. Elle sourit, sourire que l'on pourrait associer à la démence pure, sortit un petit calepin ainsi qu'un crayon et se mit à écrire, à dessiner.
Parce que c'est tout ce qu'il lui restait.
Parce que dans le noir, la pénombre, le calme et la peur dans lesquels elle se sentait chez elle, c'est tout ce qu'il lui permettait de vivre. Ou plutôt de survivre.

Nuit noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant