Rencontre indescriptible

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An 2016

Je hais me lever tôt le matin, que ce soit un matin ensoleillé ou un matin gris, comme la majorité des adolescents de seize ans d'ailleurs. C'est pourquoi ma mère habituellement inébranlable est étonnée de me voir de sitôt. De sa haute taille, à l'inverse de la mienne, elle me dit qu'elle va sortir le petit déjeuner pendant que je vais me préparer. Naturellement, j'ai de bonnes raisons de modifier mes agréables, bien que monotones, habitudes. Rapidement, je prends ma douche, chaude, voir très chaude, exactement comme je l'aime, peigne mes longs cheveux blonds, couleur miel et me maquille légèrement, particulièrement mes pétillants yeux bleus en amandes, j'aime m'imaginer que je ressemble à une princesse nordique-exotique avec ma tignasse ondulée, mes tâches de rousseurs quasi-invisibles, mon teint basané et ma forte machoire. Je me maquille presque tout le temps, mais pas beaucoup, juste assez pour donner une impression de mystère, le mystère, je l'adore, il me permet de sortir de la réalité fade, terne et monotone ainsi que des routines. J'ai toujours senti qu'il y a une sorte de connexion mystique entre le surnaturel et moi, ça c'est mystérieux, donc je trouve ça top.

Gaie et enjouée, puisque je pars pour deux merveilleuses semaines chez ma meilleure amie, Viviane, je dévale les escaliers à toute vitesse et me rend dans la cuisine pour ramasser un des merveilleux muffins au citron et aux graines de pavot que ma mère a fait la veille. Excitée comme tout, je presse mon père de venir dans la voiture, pour qu'il me reconduise chez Viviane. Dans la voiture, je regarde par la fenêtre. Dehors, un tapis de verdure s'étend jusqu'à l'horizon où monte alors un étendu d'azur dans le ciel. Quelques fleurs de magnifiques couleurs éclatantes ont écloses sur la pelouse et de grandes herbes vertes et des gerbes de blé d'une couleur or pure s'élèvent dans les champs. Les paysages dignes des plus grands canevas de Vincent Rallo défilent devant mes yeux à une vitesse telle que j'ai de la difficulté à suivre ce majestueux tourbillon de couleur.

Vers la fin du trajet, j'envoie un message texte pour avertir ma chère amie que je suis en route. Celle-ci me répond: «N'oublie pas de te faire belle, Emery le garçon dont je t'ai parlé, que mes parents héberge pour quelques temps, est chez moi présentement. Je suis sûre qu'il va te plaire, il est charmant, courtois et trèsss mignon ! J'ai hâte de te voir, à plus !» Charmant, courtois et mignon... Elle a raison, il va sûrement me plaire.

-Quel est ce petit sourire ma chérie ?, me demande mon père.

-Oh...Rien, j'ai juste hâte de voir Viviane.

Bon, théoriquement ce n'est pas un mensonge, j'ai hâte de voir Viviane, mais mes pensées sont tournées vers le mystérieux Emery. Emery... J'aime la façon dont son nom résonne dans ma tête, il a une résonance antique, c'est craquant. Mon nom aussi est disons, étrange, c'est Sky Desétoiles, Sky, pour moi ça veut dire que c'est le ciel ma limite. Je porte assez bien mon prénom par contre, car c'est vrai qu'il n'y a presque rien qui m'arrête.

-Sky, ma chérie, nous sommes arrivés...

-Euh, oui bien sûr ! Je vais vous appeler de temps en temps. Je t'aime !

Au moment où je termine ma phrase, ma chère amie Viviane sort de sa cour suivie de près par un charment jeune homme qui est sans doute Emery. Ce dernier à des cheveux noirs gais, comme de l'obsidienne et une peau sans imperfection, claire comme neige. Dès que mon regard croise le sien, je suis envoûtée, comme si on m'avait lancé un sortilège, ses yeux sont d'un bleu si clair et profond que j'ai l'impression de regarder la galaxie infinie, parsemée d'étoiles, comme la passion qui se lit dans les yeux d'Emery. Il penche doucement la tête et ses lèvres fines et bien dessinées, d'une couleurs si belle que j'ai envie d'embrasser Emery, se pince en une moue moqueuse très craquante. Je sens le rouge me monter aux joues, alors que je détourne le regard. En en me voyant faire, Emery éclate de rire, un rire cristallin comme de la poussière d'étoiles qui tombe doucement sur terre. Oh mon dieu qu'il est craquant !

Viviane, qui a sans doute remarqué le courant qui passe entre moi et Emery, rit à son tour, puis me dit:

-Viens, que tu puisse t'installer, ensuite, Emery et toi aurez tout le temps qu'il vous faut pour faire plus ample connaissance...

Alors que je rougis violemment  à nouveau, Emery, lui, se contente de m'adresser un sourire lumineux, quoique mystérieux et moqueur. Des fourmillements chaleureux me parcourent le corps, mes fins poils blonds se dressent sur mes bras et mes jambes  et des papillons apparaissent dans mon ventre alors que chacune des molécules de mon entité est attirée vers Emery. Il ressemble à un noble ange vengeur lorsqu'il fait ce sourire.

Viviane sourit de nouveau, comme si elle avait lu dans mes pensées, ce qui est probablement le cas (nous aimons bien imaginer que nous partageons un lien psychique), puis tourne les talons et se dirige vers la porte de sa maison. J'attend qu'Emery lui emboîte le pas pour ensuite les suivre en trottinant doucement.

Puisqu'Emery est dos à moi, j'ai tout le loisir d'observer cette autre face de son magnifique soi. Lorsqu'il marche, une aura de virilité et de confiance émane de lui et ses cheveux indisciplinés, qui lui arrivent aux épaules, se balancent doucement.

Au moment même où je passe le cadre de porte, Mr. Collins et Mrs. Collins, les parents de Viviane Mr saluent gaiement et m'embrassent comme si c'était la chose la plus naturelle au monde (en fait ça l'est presque, puisque je suis pratiquement leur deuxième fille) et Emery, en vrai gentlemen, se propose pour m'aider à transporter mes bagages. Lorsqu'il me propose son aide, non sans un petit sourire narquois, une lueur d'amusement s'allume dans les yeux de Viviane. Elle est d'autant plus amusée, mais étrangement insistante, face à mon indignation lorsqu'elle empêche Emery de monter avec nous, sous prétexte que nous devons nous parler entre filles... Avant que j'ai pu émettre des protestations, Viviane prend un de mes sacs d'une main et empoigne fermement mon bras de l'autre. Viviane me tirant vers elle comme si j'étais une pouliche effarouchée (bien que je suis aussi libre comme l'air qu'une pouliche sauvage, la comparaison est médiocre car je n'hennit point).

Rendues dans une des majestueuses chambres d'amis du véritable manoir de la renaissance que possèdent les parents de Viviane (Ils ont du sang bleu dans les veines, le manoir appartenait à leurs ancêtres...), Viviane me dit, non sans se moquer un peu de moi (juste un peu):

- Serais-tu amoureuse d'Emery !? Tu le regarde comme s'il était un ange tombé du ciel, tu rougis pour rien en sa présence, jusqu'à ressembler à une tomate et tu glousse à toutes ses paroles. Sky, je t'ai dit qu'il était charmant, certe, mais j'étais ironique ! Tu verras, lorsque tu connaîtras mieux Emery, tu approuveras le fait qu'il n'est qu'un tombeur mal poli et un vrai petit diable. Je ne compte même plus le nombre de filles à qui il a brisé le cœur. Fais attention à toi, tu es dans sa ligne de mire...

Viatortem -en pause-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant