Introduction

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<<Sale pédé!>>
Il était trois heures du matin, et comme chaque soir, je ne parvenais pas à trouver le sommeil.
<<Ici, c'est notre territoire! On va te fumer sale pute suceuse de bites!>>
Ces ignobles paroles résonnaient dans ma tête.
<<On est des turcs, NOUS, on est pas des putes!>>
Cela faisait six mois que je m'étais décidé à porter plainte, six mois sans qu'ils m'approchent et pourtant je ne me retablissais toujours pas. Sur le plan physique, mes blessures avaient disparu; mon esprit, lui, était éparse tel les morceaux d'un cadavre que l'on aurai inhumé trop longtemps après que celui-ci fut mis en terre. Je ne parvenais pas à oublier. Au début je pensais pouvoir gérer ce choc seul; j'avais en quelques sortes trouver une alternative: j'avais revêti l'uniforme du fasciste classique: un bomber bleu marine pour grossir mes épaules et masquer mes petits bras, mon "corps de lâche" selon certains, des Doc Martens coquées aux pieds et sur le crâne... Rien. Plus un poil sur le caillou. En bref, j'étais devenu un Skinhead.
Arborant des emblèmes de tous les groupuscules d'extrême-droite que j'avais pu trouver, comme le lambda, figure présente sur les boucliers des spartiates autrefois et aujourd'hui reprise par les militants du Bloc Identitaire. Je prenais un malin plaisir à me balader avec mon blouson couvert de graffitis tels que "génération anti-racaille" ou encore "Charlemagne Hammer Skins" (groupe de skinheads néo-nazis de Lyon, Charlemagne étant une référence à la division SS constitué de français portés volontaires, en outre, des collabos). Tous les survet-baskets que je croisais me regardaient de travers, mais il n'osaient pas m'approcher: le nazi est un peu le pire ennemi de tout le monde, quand on pense nazi on pense également à toutes les atrocités qu'a engendré cette idéologie. Forcément, ce genre de lâche est plus réticent au fait de venir te chercher lorsqu'il se rappelle que tu es un skin.
C'était satisfaisant de les voir s'écraser, mais cela ne suffisait guère. De plus, il y en avait un qui continuait de se pavaner et de parader devant ses compères : Mehmet, ou le numéro un de ma liste de "personnes à abattre". Cet enfoiré continuait son petit manège, et il ne se passait pas un jour sans que je cherche une énième idée pour lui faire payer.
"Un jour, tu auras ta revanche, murmura une voix douce et mielleuse. Je ne sais pas quand cela arrivera, mais ne t'en fais pas: un jour, tu le tueras. Tu les tueras tous, pour le mal qu'ils t'ont fait."

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