Prologue

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PROLOGUE


Paupières fermées, imperturbable face à l'immensité de l'océan, le vieil homme se tenait assis au sommet de la falaise. Il pouvait sentir le vent caresser sa longue barbe blanche. L'air salé fouettait son visage.

S'il avait ouvert les yeux, il aurait pu contempler le fracas des vagues qui s'échouaient inlassablement contre les rochers. Il aurait aussi pu admirer l'infinie beauté du soleil vacillant dont les dernières lueurs se reflétaient par milliers à la surface de l'eau. Mais tout cela n'avait aucune importance, seule comptait la prière qu'il adressait aux dieux. Son souffle à peine perceptible s'était réduit au strict minimum. Son cœur battait au ralenti. Le temps et l'expérience lui avaient appris à faire le vide en lui, à se concentrer suffisamment pour faire abstraction du monde qui l'entourait. En vérité, la méditation dans laquelle il s'était plongé lui permettait d'entrer en contact avec les dieux, d'entendre leur voix et même de leur parler. Du moins, elle aurait dû. Car quelque chose au fond de lui, au plus profond de son âme et de son cœur s'était brisé. Il avait médité depuis le lever du jour, en vain. Malgré tous ses efforts, aucun dieu ne répondrait à ses prières.

De longues minutes s'écoulèrent avant qu'il n'accepte cette évidence. Las, il se résolut à reprendre ses esprits. Au même instant, l'écho d'une voix lointaine résonna jusqu'à lui, celle de son jeune disciple. Les consignes qu'il avait données étaient pourtant claires : personne, sous aucun prétexte, ne devait venir le déranger. Le disciple finit par rejoindre son maître tout en haut de la falaise après une marche aussi dangereuse qu'interminable.

— Maître, articula difficilement Memnos tandis qu'il cherchait à reprendre son souffle, c'est votre ami... Son état s'est aggravé, nous avons grand besoin de vous !

— Depuis quand ? demanda le prêtre, impassible.

Le jeune homme désigna la silhouette pâle de la lune.

— Depuis qu'elle est apparue.

Le regard du vieillard s'assombrit. Son apprenti hésita à poursuivre.

— Je crois qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps.

Le prêtre savait que ce moment fatidique arriverait, il le redoutait de toutes ses forces. Aucune prière ne pourrait plus l'aider désormais. Alors, il rangea promptement les quelques affaires qu'il avait tenu à apporter pour sa méditation. Il saisit une poignée de statuettes pour les ranger dans un sac de toile tissé par ses soins. Dans sa précipitation, il oublia l'une des figurines qui s'enfonça aussitôt dans le sable. Maître et élève entreprirent leur descente pour retourner au campement, plusieurs kilomètres en contrebas en direction des terres, à l'abri des terribles bourrasques qui balayaient la côte. Mais il leur fallait être prudents, il n'existait aucun chemin tracé par l'homme. Le moindre faux pas risquait de déclencher un éboulement fatal qui les précipiterait dans l'abîme.

Alors que sa vie ne tenait qu'à un fil, Memnos observait discrètement la carrure encore imposante de son mentor. L'apprenti admirait son maître plus qu'il n'aurait su le dire, mais son esprit était assailli de questions chaque jour plus nombreuses. Malgré les longs mois d'hiver passés ensemble, il ignorait tout de ses origines, de son passé, de son histoire... excepté que l'homme tout aussi âgé qu'ils avaient retrouvé après tant d'efforts et sur lequel ils veillaient était plus précieux que sa propre vie.

Il leur fallut pas moins de quatre heures pour arriver sain et sauf au pied de la falaise. Par chance, leurs montures ne les avaient pas abandonnés. D'un vigoureux coup de talon, les deux hommes partirent au galop vers le sud.

Ils parvinrent à destination juste avant la tombée de la nuit au grand soulagement de Memnos qui redoutait les grands prédateurs qui chassaient exclusivement la nuit comme les loups noirs ou les hyènes à tête jaune. Leur campement était composé de trois abris sommaires, à la toile jaunie par le temps, disposés en triangle autour d'un imposant tas de branches mortes qui leur permettait de se chauffer. Un troisième cheval était attaché à proximité. Deux des tentes abritaient les affaires nécessaires à leur voyage : des sacs de nourriture, de modestes gourdes remplies d'eau et des couvertures qui, superposées, leur servaient de lits. Dans la plus grande se trouvait le compagnon malade du prêtre.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 04, 2016 ⏰

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Le Dernier Prince d'AtlantisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant