Il était une fois, dans le paisible petit village de Bonbourg, une jeune fille discrète et naïve du nom de Blandine. Sa mère, la pâtissière du village, avait été tuée par la terrible épidémie qui avait frappé quelques mois auparavant, laissant Blandine seule avec son père. Comme celui-ci était marchand, il partait souvent pendant des mois pour faire ses livraisons ou recharger ses stocks. Blandine vivait donc seule la plupart du temps.
Au premier abord, Blandine ne semblait pas différente des autres filles de son âge : elle était allée à l'école, avait participé à toutes les fêtes du village et avait même aidé sa mère dans son travail.
Cependant, depuis la mort de celle-ci, elle passait ses journées et ses nuits enfermée dans sa cuisine sans que jamais rien n'en sorte. Elle ne quittait la maison que pour aller au marché et emplir son panier d'œufs frais, de farine et de lait.
Tous les habitants commençaient à se poser des questions. Son comportement étrange fit rapidement le tour du village et des rumeurs en tout genre commencèrent à circuler. Désormais, les villageois ne pouvaient s'empêcher de changer de chemin lorsqu'ils la croisaient ou de faire des détours pour éviter de passer devant sa maison. Quelques enfants curieux et sans peur s'étaient risqués à toquer à sa porte, mais tout ce qu'ils entendirent fut un entrechoc métallique. Son écho leur apparut comme le bruit sinistre d'une chaîne qu'un prisonnier fantôme traînait derrière lui.
Personne n'avait alors, depuis ce jour, osé ne serait-ce que s'approcher de « l'antre de la sorcière ».
Ce village de Bonbourg avait un voisin de même envergure : Belleville. C'est là que vivait Gaston, le fils de feu Willy le bûcheron. C'était un beau jeune homme, sans nul doute, et tout le monde l'appréciait, que ce soit pour son charme, sa gentillesse ou sa générosité. Serviable, il était l'homme de la situation en cas de problème. Tout le monde le connaissait dans les deux villages et personne ne manquait de le saluer à son passage.
Un beau jour de printemps, Gaston vint faire un tour dans Bonbourg. Il avait besoin de réfléchir. Ses parents étaient morts il y a bien longtemps et s'il avait pu arriver où il en était aujourd'hui, c'était grâce à sa tante qui l'avait élevé. Mais, aujourd'hui, sa tante lui avait exposé clairement ce qu'elle attendait de lui. Il était un homme désormais et avait l'âge de se trouver une femme, il en convenait. Seulement, sa tante exigeait qu'il épouse une femme de bonne famille.
« Regarde-toi, lui avait-elle dit. Avec ton charme, tu devrais en profiter pour séduire une dame de la ville et faire honneur à notre pauvre petite famille. »
Mais la ville ne l'attirait pas. Une seule fois il y était allé et avait compté chaque secondes avant d'en sortir. La ville était emplie de bruits assourdissants, d'hommes vils et égoïstes et de femmes tellement pouponnées que cela en devenait ridicule. La ville n'était pas faite pour un campagnard comme lui.
Toutefois, que ce soit pour le bien de sa tante dont la santé se faisait fragile ou pour honorer le souvenir de ses parents, Gaston avait toujours accepté ce destin. Depuis tout petit, c'était évident pour lui : il irait à la ville et gagnerait beaucoup d'argent pour en faire profiter tout le village.
Mais désormais en âge de se marier et de partir, il s'était rendu compte que ce n'était pas tout. Il y avait une chose que ses parents possédaient, une chose plus précieuse encore que tout l'argent de la ville, une chose à laquelle il se refusait de renoncer : l'amour.
Les parents de Gaston s'étaient aimés d'un amour fort et sincère, et cela comptait plus que tout à ses yeux. Il avait en horreur l'idée de se marier à une quelconque dame de la ville dans l'unique but de rapporter de l'argent. Mais avec ce raisonnement-là, ne faisait-il pas tout simplement preuve d'égoïsme ?
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Le gâteau parfait
RomanceLes rumeurs allaient bon train dans le petit village de Bonbourg où il se disait qu'une sorcière résidait. Jour et nuit, quiconque passait devant sa maison pouvait entendre des bruits étranges s'en échapper. Que pouvait-elle bien faire ? Personne...