Partie 10 : C'est dans l'océan de la vie que j'me suis noyé

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POV Anis

Elle doit vraiment me prendre pour un psychopate, je n'arretais pas de la fixer. J'essayais juste de trouver une manière de lui dire mais je n'osais pas. Je ne savais vraiment pas comment elle allait réagir, je me finis par me résigner, me contentant de lui sourire simplement.

Cela pouvait paraitre étrange, voir même stupide mais cette fille me destabilisait. Elle avait ce quelque chose de particulier dans son regard. Son regard exprimait tellement de choses mais je n'étais pas en mesure de décoder. 

La première fois que je l'ai vu, je n'y ai pas vraiment fait attention. Mais plus je la croisais et plus mon regard se fixait sur elle. Elle a surement du le remarquer, à plusieurs reprises elle m'avait grillé à l'observer. Mais même lorsque je voyais qu'elle avait vu, je ne pouvais détacher mon regard d'elle, comme hypnotisé. Mes orbites étaient comme aimantées sur sa personne. Mais je pu remarquer avec le temps que son regard plein d'espoir s'estompait peu à peu. Remplacé par de la tristesse ou de la lassitude, je ne saurais pas vraiment le qualifier.

Elle m'intriguait vraiment, quand elle était avec nous, elle était souriante et assez sociable. Mais j'avais l'impression que tout cela n'était qu'une mascarade. Son visage reflétait la joie mais ses yeux transpiraient la tristesse. Ses mots étaient remplis de vie mais ses silences étaient criant d'amertume. Tout un paradoxe. J'avais entendu quelques rumeurs sur son père, peut être était-ce dû à son père.

Une petite tape de Halim dans ma tête me fit sortir de mes songes.

Halim : Allez on s'casse ?

Anis : Azy.

On repartis en cours et la journée se termina tranquillement. Halim m'avait proposé d'aller chercher sa sœur et Jadwa à 18h mais je n'étais pas trop d'humeur, j'étais assez fatigué.

Je poussa la porte de chez moi et trouva ma mère assise sur le canapé en train de regarder sa série sur la télé. Je m'approcha d'elle, lui déposa un baiser sur le front et me dirigea dans ma chambre. Je me jetta tel un gros sac sur mon lit et finit par m'endormir.
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21h48

Mon sommeil fut interrompu par la sonnerie de mon téléphone.

« Appel entrant : Milla »

Et mince, je n'étais vraiment pas d'humeur à lui parler ce soir, j'ignora donc son appel.

Qui est Milla ? Une connaissance, une amie ou une petite-amie ? A vrai dire même moi je ne le savais pas. Je l'avais rencontré dans une chicha, il y a de ça 1 an.

J'étais parti prendre l'air sur le parking quand j'ai entendu les protestations d'une fille. En observant de plus près, j'aperçus un gars essayant d'embrasser une fille. Je ne pouvais rester là sans rien faire et j'avais décidé d'intervenir, le lâche partis en courant me laissant face à elle.

Par la suite, on avait gardé contact, notre relation était assez étrange. Parfois on se donnait des nouvelles par ci, par là, d'autres fois on passait beaucoup de temps ensemble comme si on formait un "couple". Couple était un grand mot puisque je savais très bien qu'elle allait voir d'autres gars mais je fermais les yeux. J'étais avec elle juste pour profiter sans avoir les inconvéniants d'un vrai couple.

Je n'étais pas amoureux d'elle, je l'appréciais, elle faisait partie de ma vie mais ça s'arrêtait là. Je ne me projettais pas spécialement d'avenir avec elle. Comment vouloir se projetter avec une fille comme elle.

Quand on a quitté Lyon, on était censé être en "couple" mais je suis parti sans donné de nouvelles ni de réelles explications, elle devait se douter que cela était du au décès de mon père. Elle n'a cessé d'être présente mais je la repoussait ou l'ignorait.

La faim se faisait ressentir, je quitta mon lit et me dirigea dans la cuisine. Je trouva sur la table une assiette sans doute préparée par ma mère. Elle avait l'habitude de ne plus me voir à table avec elle. Quel fils indigne, au lieu de combler l'absence de mon père je ne faisais que l'accentuer. Mais à présent, c'était moi l'homme de la maison, je me devais de ramener l'argent, certes je n'avais pas fait le meilleur choix mais ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ?

Je n'avais pas pu trouver d'autres solutions, je ne suis pas fier de moi mais pour moi c'était le seul moyen de nous mettre à l'abri du besoin, ni ma mère ni mon frère ne pouvaient travailler. Je pouvais très bien travailler mais je voulais à tout prix finir mes études tel que mon père le souhaitait. Je pouvais travailler après les cours mais cela n'aurait pas permis à ma famille de s'en sortir, j'ai donc préféré la facilité.

Après avoir fini mon assiette je retourna dans ma chambre et me posa sur mon bureau. Mon regard se posa sur un livre : « Le gone du Chaâba », c'était un livre que m'avait offert mon père, il me poussait souvent à lire et à me cultiver. J'ouvris le livre et trouva un bout de papier.

« Qu'il t'arrive quelque chose de bien ou de mal soit content et reconnaissant car cela est la volonté du Tout Puissant. »

Mon père m'avait donné ce mot quelque temps avant sa mort. Sur le coup je n'avais pas vraiment compris le sens de cette phrase et je continuais de ne pas la comprendre. Je me leva et me dirigea vers la porte.

Me voila sur le toit de l'immeuble, j'avais besoin de prendre l'air. J'observais la cité, qu'est ce qu'elle était calme. Aucun bruit, mis à part celui du vent, celui-ci venait me taper le visage. J'avais besoin de me sentir vivant, j'avais besoin de ressentir le vent contre mon visage. Je leva ma tête et regarda le ciel. Je m'adressa à Lui en esperant qu'Il puisse apaiser mes blessures. Je L'implorais pour qu'Il me pardonne mes actes.

La porte du toit s'ouvrit, je me retourna instinctivement et aperçu une silhouette noire, je ne parviens pas à distinguer qui se cacher derrière elle.
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C'était Toi et Moi contre le reste du Monde ©

« C'était Toi et Moi contre le reste du Monde. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant