Chapitre 1 (OK)

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Le soleil vient de tomber derrière le toit de la maison mettant fin à mes dernières heures de vacances d'été. L'air s'est rafraîchi et l'eau de la piscine commence à attirer les moustiques. Je soupire. Finies les heures à me prélasser à attendre que le temps passe, à rêver d'une passion digne d'un héros de mes romans à l'eau de rose, d'une vie qui n'est pas la mienne...
J'attrape mon coca et mon bouquin dont les pages pliées, gonflées, râpées, trahissent la fidélité dont j'ai fait preuve envers lui ces deux derniers mois. En rentrant dans la maison, je retrouve ma mère qui s'affaire à finir la préparation du dîner pendant que mon père regarde BFM TV en pestant contre la gauche et leur politique de la "médiocratie".

- Elisabeth, va te doucher, nous passons à table dans 10 minutes! Me lance ma mère sans quitter les yeux de sa carotte qu'elle égorge.

Je fais oui de la tête comme la bonne petite fille obéissante que je suis et monte à l'étage pour arriver dans la salle de bain. Là, j'enlève mon maillot et me retrouvant nue face au miroir, je ne peux que faire la grimace : demain, je serais officiellement une étudiante mais ma poitrine n'a même pas obtenu son brevet des collèges. Je soupire, si il y a une femme en moi, alors elle ne se cache pas dans mes seins.

Une fois lavée, j'enfile mon pyjama à carreaux et enroule une serviette autour de mes cheveux, je les sécherais plus tard. Il vaut mieux des cheveux humides plutôt qu'un rappel à l'ordre sur les us et coutumes de la maison. Lorsque je descends, mes parents sont déjà installés à la grande table en noyer, je les rejoins et aperçois au passage qu'un quatrième couvert a été dressé. Avant que je n'ai le temps d'ouvrir la bouche, ma mère m'explique sans même lancer un regard vers moi

- Elena vient manger avec nous, mais comme tu peux le constater, la ponctualité n'est toujours pas son fort !

Je ne laisse rien paraître mais intérieurement je saute dans tous les sens et j'effectue la danse de la joie. Ma grande sœur est sans nul doute la personne la plus importante à mes yeux. Nous n'avons rien en commun si ce n'est le physique, tout nous oppose ! Elle est fougueuse quand je suis docile, bruyante quand moi je me fais discrète, tête brulée quand je ne suis qu'une peureuse... Elle n'a jamais redouté quoi que ce soit et s'est toujours lancée dans la vie comme on saute à l'élastique ! J'aime passer du temps à l'écouter parler, elle a toujours quelque chose à m'apprendre, à me raconter, avec elle, je vis par procuration.

Alors que ma mère s'apprête à servir le hors d'œuvre, j'entends un bruit de moteur dans l'allée, c'est elle, enfin. Je saute de ma chaise pour courir lui ouvrir; je la vois marcher sur les graviers, vêtue d'un mini short en jean, d'un top blanc et de son habituelle paire de Converses, elle est magnifique. Elle lève les yeux vers moi et m'adresse un immense sourire.

- Ely, comment tu vas? Tu m'as tellement manquée!

Je manque de m'étouffer quand elle me sert dans ses bras, elle sent bon le monoï et la liberté. Elle revient de deux semaines à Ibiza, son teint trahi ses longues heures passées sous le soleil et je crois qu'une nuit ne serait pas assez longue pour qu'elle puisse tout me raconter.
Elle rentre dans la maison en saluant vaguement ma mère avant de s'élancer sur mon père pour s'accrocher à son cou comme lorsqu'elle avait 5 ans. Je crois que dans un sens, elle a toujours été un peu sa préférée. Ma mère ne peut s'empêcher de la piquer alors qu'Elena prend place à côté d'elle.

- Tu as oublier de t'habiller?!

Puis elle lui souligne son retard, mais Elena n'y prête pas attention, elle a déjà la bouche pleine de tomates et de mozzarella.

Sans lendemain TOME 1 (disponible à l'achat sur Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant