Introduction

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L'autre jour j'ai lu le journal intime d'Anne Frank. Puis, j'ai pensé que, même si mes journées sont tous les mêmes et qu'il y a peu de chances que je sois poursuivie par des nazis, j'aimerais bien relire, dans plusieurs années, ce que je pensais de ma vie et de moi-même quand j'avais 15 ans. (En passant, le livre était très bon.)

Mes journées sont tous les mêmes. Chaque matin à 6h pile, mon cadran me réveille et me donne une migraine du même coup. Mes épais rideaux gris me protègent de la lumière aveuglante du matin pendant que je m'habille. Je sors de ma chambre, mes écouteurs sur ma tête, ma tête sur mes épaules, mes épaules basses sous le poids de mon sac d'école trop lourd et usé.

Je marche jusqu'à mon arrêt d'autobus d'un pas lourd que je veux léger et rapide. Mes cheveux sont en bataille car le vent frais souffle sur ma nuque. Ces 20 minutes de marche sont mon moment préféré dans la journée car celle-ci n'est pas tout à fait commencée, et par le fait même tous les ennuis qu'elle m'apporte non plus. Je n'ai donc que ma musique en tête, le regard penché sur mes chaussures...Il faudrait que je demande de l'argent à ma mère pour en acheter de nouvelles. Les miennes sont trouées de partout, mais je les aime bien. Je me suis habitué à elles. Je suis arrivé. Je fais le piquet à mon arrêt d'autobus qui arrive après exactement 6 minutes d'attente. Le chauffeur arrête l'autobus, ouvre les portes qui m'invitent à entrer. Elles me font penser à la bouche d'un gouffre dont j'expérience la chute. Et chaque fois que ces portes s'ouvrent sur moi, j'ai une petite parcelle de mon corps qui me crie de partir, qui me chatouille les jambes et me donne envie de déguerpir, d'aller partout, d'aller nulle part mais de ne pas entrer dans cet autobus...

L'obligation l'emporte.

Celle du passé

Celle du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant