Les derniers instants d'une condamnée

Je ne sais pas comment j'en suis arrivée là.

Je suis fatiguée, je n'arrive pas à dormir et j'ai froid. Je vais mourir...dans quelques heures ou quelques minutes, je ne sais plus, je n'ai plus la notion de temps.

Il doit être assez tard je pense...

Il fait sombre dans le cachot où je suis, exactement pareil que lorsque j'y suis entrée. J'ignorais qu'il y avait des cachots ici, papa et maman m'ont menti...et ce n'est pas la première fois.

Ils m'avaient promis qu'on fêterait mon anniversaire tous ensemble... c'était hier ou peut-être même avant-hier, je ne sais pas combien de temps s'est écoulé.

Ils me l'avaient promis et me voila aujourd'hui dans cette geôle sombre à attendre que l'on m'emmène à l'échafaud...à attendre la mort sans pouvoir m'échapper. Et eux ? Où sont-ils ? Ils ne sont pas là, je suis toute seule ...Menteurs...Menteurs...Vous m'aviez promis...Où êtes vous ?

Mes yeux me font mal...j'ai si mal...j'ai beaucoup pleuré.

Je n'ai pas voulu croire ces personnes qui m'ont dit que vous étiez partis ! Vous ne m'avez pas abandonnée pas vrai ? Je ne sais plus si je peux y croire...et maintenant voilà qu'on va me tuer. On va me tuer parce qu'on doit tuer quelqu'un...parce que le roi et reine sont partis, qu'ils ont fuit et qu'il ne reste que la princesse...Allons-y tuons la princesse...il faut un exemple ! Mais oui bien sur, il faut un exemple et c'est pour ça, oui, pour ça, que je vais mourir ?

Je n'ai rien fait alors pourquoi me tuerait-on ?

Parce que le monde est injuste.

J'aime bien me promener en ville, je dis bonjour aux passants et ils me répondent en souriant. Il paraît que le peuple m'aime bien, en tout cas moi ces gens je les aime bien. Le peuple m'aime ? Pourtant ce sont des gens du peuple qui sont venus au petit matin, alors que je sortais de ma chambre, pour m'emmener aux sous-sols froids et sombres.

Au début, quand ils m'ont soudainement empoignée je me suis débattue, plus par réflexe qu'autre chose et ils m'ont frappée en me disant de me calmer. J'ai fini par me laisser faire et me voila ici. Je croyais que le peuple m'aimait bien, pourtant j'ai des contusions partout, ils m'ont frappée fort, ils m'ont parlé d'une manière froide et même cruelle.

Je n'ai pas faim, je devrais pourtant, j'ai souvent faim, avant les repas mais là je n'ai pas d'appétit. Tout ça m'a coupé l'appétit. Et dire que je n'ai même pas pris mon repas du matin, pourtant aucun signe de faim, je suis peut-être atteinte de maladie...

Après avoir été poussée voire même jetée dans cet endroit désagréable, j'ai attendu...le temps m'a semblé durer une éternité.

Puis une personne est venue me voir et m'a annoncé qu'on allait m'exécuter le matin du jour suivant. Je ne comprenais pas. Alors je lui ai posé quelques questions.

Cet homme m'a dit que c'était la révolution, et que le roi et la reine étaient partis...le roi et la reine, mes parents ont fuit me laissant seule, m'abandonnant avec la promesse qu'ils m'avaient faite la veille. Délaissant par la même occasion, leurs responsabilités. Il ne restait plus que moi, et j'allais subir la colère du peuple, la Révolution !

Mais je n'ai rien fait ! Je les aime, et je croyais ceci réciproque !

Ce sont tous des menteurs, leurs sourires étaient faux, tout comme la promesse de tes parents n'avait aucune valeur.

Me voila ici, avec pour seule compagnie cette voix qui me susurre des mots cruels à l'oreille. Une part de moi a perdu tout espoir et croit ces paroles que prononce cette voix de velours dans ma tête. L'autre part s'évertue à espérer encore...