Prologue

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* Tadaaaaah, prologue de ma nouvelle fiction! C'est plutôt un gros projet, alors ça risque de me prendre du temps (et de l'écrire, et de la publier), mais j'ai vraiment envie de m'appliquer! Comme je l'ai précisé dans le résumé, c'est un défi de jiapark lancé sur le site Fanfic-FR, l'idée de base n'est donc pas de moi. Je rajouterai le contenu du défi à la prochaine publication.

J'ai rajouté la chanson que j'écoutais en boucle quand je me suis lancé dans ce défi et qui m'a pas mal aidé à façonner l'histoire (et le titre lol): Female Robbery - The Neighbourhood. Soyez attentif aux paroles, parce qu'elles collent parfaitement avec l'histoire aussi (mais ça c'est même pas fait exprès).

Voili voilou, j'espère que ça vous plaira!*



En y réfléchissant, j'aurais pu prévoir ce qui allait arriver. Ou au moins j'aurais pu m'y préparer. Quand j'y repense, j'avais toutes les cartes en mains. J'aurais pu, vraiment, si je m'étais intéressé un minimum à ma famille, à mon histoire. Il y avait tellement d'indices autour de moi, partout. Dans le comportement de mes parents. Les regards apeurés que mon père jetais derrière lui, certains soir dans la rue. L'absence de famille maternelle comme paternelle. La façon qu'avait ma mère de dire le mot "avant". Le refus de mes parents à me narrer leur rencontre. Leur refus de parler de leur pays d'origine aussi. Cet engouement parfois surjoué envers notre pays d'accueil. Les raisons inconnues de leur venue en France - "Chômage", répondaient-ils toujours évasivement. Chômage, mon cul ouais, alors qu'à cette époque la Corée explosait économiquement. Je me demande moi même comment j'ai pu être aussi bouché.

Et puis, il y avait aussi toutes ces histoires de dettes qui sont venues perturber notre petite vie tranquille quand je suis rentré au collège. Je n'ai jamais su d'où elles venaient, je n'ai jamais posé la question. Nous avons été contraints de déménager plusieurs fois. Je n'ai jamais su pourquoi, et je n'ai pas demandé non plus. Tout comme pour ces lettres mystérieuses qu'ils ont commencé à recevoir régulièrement peu avant leur accident. Mon père les a toutes brûlées. Je me souviens, en rentrant du lycée un jour, avoir ouvert la boîte aux lettres. Une de ces enveloppes rouges s'y trouvait. Par curiosité je l'ai ouverte. Je n'ai jamais connu son contenu ; tout était écrit en hangeul. Je me rappelle aussi le visage livide de ma mère en me voyant arriver avec l'enveloppe ouverte. Elle me l'a presque arrachée des mains et l'a jetée dans le poêle, avant de me demander ce que j'avais pu lire.« Rien, Maman. Rien. Je ne parle pas ta langue. » lui ai-je répondu. Je crois que je lui en voulais de ne jamais m'avoir appris. Mais je sais aussi que mon père s'y refusait et qu'il avait interdit à ma mère de le faire. Une manière de me protéger, je suppose. Aujourd'hui, je me rend compte que c'était aussi un moyen de me garder à l'écart de ses affaires. Pour moi, le coréen était une langue qui n'existait qu'entre eux deux, pour se disputer ou avoir des discussions dont je n'avais rien à savoir.

Mes parents étaient des gens formidables. J'étais très proche d'eux. Ils savaient tout de moi, et je croyais tout savoir d'eux. Ma mère était la meilleure dont on puisse rêver, compréhensive et aimante. C'était ma confidente. Et puis, elle cuisinait le meilleur riz aulait de l'univers. Mon père...Dans toute ma vie, je pense que mon père est la personne dont je me suis senti le plus proche. Mon meilleur ami, mon modèle, le frère que je n'ai pas eu, la figure paternelle dans toute sa splendeur. Rien que ça. Oui, nous étions réellement proches tous les trois.


Je ne leur en veux pas d'avoir voulu occulter toute une partie de notre identité – pourquoi leur en voudrais-je d'avoir voulu me protéger ? En fait, c'est moi qui me sent coupable. La vie qu'ils voulaient à tout prix m'épargner est la mienne dorénavant. Ils ont tout sacrifié pour que ça n'arrive pas, et pourtant...Pourtant je suis satisfait de ma situation. Ce qui me bouffe, c'est que leur mort aurait pu être évitée. Le secret et le déni sont des moyens efficaces, certes, mais à double tranchant. Peut- être qu'en cessant de fuir, qu'en affrontant les choses en face... Si seulement je m'étais un peu soucié de leurs problèmes, si seulement je n'avais pas été si égoïste... Si seulement... Si seulement j'arrêtais de ressasser le passé. Ce qui est fait est fait, j'ai été incapable de les protéger et de me défendre moi-même, c'est un fait. J'étais un pauvre lycéen insouciant et ignorant. Détruit par la perte de ses parents. 




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⏰ Last updated: Apr 16, 2016 ⏰

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