Notre retour au château révélait d'une réelle prouesse. Heureusement, Rivière s'était ensuite calmée. Honnêtement, je me demandais vraiment comment Adélaïde s'était débrouillée pour porter Delphine alors qu'elle était encore à cheval.
Enfin bref. Nous nous trouvons maintenant assises au chevet de Delphine. Cette dernière ne saignait plus, mais son état ne s'était pas amélioré pour autant. Elle ne s'était pas réveillée depuis sa chute.
Je jetai furtivement un coup d'oeil à la montre à gousset posée sur la table de chevet. 7 heures 05. Je commençais à perdre patience, tout comme Adélaïde, d'ailleurs. Celle-ci ne cessait de marmonner des "Je t'en prie, Delphine, réveille-toi" ou des "Il faut qu'elle se réveille, il faut qu'elle se réveille".
Soudain, elle se leva et rejoint rapidement la porte. Alors que je croyais qu'elle allait sortir de la chambre, Adélaïde se retourna vers moi puis me dit d'une voix faiblement enrouée :
- Je pense qu'il faut que tu lui dises.
Je fronçai légèrement les sourcils : de quoi parlait-elle ?
Avant que je puisse ajouter quelque chose, elle continua :- Elle a le droit de savoir, n'est-ce pas ? La laisser en dehors de tout cela... ce n'est pas la bonne chose à faire. Et si jamais Delphine savait quelque chose à propos de ces voyages dans le temps. Si c'était elle, la personne qui pouvait t'aider ?
- Ou, au contraire, si elle ne l'était point ? la contrecarrai-je.
Je n'étais pas de nature pessimiste, cependant la vérité que m'avait révélée F.50964 m'avais profondément déçue. J'avais dû remettre toute cette histoire en cause -- y compris le fait que je ne pouvais compter sur personne, ici -- pour pouvoir lui pardonner. Or, je m'étais forcée à ne pas le pardonner tout de suite lorsqu'il m'avait fait du chantage. D'ailleurs, même maintenant, je n'avais pas compris ce qu'il souhaitait. J'avais simplement eu un un mauvais pressentiment, comme si F.50964 s'apprêtait à faire quelque chose de malhonnête.
- Tout de même, il faudrait essayer, m'annonça Adélaïde en me tirant de mes pensées.
Je poussai un léger soupir puis me levai de ma chaise. J'avançai de quelques pas pour rejoindre Adélaïde.
- Mais si ce n'était point elle la clé ? lui demandai-je d'une voix douce.
- Mais si c'était elle la clé ? demanda t-elle en retour. Dans ce cas, poursuivait-elle sans me laisser une seconde pour parler, tu seras de retour à Sèvres en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
J'étais décidée à ce que rien ne me fasse changer d'avis : même si je connaissais Delphine, je souhaitais en apprendre un peu plus sur elle avant de lui faire aveuglément confiance (autrement dit, la même erreur qu'avec F.50964).
Du coup, je préférais rester sur mes gardes.
- Mais que se passera t-il si ce n'est pas elle ? insistai-je.
- Si ce n'est point elle, répéta Adélaïde, alors elle sera plus que ravie de t'aider.
Je tournai la tête vers Delphine. Elle ne s'était toujours pas réveillée. Adélaïde suivit mon regard puis s'approcha de Delphine à grandes enjambées en murmurant :
- Enfin, si elle se réveille un jour.
J'étais persuadée que Delphine se réveillerait. Seulement, il était question de savoir quand, exactement ? En effet, cela faisait plusieurs longues heures que nous étions restées au chevet de Delphine, mais cette dernière n'avait pas bougé une seule fois.
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Dans la peau d'une autre
Fiksi IlmiahMarie Scaron, 15 ans, se retrouve prisonnière dans un corps et dans un espace temps qui n'est pas le sien. Elle essaye de tout faire pour retourner à l'intérieur de son corps, cependant ça n'est pas aussi facile dans un monde qu'elle connaît à peine...