Chapitre 1

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Anaëlle Vifreux :

7h00, j'ouvre les yeux. Puis je me rappelle quel jour on est et j'enfonce ma tête plus profondément sur mon oreiller. Enfin je sors du lit, déprimée. Je remarque que maman s'est déjà levée. Je traîne des pieds jusqu'à la salle de bains pour me mouiller le visage. Mes cernes sont immenses. Ce que je peux avoir une salle tête le matin ! Heureusement que mes cheveux fins ne se sont pas transformés en nid d'oiseaux sur ma tête. Quelques coups de brosse plus tard, je descends à la cuisine. Enzo, mon demi-frère de six ans a la bouche pleine de chocolat quand il se précipite vers moi. Notre labrador noir Chela me saute dessus en aboyant et en remuant la queue. Ma mère et ma tante discutent devant mon frère Jordan qui a une tête à avoir été sortit du lit de force.

- Tu n'as pas l'air en forme, lui fis-je remarquer.

- Rigoles. J'aurais voulu dormir jusqu'à dix heures.

- Et rater le départ de ta famille, rétorque tante Elsa.

J'ai un petit pincement au cœur. Jordan a de la chance. Le monde est vraiment injuste. Pendant qu'il vivra avec notre tante tout en continuant ses études, moi je serais au pays des marmottes ! Mais je n'ai pas vingt ans. Deux jours qu'on est installé ici avant de déménager. Bon, un petit-déjeuner remonte toujours le moral. Avec un peu de chance, tout cela n'est qu'un mauvais rêve.


Mila Déborak :

- Réveilles-toi ma puce.

Mon cerveau est embrumé. Il me faut un certain temps avant de comprendre qui me parle.

- Ah c'est toi Sophie...heu maman.

Je sais qu'elle déteste quand je l'appelle Sophie mais je n'y peux rien. Ce nom je le vois partout depuis que je suis petite et encore plus depuis le succès de "Anna et Mina". Je jette un coup d'œil à mon réveil. Il n'est que 7h30. Elle devrait savoir depuis tout ce temps que je suis de très mauvaise humeur le matin. Une fois en bas, je salue tout le monde et pour mon plus grand plaisir, Anaëlle est sous la douche. Rien qu'à voir sa tête, ça me rend encore plus exécrable. Je vois que Jordan aussi n'a pas l'air d'humeur. Enzo saute dans mes bras, Chela me fait le même accueil.

- Coucou Mila.

- Salut Zorro.

Enzo rit et je le dépose au sol. Ses yeux verts comme les miens brillent d'intelligence mais sinon c'est vraiment un enfant trop mignon ! Il a hérité des boucles brunes de sa mère. 

- Tu n'as pas rangé tes carnets de dessin dans ta valise, me reproche Sophie.

- Anaëlle n'a rien fait non plus.

- Si elle est prête à partir contrairement à toi.

En me servant un croissant je regarde cette belle femme, ma belle-mère depuis sept ans. Cette artiste bienveillante mais qui renferme tellement de mystères. Et je sais qu'ils concernent ses enfants. Après m'être préparée, avoir nouée mes cheveux en queue de cheval, enfilé un pantalon orangé et un sweat, je termine ma valise. Je vais enfin rejoindre mon père qui est arrivé à destination avant nous.


Anaëlle Vifreux :

J'aide maman à charger la voiture. Enzo joue avec son lapin en peluche. Je serre mon grand-frère dans mes bras.

- Aller bonne chance.

- Facile à dire, ce n'est pas toi qui part à la montagne.

- Ce n'est pas si terrible.

- Bien sûr que si. Déjà il fait froid.

Mila et sa mine renfrognée apparaît à ce moment là. Notre seul point commun c'est notre haine pour les paysages montagnards. Si elle a hâte d'arriver à destination c'est parce qu'elle va retrouver son père avec qui elle est proche, plus proche encore que moi et ma mère. Je n'ai pas l'impression que Mila aime grand chose. C'est plus un monstre des marais pour moi. Dans mon cas si je n'aime pas la montagne c'est pour de bonnes raisons. J'y suis déjà allée trois fois. La première fois, j'avais quatre ans, j'ai très vite attrapé un rhume. Puis j'y suis retourné à six ans, Jordan me lançait des boules de neige et je sentais le contact désagréable du froid sur ma peau. Combien de fois aurais-je pu perdre le groupe de petits skieurs s'il n'y avait pas eu un moniteur derrière moi ? Je n'avais récolté que des fesses douloureuses à l'issue de cette insupportable semaine. La dernière fois, j'avais huit ans. Et mon père a disparu. Disparu. Juste volatilisé. Il y a eu une avalanche quand il était partit skier avec deux autres types. Eux sont en vie, pour mon père, on n'a jamais retrouvé son corps. Bref, que de mauvais souvenirs. Quand je pense que maintenant je vais vivre là-bas.. Après avoir remercié tante Elsa pour son hospitalité et sa gentillesse de bien vouloir héberger Jordan, tout le monde s'installe dans la voiture, sauf moi.

- Attendez, j'ai oublié mon téléphone.

Je fonce vers la salle à manger où je retrouve un de mes biens les plus précieux, lorsque j'entends des voix provenant de la cuisine, ce qui est curieux. Je tends l'oreille pour capter la conversation. Ce ne sont que des murmures.

- Ils partent où dis-tu, demande la voix d'une vieille femme ?

- À Valmenier, répond un jeune homme sans doute.

- Surtout veille sur elle. Tu te rappelles se qui c'est passé la dernière fois qu'ils ont déménagé.

- Cette histoire était louche. Je me demande ce qu'ils cherchaient.

- Il y a beaucoup plus de passages hors de la ville mais alors là ne m'en parle même pas. Tiens-là éloignée d'accord.

J'entre dans la cuisine mais personne. Qu'est-ce que ça veut dire ? Voilà que j'entends des voix. C'est un mauvais signe.

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