2. J'ai dormi comme un bébé

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Cade.

Il y a des choses que l'on aime faire et des choses que l'on n'aime pas. Ces choses dépendent fortement de mon humeur. Actuellement je n'aime pas attendre notre nouveau photographe pour poser. Je préfère être à la plage avec les autres. Il fait magnifiquement beau et les vagues doivent être superbes.

Je consulte ma montre et je soupire fortement. Kristen, ma manageuse, me regarde et penche sa tête sur le côté en souriant péniblement.

— Ça arrive d'être en retard, tente-t-elle de justifier.

— Ce n'est pas normal. Si tu ne connais pas les lieux, tu fais en sorte de partir plus tôt.

Elle ne répond pas parce qu'elle sait que je n'ai pas tort.

— Bon, dis-je en me levant. Je vais fumer.

— Reste dans les parages.

Une fois dehors, je me dirige vers ma voiture pour prendre du feu. En ce début de semaine, je constate qu'il n'y a pas autant de mondes que d'habitude dans les rues. Evidemment, ils sont tous à la plage. Je regarde quelques notifications sur mon portable tout en ouvrant la porte de ma voiture. J'attrape mon briquet dans la boite à gant et je m'adosse au capot. Première bouffée de liberté.

Je ne peux même pas appeler mon meilleur pote puisqu'il ne doit pas avoir son portable sur lui. Il préfère le « contact humain » d'après lui et désespère de me répéter chaque jour que les téléphones portables sont une toxicité. Le jour où il y aura une urgence, il sera le dernier au courant.

Je lève les yeux de mon portable et je regarde autour de moi. Il n'y a personne que je connais et à qui je pourrais discuter. Ennuyant. Je marche en direction du studio en finissant ma clope. Soudainement, je sens qu'on me cogne dans l'épaule. Mon portable s'écrase par terre et la jeune femme se retourne ébahit vers moi. Elle lâche des jurons mais ne pense même pas une seconde à s'excuser. Je la fixe jusqu'à ce qu'elle se baisse pour rattraper mon téléphone.

— Excusez-moi, je suis vraiment désolée, dit-elle d'une traite.

Elle s'excuse comme si elle avait lu dans mes pensées. Puis, sans que je puisse dire un mot, elle s'en va en courant, comme si elle était en retard à son travail. Ou alors, avait-elle peur de ma réaction ? C'est vrai que je suis connu, et peut-être a-t-elle pris peur... J'ai été tellement surpris que je n'ai même pas eu le temps de réagir.

Je continue de marcher doucement en rangeant mon portable dans ma poche. Je finis ma clope en prenant mon temps. Je pourrais très bien abandonner mes plans et rejoindre des amis à la plage. Mais ce serait moi qui poserait un lapin à mon nouveau photographe et Kristen me tuerait. Après maintes minutes, je remonte au studio. En m'entendant arriver, Kristen vient à ma rencontre.

— Cade... Oublie pas que la première impression compte, chuchote-t-elle en me prenant le bras.

— C'est pour cette raison précisément que je suis revenue. J'étais à deux doigts d'aller à la plage.

— Tu as tout le temps pour y aller.

Je hausse simplement les épaules pendant qu'elle m'entraîne vers le milieu du studio. Discrètement, elle me parfume rapidement.

— Bon, où est ce fameux photographe ?

— On ne m'avait encore jamais dit que je ressemblais à un garçon, rétorque une voix féminine.

Je me tourne vers la dite voix féminine. Une fille. C'est la mystérieuse fille qui m'a bousculée, quelques minutes plus tôt.

— De loin. Quoique de près aussi tu ressembles à un mec, critique-je en faisant mine de la reluquer.

— Oh, on se tutoie déjà ? répond-elle avec un sourire. Dakota Shelton.

— Tu me connais déjà je suppose, dis-je en passant à côté d'elle et ignorant sa main.

— Cade Johnson, répond Kristen.

Je m'installe confortablement sur le canapé du studio quand cette fameuse Dakota et ma manageuse me rejoignent.

— Vous avez fait bon voyage hier ? questionne Kristen à la nouvelle fille.

— Oui, c'était agréable, remercie Dakota.

C'est ainsi que la discussion se poursuit et que nous décidions, dans la semaine, de faire des photos en dehors du studio. Kristen note un tas de trucs sur une liste ainsi que trouver un assistant pour mademoiselle Shelton. Quand notre conversation prend fin, je me lève et récupère mon sac banane.

— Oh, et lorsque tu arriveras au studio demain matin, je voudrais bien un café avec un croissant, Dakota.

Dakota ou mademoiselle Shelton ? Ou madame Shelton ? Elle ne porte pas d'alliance, je devrais m'en tenir au formalité.

— Tu ne dois pas vraiment ...commence Kristen.

— Si, elle doit, l'interromps-je en souriant.

— Cade, on sait que tu passes de mauvaises nuits. Les insomnies sont sources de malheurs, sourie ma manageuse.

Je la fixe. Je n'ai pas passé de mauvaises nuits. J'ai même dormi comme un gros bébé. Je souris bêtement. Je comprends ce qu'elle voulait dire : elle ressent certainement le besoin d'expliquer mon comportement. Kristen est adorable, elle fait toujours attention à moi. C'est un peu ma deuxième mère.


100% Photographe - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant