Chapitre 6

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Si c'était tout ou rien, autant tenté le tout pour le rien.

Le choix était simple. Chez lui ou chez Sebastian. Et vu que Ciel préférait avoir la garanti que son bourreau ne saurait pas où il habitait, si jamais il avait à se cacher de lui, il décida finalement de passer au manoir Michaelis. La seule chose qu'il regrettait, c'était de ne pas pouvoir recevoir les billets verts qu'aurait pu lui offrir Bard s'il avait accepté la proposition de répéter un abruti.

Et puis, Merde.

On était quatre heures du soir. Il venait d'arriver nageant de sueur en face de chez Sebastian. 

Dire que c'était une grande maison n'équivaudrait même pas à la réalité. Elle était immense.

Il poussa la sonnerie et attendit patiemment qu'on vienne l'ouvrir.

- Vous êtes monsieur Phantomhive ? Veuillez me suivre s'il vous plait.

Ouais, c'était clair que ce genre de maison était livré avec un majordome. Pas de surprise, vous voyez. Ce qu'il n'avait par contre pas prévu, c'était tout le bruit qui régnait à l'intérieur de la cour en cette fin de soirée.

Ciel sentait l'argent émané de chacun des tableaux qu'il croisait. Peu importe la forme difforme des peintures dont il ne comprenait pas le sens. De l'art abstrait, l'appelait-on. Ce n'était pas lui qui payerait pour ça. Cependant Ciel aurait juré qu'à chacun de ces pas, dans ce long couloir inhospitalier, il pouvait entendre chaque tableau lui murmurer combien ils étaient riches. Et il était sûr qu'il n'entendait pas des voix, car il n'avait jamais souffert de l'ouïe auparavant.

Il n'avait vraiment pas à se trouver ici. Il ne s'y sentait pas à sa place

Il ne va pas vous mentir, il se méfiait de tout le monde depuis qu'il a mis pieds dans cette maison. Se taper presque deux heures de bus n'était pas donné. Son portefeuille en pleurait de douleur. Il aurait préféré dormir chez lui, bosser ou même s'incruster au dîner de sa tante avec son maquilleur aux tendances de youtubeur déganté. – Oui, il avait une chaîne. Alors question bouée de sauvetage dans leur mer de pauvreté, Ciel avait l'impression qu'il les aiderait plus à s'y noyer qu'autre chose,- Mais non, au lieu d'assister à tout cet étalage de produits de beauté, il était obligé de se coller quatre-vingt-dix minutes non-stop de cours particuliers, en espérant pouvoir en réchapper vivant.

- Voici la chambre de Monsieur. Il vous rejoindra d'ici peu.

Sans ménagement, on le poussa à l'intérieur d'une pièce. Un grand lit se dressait en plein centre, une commode, une table d'étude et un piano rasaient le mur. De côté, on pouvait apercevoir un canapé. Ce qui étonna le jeune emo, ce n'était pas la grandeur de la chambre qui dépassait à elle seule la taille de son appartement, ou cet écran plat qu'il pensait ne jamais voir ailleurs que dans un magasin d'électronique. Nooon. Ce qui l'étonnait, c'était la propreté de la chambre de Sebastian Michaelis. Aucune poussière, aucun vêtement ne jonchait le sol. Et Ciel s'est senti un peu misérable en pensant au bordel de sa chambre à lui.

- Déjà là ?

La voix masculine de Sebastian venait perturber la tranquillité de la pièce.

- Ça pas été trop dur de retrouver la maison ?

Ce n'était pas Ciel qui habitait loin de la ville, sur une colline qu'il avait galéré grimper, dans un endroit désert où seul ce manoir était visible à des Kilomètres. Alors pour se perdre, il fallait déjà être aveugle. Chose qu'heureusement, Ciel n'était pas vraiment.

- Tu es bien silencieux tout d'un coup mon petit Ciel, sourit-il en coin, comme s'il était un peu fier de connaitre le prénom de son interlocuteur.

Entre amour et haine ( boyxboy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant