17 - Cette nuit-là (version corrigée)

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Il m'a fallu près d'une semaine pour me décider à lui en parler.

Au départ, je n'en avais sérieusement aucune envie. Mes nouvelles résolutions ne dataient que de quelques jours seulement et fonctionnaient étonnamment à merveille. Je parvenais enfin à garder mes distances avec Caleb, réellement cette fois, sans que ce ne soit trop difficile à vivre.

Enfin si, ça l'était. Mais je me suis convaincue, au nom de mon amitié avec Chloé, que c'était mieux ainsi. C'est trop tard, je ne me fais plus confiance quand je suis seule avec lui. Et aussi « amicale » que fût notre relation, il faut qu'elle cesse.

Malheureusement, la principale concernée n'a jamais lâché l'affaire. Tout au long de la semaine, celle-ci n'a cessé de m'envoyer des regards codés ou des messages, dans l'espoir que cette discussion ait enfin lieu. Le dernier étant il y a tout juste deux heures. Et j'ai cédé.

Mais au fond, je crois que je lui dois bien ça.

Caleb paraît surpris lorsqu'il m'aperçoit l'attendre à l'arrêt de bus à la fin des cours. Nous finissons souvent à la même heure, alors rentrer ensemble est une habitude que nous avons rapidement adoptée. Jusqu'à ce que je rompe presque tout contact avec lui. Et je crois que cette distance lui a pesé autant qu'à moi, si je me fie à ce léger sourire, à peine perceptible sur ses lèvres...

Le trajet se fait bien plus sereinement que je ne l'aurais pensé. J'avais peur qu'il me questionne vis-à-vis de mon comportement de la semaine, ou qu'il tente une approche... Mais non. Il s'est simplement assis à mes côtés et m'a passé l'un de ses écouteurs branchés à son portable, sur lequel il écoute de la musique.

Le tout en silence, naturellement.

Seulement, notre bulle musicale s'interrompt à l'instant même où nous arrivons à destination. Et je me dis qu'il est peut-être temps, moi aussi, de me lancer.

— Je peux te poser une question ? attaqué-je sans prendre de gant, tandis que nous marchons jusqu'à notre quartier.

— Bien sûr.

— Tout va bien avec Chloé ?

Caleb a un léger mouvement de recul. Je crois qu'il ne s'attendait vraiment pas à ce que j'entame ce sujet. Je ne peux pas lui en vouloir.

Un soupçon de nervosité traverse brièvement ses yeux, avant qu'il ne disparaisse presque aussitôt.

— Pourquoi tu me poses cette question ?

Pourquoi tu ne veux pas y répondre ?

Inconsciemment, mes sourcils se froncent.

Je comptais l'interroger pour Chloé, et uniquement pour elle. Lui poser les questions, noter ses réponses dans un coin de ma tête pour ensuite le laisser, le tout sans aucun état d'âme. Mais j'avoue que son comportement commence moi aussi à me mettre la puce à l'oreille. Qu'on se le dise : je dois certainement être aussi paumée qu'elle dans cette situation, et ne jamais savoir à quoi il pense me rend dingue.

Toujours ce sourire charmeur, ce regard indéchiffrable...

Qu'est-ce qui se passe dans ta tête, Caleb ?

— Eh bien... Chloé m'en a parlé il y a quelques jours. Elle trouve que tu la délaisses souvent en ce moment...

— Ah, je vois ! Il y a eu du commérage dans l'air, c'est ça ? rétorque-t-il, encore et toujours taquin.

Je hausse mes épaules.

— Qu'est-ce que tu veux, c'est ma meilleure amie.

Ces mots sonnent quelque peu faux dans ma bouche, au point que j'en perds le fil de conversation.

BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant