Journal d'une blonde

Unstiteuf

     -C'était Newtiteuf et Unsterbliicher, oh yeah ! Aller, bye bye !

     Je coupai l'enregistrement. Nous venions de finir l'épisode du premier avril de Minecraft.jar, dans lequel nous annoncions que nous étions en couple.

     -Tu crois qu'ils y croiront ? s'enquit Newtiteuf en souriant.

     -Je sais pas, répondis-je, mais les yaoïstes pourront toujours espérer.

     -Ouais ! Bon aller, je vais me faire des œufs à la coque. A plus !

     -A plus, mon bichon !

     NT mit fin à l'appel Skype. Cela faisait plus d'une semaine que nous préparions ce poisson d'avril. Une semaine à lire des dizaines de fanfictions, des centaines de messages de fans du Unstiteuf afin trouver des arguments pour rendre notre pseudo-couple encore plus probable.

L'idée du canular m'était venue en retwittant des fanarts. Cependant, chaque fois que j'en parlais avec NT, je ressentais un pincement au cœur.

Un jeu. Pour lui, ce n'était qu'un jeu. J'avais mis plusieurs mois avant de comprendre que j'étais comme la plupart de mes abonnés. J'espérais que le Unstiteuf ce révèle être plus qu'une rumeur. Quand je m'en était rendu compte, étrangement, j'avais essayé de repousser mes sentiments. J'avais tout fait pour renforcer mon image d'amoureux des boobs. J'avais même sorti une série sur Hunnie Pop, faisant semblant de m'intéresser aux illustrations quelque peu explicite du jeu.

Mais toutes ces tentatives avaient été vaines. Je ne pouvais plus nier l'évidence. J'étais tombé amoureux d'NT. De son sourire. De son humour. De ses jeux de mots nuls.

Alors, quand je lui avais parlé de mon idée de poisson d'avril, j'avais espéré une parole, un signe pouvant me montrer qu'il partageait mes sentiments. Mais il n'y a rien eu de tout ça.

-C'est une super idée ! s'était-il exclamé. Ils l'espèrent tellement qu'ils n'y verront que du feu ! Avec eux, plus un mensonge est gros et improbable, plus y croient ! Comment peuvent-ils penser que nous sommes plus que des amis ?

Oui, que des amis. Des amis très proches, certes, mais des amis quand même. Alors j'avais arrêté d'espérer. Je m'étais pris un râteau indirect.

En quelques mois, j'étais passé d'un amoureux des boobs toujours blagueur à un amoureux tout court, totalement désespéré.