Je ne sais plus trop quoi penser. Devrais-je m'inquiéter ou me mettre en boule dans un coin et attendre que la mort m'emporte ? Dans tous les cas, la mort finira par m'emporter durant cette rude épreuve, sauf si je persiste. J'ai peut-être une chance de gagner, comme j'en ai plusieurs de perdre. Pourquoi fallait-il que cette épreuve s'annonce un dimanche ? J'sais pas, pourquoi pas un jeudi ou bien un mardi ? Un jour pas trop chiant, quoi. J'avais la flemme de me lever, de supporter la lumière du jour, de voir les gens. Les gens sont cons, trop cons. Je ne sais même pas ce que je fous parmi cette concentration de cons. Je pense gagner l'épreuve de l'anarchie haut la main tant mes adversaires sont cons. A vrai dire, je ne les ai pas encore connus, ni affrontés – je n'ai pas envie de le faire, en fait -, mais je sais qu'au bout d'une heure, ils se feront anéantir bêtement.
Ma famille était en larmes. Je comprenais parfaitement la raison du pourquoi de la tristesse ornait leurs yeux, mais, bizarrement, je n'étais pas triste, alors que c'était moi qui allais porter une tenue désagréable et courir comme un imbécile dans un décor semblable à une forêt, c'était moi qui allais me coltiner un ou une partenaire avec qui j'essayerai de survivre... C'était moi qui allais tout faire, une fois de plus. Ma foi, ça ne me dérange pas plus que ça, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. J'étais déjà découragé à l'idée de courir, de combattre, de sauter, de survivre, je survis déjà tous les jours, mais d'une façon plus agréable, disons.
Il était bientôt l'heure de se présenter pour l'épreuve de l'anarchie, j'étais encore vautré sur mon lit, complètement nu avec de la bave qui repeignait mon oreiller... "Présenter", c'était un bien grand mot. On va juste me fixer pendant une minute et je vais me faire embarquer. A force de me focaliser sur ce filet abondant, je finissais par en être dégoûté, alors que ce petit liquide transparent, visqueux et presque innocent – pourtant bourré de bactéries – m'appartenait complètement, cependant, ma position était trop parfaite pour que je puisse prendre l'initiative de bouger, même un bras. C'était inconcevable. Autant profiter de mes dernières minutes de confort, de solitude et de nudisme dans mon havre de paix. Ah, ça y est, j'sens la fatigue me faire de l'œil, mais je sentirais les mains des policiers me presser les biceps pour m'emmener de force au quartier général, même si j'étais encore nu. Midi allait frapper, comme les matraques des policiers contre la porte. Je pris malgré moi mon courage à deux mains pour enfiler une tenue banale, comme si j'allais me mettre sur un 31 alors que j'en ai strictement rien à foutre de leur épreuve à la con qui sert simplement à tuer des jeunes et amuser les spectateurs... Franchement, j'ai jamais rien vu d'aussi... Con.
Kyle, n'oublie pas ci, n'oublie pas ça, à chaque coin de ma chambre, je retrouvais un post-it sur un meuble, sur un vêtement ou bien sur les murs, pour me rappeler qu'aujourd'hui, j'ai une chance sur deux de crever. Ah, maman, quelle bonne personne tu es,c'est tellement gentil de me faire rappeler que je vais me faire salement défoncer devant des milliers de personnes. Un vrai amour, franchement, j'adore. « Kyle, n'oublie pas de mettre cette chemise », même si cet attirail a coûté les yeux de la tête, je préfère enfiler un vieux t-shirt bien dégueulasse rien que pour provoquer la police et l'autre greluche qui présente l'épreuve. Elle ressemble vachement à une prof d'espagnol qui a été virée et qui essaye d'exprimer son côté artiste contemporain, mais elle a l'air gentille.
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Anarchie.
RandomEntre un monde coupé du vrai et une panique qui se propage par la peste à cause de défis plus fous les uns que les autres, accompagnés d'une personne que vous ne connaissez pas, avec la mort qui vous menace, choisiriez-vous la mort immédiate ou bien...