Prologue

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Elerinna se met en position. Tous ses mouvements sont d'une précision implacable due à des années d'expérience. Le chevreuil continue à brouter, mais elle voit au mouvement de ses oreilles qu'il est en alerte.  Elle empoigne son arc et encoche une flèche. L'animal relève la tête. Il a entendu un bruit. Elle aussi l'a entendu. Iris se met à feuler doucement à ses pieds. La jeune fille sonde la clairière, tous les sens en alerte, et soudain elle le voit. 

Il est là, à l'exacte opposé, face à sa proie. Elle voit ses yeux verts luire dans l'obscurité de la forêt. Elle se fige et attend en silence. Le chevreuil baisse la tête pour brouter. Iris se met a gronder de plus en plus fort. Elerinna s'apprête à bander son arc et à abattre sa proie lorsque le prédateur bondit. Il plante ses griffes dans le cou de l'animal et le plaque au sol avant de l'achever en plongeant ses crocs dans son flanc. Elerinna reste pétrifiée devant ce spectacle de pure violence. Elle voit les muscles puissants rouler sous l'épaisse fourrure grise. Iris se relève d'un coup et pousse un formidable rugissement qui sort sa jeune maîtresse de sa torpeur. Le prédateur relève la tête, le museau ruisselant de sang, et la fixe sans pour autant l'attaquer. Iris s'apprête à bondir à son tour, mais Elerinna l'arrête d'un geste de la main. Sans baisser son arc, elle se lève et indique à Iris de la suivre. Le chasseur la fixe toujours, comme s'il voulait lui passer un message. Puis, il plante ses crocs puissant dans la carcasse du chevreuil et bondit hors de la clairière. Iris cesse de feuler et Elerinna baisse son arc. Puis elle tourne les talons et rentre chez elle, encore perturbée par cette étrange rencontre.

La jeune chasseuse arrive à son logis un peu avant la tombée de la nuit. Elle habite, avec ses parents et son frère, une modeste chaumière dans le petit village de Torlieu. Iris à sa suite, elle rentre bredouille de la chasse. Sa mère l'accueille,comme à son habitude, avec une douce étreinte puis la débarrasse de son arc et de son carquois. 

-La chasse a été bonne ?  demande-t-elle à Elerinna, 

-Non, ma proie m'a échappé, répond-t-elle, préférant taire la véritable raison de son échec,

-Tu feras mieux la prochaine fois, affirme sa mère avec un grand sourire. 

Elerinna sourit à son tour et monte dans sa petite chambre pour se laver. Puis elle descend dîner. Son père est rentré de sa journée de garde. Il est soldat au palais Royal, à Castelrouge, la capitale. Il sourit à sa fille quand celle-ci entre dans la cuisine. 

-Ah! Te voilà! J'ai une grande nouvelle à vous annoncer à toi et à ton frère!

Celui-ci fait à son tour son apparition. Arwen sourit à sa sœur en guise de salut, avant de s'installer en face d'elle.

-Quelle est cette grande nouvelle papa? demanda-t-il,

-Le Capitaine de la garde m'a attribué une promotion! Vous avez devant vous le lieutenant de la garde de l'aile Nord du palais Royal!

La mère d'Elerinna pousse un petit cri de joie et plante un baiser sur la joue de son mari, qui arbore un sourire empreint de fierté. Arwen et sa sœur échangent un regard amusé. Puis, chacun finit son écuelle de soupe et se prépare pour la nuit. 

Avant de monter, la jeune chasseuse passe voir Iris, installée comme à son habitude sur le perron. Elle lui lance quelques morceaux de bœuf séché que la panthère noire engloutit avec un ronronnement de plaisir. En effet, Iris est un familier. Elle a choisi Elerinna à sa naissance et la suit partout. Elle est sa compagne de tout les jours. Sa maîtresse sourit et monte se coucher. Dans son lit, la jeune fille repense à son étrange face à face. Le prédateur rencontré plus tôt avait tout d'un loup, mais elle est presque sûre que cet animal ne vit pas dans la région. Puis abandonnant ses réflexions, elle se laisse glisser dans un profond sommeil. 

Le lendemain, Elerinna se lève aux aurores comme tous les jours. Elle descends et ouvre la porte d'entrée pour saluer Iris, et soudain elle se fige. Iris est déjà debout, en position d'attaque. Tous les muscles bandés, prête à bondir, elle grogne en montrant les dents. En effet, non loin de là, la carcasse d'un chevreuil repose sur l'herbe. Le chevreuil de la veille. Elerinna ne comprends pas comment il a pu arriver là. Son regard se tourne vers les bois, et soudain elle le voit pour la deuxième fois. Il est là, il la fixe de ses yeux luisants, comme s'il l'invitait à se servir de la viande. La jeune fille est pétrifiée. Elle se demande pour quelle raison il est revenu. Quoi qu'il en soit, le prédateur fait volte face et disparaît dans la forêt.

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