CHAPITRE 1 PARTIE 2

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Abigail, écrit par Anna

Mon réveil sonne. Je me lève à contrecoeur, m'habille, me brosse les dents, prends mon sac et attrape en vitesse un croissant en sortant par la porte arrière de ma maison. Je cours jusqu'à l'arret de bus. Encore une fois, je suis en retard. Je m'installe dans le bus, toute seule. Je regarde avec envie le groupe de filles derrière moi, qui parlent et rigolent ensemble, pendant que moi, je mange mon petit déjeuner en contemplant le paysage monotone et gris que représente ma ville. Je me dis "C'est ton choix, Abigail, ne le regrette pas. Tu aurais pu être comme elles, mais tu as choisi un autre chemin. La différence, c'est bien." Je me répète cette phrase, comme un mantra, en sachant pertinnement que je n'y crois pas un mot. Mon existence n'est pas un choix. Depuis toute petite, je me suis sentie exclue. C'est sûrement à cause de ma collection de bonnes notes, ou à cause de mes goûts ringards, ou peut-être à cause des deux, je ne sais pas
Il y avait bien Luna, ma première (et seule) meilleure amie, mais elle m'a laissé tomber car (je cite) "elle et moi ne fesions pas partie du même univers".
Perdue dans mes pensées, je descends du bus. Je franchis les portes du lycée, mon petit cartable à fleurs sur le dos, prête à affronter la journée sûrement pourrie qui m'attend. Je me fraie timidement un chemin entre les groupes d'élèves bruyants. Personne ne me remarque. Ça ne me dérange pas, j'ai l'habitude. Ça a toujours été comme ça. Enfin, depuis que j'ai eu mon premier dix, en première primaire. Après, ça s'enchaine : concours, récompenses, félicitations,... Tu es le chouchou des profs, l'élève modèle. Je suis la meilleure de ma classe. Certains diraient que c'est très bien, mais je ne suis pas d'accord. À cause de ma réputation d'"intellote paumée", je n'ai jamais eu de véritables amis. Bon, c'est aussi un peu à cause de ma timidité maladive... Mais je suis comme ça : paumée et associale.
Comme d'habitude, les GPH (Garces Populaires Hypocrites) se réunissent au bout du couloir. Je les entend comme si j'étais à côté d'elles, tellement elles crient. Parfois, je les envie, mais puis, je me dis que je ne suis pas faite pour cette vie là.
J'ouvre mon casier, dans lequel on peut entrevoir plusieures piles de livres et quelques posters de boys bands ringards. Bien sur, à quoi est-ce que vous vous attendiez? À des lettres d'admirateurs anonymes par centaines accrochées aux murs ou un poster dédicacé de Nicki Minaj? Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas ce genre de fille...
Premier cour, comme d'habitude. Je suis la seule qui participe, les autres me regardent d'un oeil mauvais. Quoi, ce n'est pas ma faute si je m'intéresse un minimum à ce que le prof raconte et que je travaille pour avoir un bon avenir!
Deuxième cour: pareil.
Troisième cour, je me ramasse un 30/30 à un test où toute la classe a un échec.
À la cantine, seule sur une table, je grignote un sandwich au beurre de cacahouètes en feuilletant un livre. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre? Aller m'asseoir à la table des GPH et commencer à gossiper sur tout le monde? Pas beaucoup de chances que ça arrive...
Grace, une fille très gentille que je ne connais pas très bien, passe près de moi avec son plateau et, à ma grande surprise, s'arête à ma hauteur. Ça alors, quelqu'un m'adresse la parole? C'est nouveau...
-Coucou Abigail, je voulais te demander...est-ce que tu as fait le deuvoir de sciences? Dit-elle en souriant à pleines dents.
Ah oui, bien sûr. Je me disais bien que c'était pas crédible que quelqu'un m'adresse la parole.
-Oui, voila... Dis-je distraitement en lui tendant une feuille.
Après encore quelques cours tout aussi monotones, je retourne à mon casier pour prendre des affaires pour le lendemain. Un garçon me bouscule en rigolant et claque la porte de mon casier. Mes cahiers tombent. Je me baisse pour les ramasser, sans dire un mot. Ça ne sert à rien, le résultat, dans le meilleur des cas, serait une pluie d'insultes.
Il est là, à se moquer de moi avec ses amis. Je l'ignore, prends mon sac et sors précipitamment du lycée en regardant par terre.
Ouf, une journée de plus à barrer sur mon calendrier plein de photos de châtons (arrêtez de me juger!!). Ce que j'ignorais, c'est que pour moi, cette journée était loin d'être terminée...

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