Aulus rejoignit Micianus au cirque Maximus. Ce dernier avait parié gros sur les courses de chars à six chevaux qui ne lassaient de passionner les romains. Les auriges étaient de vraies célébrités et étaient considérés comme des dieux vivants déchaînant la fascination et l'hystérie des foules nombreuses qui venaient les acclamer.
"J'ai parié pour les verts !" lança Micianus dans un état d'excitation anormal.
"Je vois... Oh... Mais, ce conducteur est particulièrement bien bâti ! Ne serais-tu pas attiré par d'autres qualités que son habilité avec un char ?" Le questionna malicieusement Aulus.
"Aulus, c'est sérieux ! J'ai engagé plusieurs milliers de sesterces contre Marcus. Je veux absolument gagner." s'énerva le parieur.
Après une course folle, les verts l'emportèrent de peu et Micianus hurla de joie parmi les spectateurs en liesse. Tous se levèrent pour applaudir les vainqueurs.
Marcus fulminait de l'autre côté de l'arène. Il jeta un regard noir vers les deux amis qui se congratulaient en riant.
La course fut suivie de différents intermèdes qui permirent à nos amis de se remettre de leurs émotions en allant se rafraîchir dans les allées ombragées du cirque.
Durant tout ce temps, un homme discret dont le visage était recouvert d'un voile ne les avait pas quitté des yeux. Ses bras et ses jambes étaient tannées par le soleil mais, laissaient entrevoir un individu encore jeune et robuste, pourvu d'une musculature impressionnante. Même sous de simples vêtements civils, son allure ne laissait aucun doute : il s'agissait d'un militaire.
A la fin du spectacle, alors que le soleil avait commencé à décliner, les deux jeunes patriciens quittèrent leur tribune. L'homme les suivit flanqué d'un compagnon tout aussi musclé, mais dont le visage était découvert. Ils se parlaient avec d'étranges signes de la main.
"Allons au théâtre maintenant ! " lança Aulus.
"Ne te retourne pas, nous sommes suivis" chuchota Micianus qui venait de découvrir le manège des deux hommes.
"Quoi ?"
"Deux beaux garçons, des soldats si j'en crois leurs sandales, ne nous lâchent pas depuis que nous avons quittés nos places !" gloussa Micianus.
"Où...Où sont-ils ?" s'inquiéta Aulus.
"Juste derrière." murmura son ami qui n'était pas plus rassuré.
"Partons, nous verrons bien s'ils nous suivent toujours." Ordonna Aulus après avoir jeté furtivement un regard vers leurs poursuivants et ayant pu apprécier à son tour leurs attraits.
Les deux jeunes patriciens montèrent dans leur litière et se dirigèrent vers le lieu où se tenait le théâtre. Ils étaient toujours suivis par les deux soldats qui avaient commandé à des porteurs de chaises de les filer.
Peu après, tous se dirigèrent vers le théâtre en plein air dont la représentation était déjà commencée. Ce n'était qu'un brouhaha énorme en provenance d'une foule bigarrée de simples citoyens, marchands chafouins, affranchis obèses, vendeurs ambulants, voleurs à la tire et prostituées. Tous se massaient sur l'étroite place où le jour venait de disparaître.
Habitués de ces lieux mal famés, Aulus et Micianus avaient retirés tous leurs bijoux avant de quitter leur litière dans une ruelle adjacente. Ils les avaient habilement cachés sous les plis de leurs longues toges colorées à la dernière mode romaine. Puis, ils s'étaient placés dans un recoin de la place grouillante assez loin de la scène. Ils y furent bientôt rejoints par les deux militaires. On les distinguait à peine à l'arrière dans l'obscurité des arcades qui entouraient la place.
La scène était surélevée sur des tréteaux éclairés par des torches. Les acteurs y jouaient une pièce obscène parsemée de mots vulgaires et de postures grotesques. La foule semblait pourtant apprécier l'intrigue, car elle s'exclaffait bruyamment à la vue de certaines situations cocasses ou huait certains personnages ridicules.
Semblant quant à lui peu intéressé par le spectacle, le plus grand des deux militaires s'enhardit et il s'approcha lentement afin de se placer juste derrière Aulus. Peu après, il commença à lui carresser doucement les fesses. Aulus sursauta devant tant d'audace. Le deuxième soldat ne voulut pas être en reste et en fit de même avec Micianus qui étouffa un petit rire nerveux.
Les gestes du premier soldat se firent bienpôt plus précis. Voyant qu'il ne rencontrait pas de résistance de la part du jeune homme, il glissa sa main le long de sa cuisse puis, la dirigea vers l'aine. Il sentit à ce moment l'émoi d'Aulus qui n'y tenait plus. Constatant avec satisfaction l'effet produit par son action, l'homme tira brusquement l'objet de son désir vers l'arrière. Il le mena sous les arcades et il le poussa fermement contre un mûr. Puis, il lui releva énergiquement la toge jusqu'à la taille. Dans la pénombre, il le prit brutalement sans dire un mot. Les deux hommes jouirent peu après ensemble.
Pendant ce temps, non loin de là, sous un porche, Micianus n'était pas en reste. Collé contre le compagnon d'arme du séducteur de son ami, il s'appliquait à le satisfaire de sa main experte pendant que ce dernier en faisait de même.
Aulus, ne le laissa pas aller plus loin car, il le tira bientôt par le bras pour quitter les lieux.
"Par tous les dieux Aulus, je n'en avais pas encore fini !" S'exclama Micianus en colère.
"Tais-toi et quittons cet endroit, vite ! On ne sait jamais comment cela peut se terminer avec ces fauves lâchés en pleine nature !" Chuchota-t-il fermement
Les deux garçons s'éloignèrent rapidement laissant les deux soldats hilares qui se tapaient dans le dos se félicitant de leur bonne fortune de cette fin d'après-midi.
Ils regagnèrent en courant leurs moyens de transport en surprenant les porteurs. Magnus quant à lui n'avaient rien raté des agissements scandaleux de son jeune protégé même s'il s'était tenu à l'écart. Aulus croisa son regard désapprobateur lorsqu'il monta dans sa litière.
Les deux jeunes patriciens se séparèrent assez vite. Micianus devait se rendre à un nouveau dîner mondain et Aulus avait à faire dans sa demeure.
"Tu vas me faire cette tête encore longtemps Magnus ?" demanda Aulus en écartant le voile de sa litière. Le géant blond se tenait droit, le visage fermé. Il n'avait pas desserré les dents depuis le départ du théâtre.
"J'ai fait très attention. Ce type était sans doute un officier et peut-être même de haut rang. Il m'a semblé avoir aperçu un anneau qui luisait dans l'obscurité. Et il sentait très bon."
Magnus le regarda toujours muet et l'air toujours aussi peu engageant. Aulus, vexé, referma nerveusement le rideau de sa litière.
L'équipage se dirigea ensuite vers la villa via un dédale de rues encombrées.
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Le trône divin (BxB)
Historical FictionLe trône divin décrit l'irresistible ascension d'un jeune et beau patricien romain. Il devra franchir quantité d'obstacles et procéder à bien des renoncements avant d'atteindre presque malgré lui les sommets de l'Empire. Sa forte attirance pour les...