Jadwa : Je suis pas dur avec lui. Pourquoi tu racontes n'imp comme ça ?
Anis : Je sais pas ce qu'il s'est passé entre vous. Mais plusieurs fois, quand il était défoncé je l'ai entendu dire : « Pardon Jadwa j'regrette. » Je sais que c'est entre toi et lui mais wAllah ça me fait de la peine de le voir comme ça.
Waah, j'étais sans voix. Je croyais qu'il s'en foutait complètement mais entendre qu'il était mal et qu'il regrettait, même si j'avais un peu du mal à y croire, ça me prouvait que mon frère ne s'en fichait pas de moi. Ce n'est pas le monstre vide de sentiments que je pensais, il connaissait le regret. Même si lui et moi, on n'était distant, je l'aimais plus que tout. Mon frère restera mon frère, qu'importe ses actes et ses dires, ça restera le sang. Je sais qu'il sera toujours là pour moi et vice versa. Même si on ne ce l'ai jamais, on sait tout ça.
Jadwa : C'est comme ça. Il a qu'à assumer.
Anis : Il s'est passé quoi sans être indiscret ?
Jadwa : Rien, c'est juste que Monsieur il accepte pas la vérité. Il a pas assumé le fait que je l'ai mis face à ses actes donc il m'a tarté. C'est tout.
Anis : Uhm. Mais pardonne lui au moins.
Jadwa : Bref.
Anis : Nan mais c'est vrai Jadwa. Imagine il lui arrive un truc ou il t'arrive un truc à toi. Tu serais deg nan ? C'est idiot, tu sais pas quand vous allez partir. La vie est trop courte pour se prendre la tête, c'est ton frère. Fais pas la conne, imagine qu'il meurt demain et que vous êtes en embrouille, tu le regretteras toute ta vie.
Ce qu'il venait de me dire m'a fait l'effet d'une bombe. C'est vrai, il se peut que l'un de nous meurt à tout moment, il se peut qu'il parte demain et je regretterais toute ma vie. Pour une pauvre dispute, j'ai boycotté mon propre frère alors qu'il fait tout pour nous sortir de là. Malgré sa fierté il a essayé de faire le premier pas et me reparler, je sais que c'est ça manière de s'excuser. Et moi, tout en sachant ça et par orgueil et fierté, je l'ai repoussé. Je me sentais tellement bête.
Anis : Sois pas bête comme je l'ai été. Tu sais ta famille c'est ce que tu as de plus précieux sur cette Terre après Dieu. Elle sera toujours là pour toi, tu pourras toujours compter sur elle, c'est elle qui se sacrifiera, qui te donnera toujours tout sans jamais rien te demander en retour. Elle te protegera contre tout quoi qu'il arrive. Ne romps pas les liens que tu as avec ta famille.
Jadwa : Qu'est ce que tu veux dire par "Sois pas bête comme je l'ai été" ?
Je voyais dans ses yeux qu'il en avait lourd sur le cœur.
Anis : Rien j'ai fais le bouffon et je regrette aujourd'hui.
Jadwa : Raconte
Anis : Nan, laisse tomber.
Jadwa : Ça se fait pas moi je te raconte tout et toi tu me dis rien.
Il pris une inspiration et commença à me raconter.
Anis : Je m'en souviendrais toute ma vie, on était en juillet, c'était les vacances et tout. J'avais loupé mon bac, je faisais que trainer à droite, à gauche. Mon père, Allah y rahmo, en avait marre, déjà que le fait que j'ai raté mon bac il était pire que déçu mais en plus de ça je n'en foutais pas une. Mes parents ne travaillaient pas, financièrement c'était pas le top. Et moi au lieu de les aider et de trouver un taf bah je faisais rien, j'aidais pas à la maison, j'aidais pas pour les factures bref j'étais inutile en gros. Je commençais à trainer avec des gens pas très fréquentable, je commençais à faire n'imp, mon père voyais mon changement mais il ne disait rien enfin il ne pouvait rien me dire parce qu'à chaque fois qu'il essayait je fuyais. Et une semaine avant le Ramadan avec les gars du quartier on voulait partir dans le Sud histoire de profiter avant le Ramadan. Et le jour du départ, j'm'étais embrouillé avec mon père , il voulait pas que je parte parce qu'il avait besoin de moi. Et moi comme un con, au lieu d'être présent pour mon père, j'ai préféré partir avec mes potes. Bref, en gros il m'avait dis que si je partais c'était même plus la peine que je remette les pieds à la maison et moi j'ai voulu faire le bonhomme. Je lui ai dis des choses horribles, des choses qui ne se disent même pas, wAllah j'ai tellement honte. Et après lui avoir dis tout ça, j'ai pris mes affaires et j'suis parti.
Bref, j'étais dans le sud, je profitais avec mes potes tout ça, j'étais trop fier pour rentrer ou ne serait-ce que d'appeler et m'excuser auprès de mon père. Je me disais ouais à la fin de la semaine je rentrerais et j'irais m'excuser. Si tu savais comment je regrette maintenant. Parce qu'au final, j'ai jamais eu la possibilité de m'excuser. Ma mère m'appela le 9 septembre, le jour de mon retour et elle m'annonça que mon père était mort. Et tu sais c'est quoi le pire dans cette histoire ? C'est déjà que de un j'ai jamais pu et je n'aurais jamais plus l'occasion de m'excuser. Si je pouvais, je donnerais tout pour revenir pour revenir à ce 2 aout 2010 pour me redonner une chance de revoir mon père parce que ce jour là, ça était la dernière fois que je l'ai vu. Et la dernière fois que je l'ai vu je l'ai traité de tous les noms, j'ai fait preuve d'un manque de respect inimagineable. Mais tu sais c'est quoi le pire ? Le pire c'est que quelques jours avant sa mort, il a fait un malaise et est parti à l'hôpital, ma mère a voulu m'appeler pour que je rentre mais tu sais ce que mon père lui a dit ? Il lui a dit de me laisser profiter de mes vacances, que j'avais besoin de décompresser, de me vider la tête. Tu te rends compte ? Même sur son lit de mort, il arrivait encore à penser à mon bien être. Alors que moi à aucun moment j'ai pensé à lui, j'suis parti comme un égoïste sans penser à sa santé ou qu'il avait besoin de moi.
Alors que c'est lui qui m'a élevé, lui qui a quitté son pays pour venir travaillé en France pour un salaire de misère, lui qui a subi le racisme et l'injustice. Il s'est cassé le dos s'est bousillé la santé pour nous pendant toutes ces années pour nous mettre bien et moi comme un con j'avais pas pris conscience de tout ça. Toute sa vie en France on l'a traité comme un sous-homme, on l'a méprisé pourtant à aucun moment il n'a laché, il s'est toujours battu, il a gardé la tête haute et nous a sorti de la merde. Et moi, regarde-moi, j'ai même pas pu lui rendre le centième de son sacrifice. Moi tout ce que j'ai pensé c'est moi et ma sale gueule. Jamais plus je ne pourrais lui montrer toute ma gratitude, jamais plus je ne pourrais m'excuser, jamais plus je ne pourrais le revoir. Tu te rends compte, mon père est mort et je n'étais même pas à ses côtés, j'étais en train de faire la fête pendant que lui rendait l'âme.
Je voyais que la colère commençait à prendre le dessus sur sa tristesse. D'habitude lui qui était tellement discret et réservé, c'était pour la première fois que je le voyais aussi expressif. Je voyais dans ses yeux la rage et la haine. Je voyais qu'il s'en voulait, ça se voyait que s'il pouvait il donnerait sa vie pour que son père revienne.
Son histoire m'avais profondemment boulversée. Ça doit être traumatisant, je crois bien que c'est la pire chose qui puisse arriver à un enfant. Ne pas être présent dans les derniers instants de leurs parents. Je pouvais ressentir sa douleur. J'étais tellement peinée pour lui. Mais grâce à ça, j'ai pu prendre conscience pour mon frère, je ne voulais pas que cela m'arrive, son histoire m'a servi de leçon.
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C'était Toi et Moi contre le reste du Monde ©
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« C'était Toi et Moi contre le reste du Monde. »
RomanceJ'essayerai de t'oublier, je tirerai un trait sur tous nos moment passés, comme si rien ne s'était passé. Mais mon coeur va exploser, je n'arrive plus à faire semblant, j'ai beau mettre toute la volonté du monde mais ton image continue de me hanter...