VingtièmeChapitre
Je rentrais chez moi aux alentours de 16 heures, un peu ennuyée. La journée avait été longue et chaque fois que j'avais voulu rentrer chez moi, Cynthia avait insisté pour que je reste. Je pense qu'elle ne comprend pas ma situation et la solitude que j'ai pu ressentir aujourd'hui. En effet, après que Maxence soit arrivé, j'avais été la cinquième roue du carrosse et j'avais passé la journée à les regarder avoir des fous rires, faire des jeux ou se taquiner. J'avais vu Drake sourire, rigoler, et j'avais réalisé que ce n'était pas tellement son caractère qui le rendait si stoïque et silencieux à chaque fois que je le voyais, mais plutôt l'ennui. Une fois avec ses amis, il s'était détendu, sans non plus devenir le plus bavard. Je me rendais compte de l'impression quasiment inconsciente que j'avais ressenti ces derniers jours. J'avais en quelque sorte espéré, comme une idiote, qu'il se comportait de façon spéciale en ma présence. Comment pourrait-il ? Sans m'appitoyer sur moi-même, on avait jamais vraiment eu de discussion ou d'expérience, et on ne partageait rien.
Je poussais la porte, encore plus dépitée que quelques minutes auparavant, et entrais mollement. Trois visages se tournèrent alors derechef vers moi. Je les fixais, d'abord étonnée. Mon père avait les yeux rougies, ma mère avait le maquillage qui avait coulé, etmon frère détourna la tête, aggripant ses cheveux et fondant en larmes. J'étais restée immobile, ne sachant pas vraiment comment réagir. J'avais la sensation d'être dans un rêve, ou plutôt un cauchemard. Je me sentais comme déconnectée d'une réalité que jene voulais pas connaître, une réalité dont je voulais m'éloigner.Dans un reflexe stupide, j'ouvrais de nouveau la porte que je n'avaispas eu le temps de fermer complétement, et partais lâchement.L'image restait fixée dans mon esprit, tous les trois assis sur lecanapé, avec leurs larmes et leur douleur. Je marchais sans vraimentcomprendre, sans comprendre non plus pourquoi je m'étais enfuie dela sorte. Les pièces se reconstituaient petit à petit. PourquoiAbby n'était-elle pas là ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Levisage paralysé, je marchais, encore et encore, sur le bord de laroute, comme possédée par un questionnement sans fin, par quelqu'unqui n'était pas moi. Je voulais faire demi-tour, je voulais avoirdes réponses, je voulais les soutenir. Mais mon corps refusa dem'obéir. Une voiture s'arrêta, mais je continuais, commeinconsciente de ce qui m'entourait.
"Mademoiselle ? Vous allez bien ? "
J'entendis une porte claquer, et quelqu'un courir derrière moi. Je me mis à courir aussi, sachant pertinemment qu'il n'était pas un danger. Maisje voulais m'enfuir, m'éloigner de lui, des autres, du monde, de la réalité.
Les bruits de pas finirent par s'arrêter, et il abandonna, retournant de nouveau à sa voiture et s'éloignant. Je ralentis alors la cadencejusqu'à marcher. Enfin je levais le regard, observant les immeubles à quatre étages, les parkings et les voitures roulant à toute vitesse. Je me sentais ridicule. J'étais partie et les avais laissé,sans même attendre de savoir ce qui s'était passé. Comme prise d'un soudain espoir, je faisais demi-tour. Peut-être que j'avais imaginé le pire et que tout ça n'était qu'un malentendu. Oui c'était ça, un malentendu.
J'étais de nouveau devant ma porte d'entrée. Immobile. Prostrée là comme si je craignais de rencontrer un monstre derrière ce rectangle en bois. J'ouvrais finalement la porte, la boule au ventre et la gorge serrée. Cette fois-ci, je me retrouvais seulement face à mon père qui descendais les escaliers avec un sac a dos à bout de bras. Il releva la tête en entendant la porte s'ouvrir, et je constatais qu'il avait toujours les yeux humides.
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Désillusion
Teen FictionQue faire lors du changement ? Le detester, ou le trouver charmant ? La différence qu'on t'a attribué, N'est pas toujours celle que tu aurais souhaité. Amanda Arrington en voit de toutes les couleurs. Enfin c'est ce qu'elle croit. Alors comment...