Chapitre 16

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Sabrine :

Mes yeux se bloquent sur l'immense bâtiment en face de moi. Cela fait déjà cinq minutes que le taxi m'a déposé devant cet hôtel, mais mes jambes n'arrivent toujours pas à bouger. Ok. Un coup de klaxon me fait immédiatement bouger de la route. Je grommelle une phrase intelligible à l'intention du chauffeur, et entre dans l'hôtel.

Le hall est tellement grand que j'en ai les vertiges. C'est juste magnifique. J'en ai le souffle coupé. De la mosaïque colorée recouvre tout l'hôtel. Des lampadaires géants dorés sont suspendus au plafond qui lui-même est fait de bois aux motifs sculpté à la perfection. C'est un mélange de moderne et de traditionnel. Des bougies énormes en cire sont placées soigneusement sur les côtés. L'odeur de cuire qui provient des poufs disposés un peu partout dans la salle d'accueil est délicieuse. Les rayons du soleil se reflètent dans les bouts de verres colorés sur le mur. On se croirait vraiment dans le palais de Shéhérazade. Je me croirais presque une princesse en train de vivre une aventure féerique. En fin presque. Si on fait abstraction à mes converses grises que je porte toujours.

Je décide de me détacher de ce monde beaucoup trop beau pour moi pour parler à la réceptionniste. Un sourire jaune se dessine sur son visage en me voyant venir.

-         Que puis-je pour vous mademoiselle ? dit-elle de son ton le plus faux.

-         Je voudrais s'il vous plaît annoncer mon arrivée à Monsieur..

Comment s'appelle-t-il déjà ? Tout ce trajet et ce voyage m'a presque fait oublié le nom du PDG de cette importante maison d'édition.

-         Monsieur ? demande-t-elle en arquant son sourcil bien épilé.

-         Monsieur Choukri, dis-je en me rattrapant.

-         Ah Monsieur Choukri, dit-elle toujours avec cette fausse intonation dans la voix. Cet important directeur, ajoute-t-elle en appuyant sur le mot important. Il vous attend depuis déjà une belle quinzaine de minutes. Si j'étais vous je serais en train de courir en ce moment là.

Mais elle se croit qui elle ? J'ai une horrible envie de lui arracher ces globes oculaires mais je m'abstiens de le faire afin de paraître polie.

Alors je me contente de me pincer les lèvres et d'opiner sans ajouter un mot.

-         Deuxième étage à gauche. Ne me remerciez surtout pas. Je continue de marcher sans me retourner, ignorant l'appel de tous mes membres qui m'ordonnent de la frapper.

Je ne sais pas pourquoi je m'énerve aussi vite. Moi qui d'habitude ne fait rien de mal, j'ai eu la forte envie de lui donner une claque. Mais je crois que je ne suis jamais sortie toute seule de mon cocon à Fès. Toujours encerclée par les mêmes personnes, ma famille, Jad et mon patron à la bibliothèque. Peut être qu'au fond, c'est cela ma nature. Impulsive. C'est juste que je n'aie pas eu les circonstances convenables pour l'expérimenter.

Je regarde autour de moi. Et soudainement je me sens hors contexte. Les gens ici sont très chics et surtout très occupés. Ils vont et viennent leurs valises à la main ou leurs téléphones à l'oreille. Heureusement que la veste que m'a prêtée la gentille étrangère me permet de paraitre pas plus professionnelle je dirais, mais moins ridicule avec mon t-shirt de Superman. J'appuie sur le bouton une seule fois seulement. Je ne suis pas de ces personnes qui croient qu'en appuyant une centaine de fois l'ascenseur s'ouvrira plus vite.

Les numéros des étages défilent devant mes yeux. Quand le compteur indique le nombre 0, les portes s'ouvrent enfin sur un vaste, très vaste ascenseur. Il pourrait même avoir la taille de notre salon. Je préfère arrêter de comparer cet hôtel à notre appartement. Puisque de un c'est incomparable, et de deux cela fait réveiller en moins une pointe de nostalgie.

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant