Pendant ce temps, les nouvelles de Rome arrivèrent au quartier général d'Aétius. Le contenu des missives ne sembla pas réjouir le général. Une lettre annotée de la main même de l'empereur l'agaça même au plus au point : « Si mon jeune cousin aime tant les princes germains, qu'on le laisse s'y frotter ailleurs que dans un lit ! ».
Peu après, il donna des ordres pour faire lever les arrêts d'Aulus.
Crassus se rendit auprès du jeune tribun pour lui annoncer la nouvelle et le raccompagna jusqu'à son cheval avec des lettres de mission pour le retour vers son camp. Aulus rangea rapidement ses affaires, pas fâché de quitter l'inactivité même si la (re)lecture des mémoires de Tacite combla cette période.
De retour dans son camp fortifié du Limes, Aulus remit ses lettres de mission à son remplaçant qui sembla enchanté d'enfin quitter les lieux. En effet, le fortin isolé aux confins des régions barbares toujours en ébullition étaient une vraie punition pour tout officier romain un peu ambitieux.
Heureux de se retrouver libre de ses mouvements, le jeune officier fit rapidement le tour du camp afin que chacun puisse se rendre compte de son retour.
Il convoqua peu après Magnus sous sa tente.
« Où est-il ? » demanda-t-il.
« Dans une des tribus Burgondes... Il a reprit les armes et a retrouvé son rang de chef. C'est devenu un chien enragé... Il a juré de s'attaquer aux armées romaine dès qu'il aura réuni suffisamment d'hommes pour le suivre... »
Il poursuivit sur la base d'une carte grossière : « d'après ce que j'ai pu voir, les tribus Burgondes sont partagées entre celles qui veulent faire allégeance à Rome et les autres qui voient d'un mauvais œil cette association. Des rapprochements entre différentes tribus ont néanmoins eu lieu et je crains qu'ils ne décident de se lancer dans une séries de petites attaques pour harceler nos troupes en patrouille le long du Limes... Si ces attaques portent leurs fruits, nul doute qu'ils auront rapidement du renfort... »
« Il faut les contrer avant que le phénomène ne prenne de l'ampleur. Ils verront bien qu'ils ne peuvent rien contre la puissance de Rome. » Fit Aulus.« ...Aetius est-il au courant ? »
«Oui, tribun, j'ai fait mon compte-rendu auprès de la ligature. J'ai néanmoins passé sous silence mon entretien privé avec Yaël... »
« Tu as bien fait... » murmura le jeune homme.
Magnus quitta la tente.
Peu après cet entretien, le jeune tribun fit venir son second ainsi que les centurions et récurions sous sa responsabilité en vue d'une analyse de la situation plus formalisée. Des plans d'attaque furent envisagés ainsi qu'un état des lieux des troupes, de l'armement et du ravitaillement.
Quelques semaines plus tard, comme l'avait prévu Magnus, les escarmouches entre les insurgés et les troupes romaines commencèrent à se multiplier. Les ordres d'Aetius ne se firent pas attendre. Et comme l'avait suggéré son impérial cousin, Aulus fut placé en 1ère ligne pour mettre un terme aux troubles qui sévissaient dans la région.
Comme à son habitude, et contrairement aux ordres d'Aétius, Aulus géra les opérations selon des méthodes hors du commun, obligeant l'adversaire à sortir de sa stratégie de guérilla. Utilisant les armes de l'ennemi, il ne mit pas longtemps à repousser les barbares au plus profond des forêts germaines et bien au-delà du Limes où ces derniers avaient voulu s'aventurer.
Engagé dans un combat jusqu'au-boutiste avec son ancien maître, Yaël et ses compagnons virent bien vite, peu à peu, leurs soutiens Burgondes les abandonner un à un. Les manœuvres entreprises en parallèle par Aulus avec certains chefs Burgondes plus enclins à maintenir un status quo avec Rome finirent de compléter le dispositif visant à l'extermination des dernières poches de résistance.
Après quelques mois, au terme d'une série de batailles sanglantes, Aulus et Yaël se retrouvèrent enfin face à face pour un dernier combat. Aétius qui ne souhaitait pas que l'ensemble des honneurs ne retombe sur son subordonné y participa aussi.
A l'aube de lancer ses dernières forces dans la bataille, Yaël croisa de loin le regard décidé de son ancien maître. Ce dernier le toisa du haut depuis son splendide destrier. Il était fin prêt à en terminer avec lui.
Les germains furent exterminés jusqu'au dernier.
A l'issue de la bataille, s'approchant de la dépouille agonisante du jeune chef germain, Aulus l'acheva avec la dague de son père les yeux dans les yeux. Puis, il le décapita et planta sa tête sur une pique qu'il amena en trophée jusqu'aux pieds du généralissime. Ce dernier satisfait de cette nouvelle victoire ordonna des razzias dans les villages Burgondes environnant ce qui permit un nouvel afflux de richesses parmi les troupes romaines.
Les têtes coupées des derniers rebelles germains plantés sur des pieux près du camp retranché romain finirent de terroriser les populations.
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Le trône divin (BxB)
Ficción históricaLe trône divin décrit l'irresistible ascension d'un jeune et beau patricien romain. Il devra franchir quantité d'obstacles et procéder à bien des renoncements avant d'atteindre presque malgré lui les sommets de l'Empire. Sa forte attirance pour les...