Peu avant de quitter Rome, après des fiançailles somptueuses, Aulus accepta enfin l'invitation pressante de Titus Batiatus, le riche marchand. Comme il l'avait prévu, le syrien envoya ses hommes pour accompagner son jeune invité. Il s'agissait de solides esclaves orientaux lourdement armés et richement vêtus. Avec cet équipage, Aulus se rendit à la Villa de Batiatus.
C'était une demeure qui semblait cossue de l'extérieur et qui avait autrefois appartenu à un renégat.
Sur le seuil de sa demeure, Batiatus salua son invité avec milles courbettes toutes orientales : « Je suis charmé d'avoir enfin pu te recevoir dans ma maison, glorieux tribun.... »
« Désolé de n'avoir pu honorer ta demande plus tôt mais, des affaires familiales m'ont fort occupé ces derniers temps. »
« Tes fiançailles avec la jeune Gallia, je suppose ? J'en profite pour te réitérer toutes mes félicitations... »
« Je te remercie...mais...où sont donc les autres invités ? » interrogea Aulus l'air visiblement inquiet.
« Mais...tu es mon seul invité Excellence. Mon invité d'honneur...Ne t'inquiète pas, les agapes et les festivités seront néanmoins, somptueuses... »
« Oh mais je ne m'inquiète pas, je pensais seulement que... »
« Oh, je ne l'avais pas précisé dans mon invitation...cela te dérange ? »
« Non, aucun problème... » Répondit Aulus restant néanmoins légèrement sur ses gardes.
« Très bien alors, passons dans la salle à manger... »
Puis continuant sur un ton léger : « Ta tunique est magnifique. Cette couleur met encore plus en valeur ta sublime beauté... »
« Merci. »
« Comment trouves-tu ma maison ? »
« Très belle. J'apprécie particulièrement cette fresque. Il me semble qu'elle n'existait pas lorsque Drusus y vivait ? »
« Oui, j'ai fait venir les meilleurs artistes de toute l'Italie pour entièrement la redécorer. Ce Drusus avait tellement mauvais goût... »
« Tellement mauvais goût qu'il en est mort. On dit qu'il a été exécuté en ce lieu même... »
« Ah vraiment ? » fit le syrien en grimaçant.
Voyant qu'il avait quelque peu cassé l'ambiance, Aulus changea subitement de conversation : « Ces oiseaux sont particulièrement délicieux... »
« Oui, ce sont des volatiles de première qualité... »
« Je me doute que ce que tu vas me servir sera du tout premier choix, tout le monde sait bien que tu es un des hommes les plus riches de tout l'empire Romain ! »
« Oui et mes richesses vont bien au-delà des frontières de l'Empire. Je commerce avec les princes des plus grandes régions d'Orient et même jusqu'aux confins de l'Inde. »
« Très impressionnant ! » ironisa Aulus.
« Quand cesseras-tu cet air arrogant et méprisant avec moi, tribun ? »
« Méprisant ? Moi ? Mais... »
« Tu ne cesses, depuis que tu es là, de m'accabler de tes remarques de patricien imbu de son pouvoir et de sa classe...Je ne suis peut-être qu'un étranger mais, je suis un citoyen Romain et de ce fait digne de respect ! »
« Mais loin de moi l'idée de te manquer de respect ! Pardon si je t'ai paru hautain et mal poli. »
« J'accepte tes excuses et ...accepte aussi les miennes en échange pour t'avoir agressé de la sorte. Sans doute tes manières sont elles communes au sein de la noblesse romaine mais, j'avoue que, nouvellement arrivé à Rome, j'ai bien du mal de m'y habituer ! »
« N'en parlons plus alors... Je vais faire des efforts pour ne plus être impertinent et toi tu éviteras de... me jeter ton or à la figure.»
« C'est parfait pour moi. Alors que dirais-tu d'un peu de musique. J'ai les meil... » Fit-il en s'arrêtant net et en éclatant de rire avec Aulus.
Les musiciens entrèrent suivis de jeunes éphèbes magnifiquement parés des voiles les plus fins. Ils commencèrent une danse très sensuelle aux sons orientaux.
« Moi aussi, j'ai vécu en Orient autrefois... Cette musique me rappelle bien des souvenirs...» murmura Aulus songeur.
« Des souvenirs heureux, j'espère ? »
« Oui, très heureux. Après la violence de Rome, la douceur de vivre de l'Orient me laisse un souvenir très joyeux... J'ai été véritablement très heureux là-bas... »
« Rome offre aussi beaucoup de sources de plaisirs... »
« Oui mais, bien trop de plaisirs aux yeux de ma mère ! Elle n'a qu'une hâte, c'est que je retourne en Germanie... Elle m'a d'ailleurs fait une scène lorsqu'elle a vu Selim ! »
« Selim ? »
« Oui, le jeune esclave dont tu m'as fait cadeau... »
« Ah oui, lui ! Te donne-t-il toute satisfaction ? »
« Oui, une totale satisfaction ! » répondit malicieusement Aulus suivi d'un long silence. La réponse pleine de sous entendus du jeune tribun fit soudain s'enhardir son hôte.
« Tu m'en vois ravi. Même si... Je suis jaloux de ne pas être aussi proche de toi qu'il ne l'est ? »
« Tu voudrais être mon esclave ? »
« Oui, ton esclave...d'amour. Tu m'as tellement troublé beau tribun...et ceci depuis le premier jour... » lança le Syrien, le regard noir brûlant d'un désir qu'il ne pouvait plus contenir.
« Mais, je... » fit le jeune homme désarçonné par une réponse aussi franche.
« Ne suis-je pas assez bien pour toi ? »
« Tu es très attirant Batiatus... Mais, je suis fiancé maintenant et... »
« Tu plaisantes, j'espère ? »
Aulus ne put réprimer un rire nerveux qu'accompagna bientôt celui de l'oriental.
Puis, ce dernier sans quitter Aulus du regard vint le rejoindre sur sa couche. Il le fit basculer doucement en arrière puis, il l'embrassa sur la bouche avec fougue.
Batiatus avait bien d'autres qualités que ses immenses richesses. Nul doute que ses charmes avaient dû lui faire gagner bien des marchés...
Tard dans la nuit, épuisé, Aulus s'était endormi dans la chambre du Syrien. Ce dernier, lui, n'avait pas fermé les yeux, admirant avec fierté les courbes de sa conquête toute une partie de la nuit.
Au petit matin, lorsque le patricien ouvrit les yeux, son amant avait disparut le laissant seul dans l'immense chambre tout aussi somptueusement décorée que le reste de la villa.
« Toi ! Où est ton maître ? » Demanda agacé Aulus à un serviteur qui se tenait près du lit.
« Mon maître est parti traiter ses affaires. Il m'a demandé de t'aider à te parer et m'a donné cette lettre pour toi... »
Aulus tira la lettre sans ménagement et il la lut brièvement des yeux : «J'ai passé un excellent moment dans tes bras. Ta réputation est bien à la hauteur de ce qu'on m'en avait dit. Cependant, je préfère en rester là, tout comme toi, je suppose. Porte-toi bien. »
Puis, il pensa : « Le salaud... Il m'a pris pour une catin... Surtout qu'il a du penser avoir déjà payé d'avance !»
« Donne-moi une tablette et un stylet, esclave ! » ordonna Aulus visiblement très en colère.
« Oui, tout de suite, Excellence. " Obéit l'esclave un peu inquiet de la réaction du jeune patricien.
Puis, le jeune patricien écrivit sur la cire : « Espèce d'ordure, de sale métèque... » Qu'il étala puis recommença.
« Du calme Aulus... » Pensa-t-il tout en expirant. Puis, il reprit : « Quant à moi, je me suis parfaitement ennuyé dans tes bras. Ta réputation n'était largement pas à la hauteur de ce qu'on m'en avait dit. Dans ce cadre, je suis bien d'accord avec toi pour en rester là ! »
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Le trône divin (BxB)
Fiksi SejarahLe trône divin décrit l'irresistible ascension d'un jeune et beau patricien romain. Il devra franchir quantité d'obstacles et procéder à bien des renoncements avant d'atteindre presque malgré lui les sommets de l'Empire. Sa forte attirance pour les...