Le trône divin (BxB)

21 - Magnus

Après son dernier moment de plaisir, Aulus regagna la Germanie pour reprendre son service auprès d'Aétius, le nouveau « Germanicus ». Profitant d'un nouveau voyage du centurion Vorénus, il remonta vers le nord accompagné de Selim son nouveau serviteur. Ce dernier plus habitué aux contrées ensoleillées et aux coussins douillés supporta difficilement les conditions climatiques et les chemins chaotiques rencontrés sur le trajet. Cependant, il ne se plaignit jamais essayant tant bien que mal d'assurer sa charge malgré tout.

De retour en Germanie, après un bref passage au quartier général, Aulus retrouva ses hommes. Une épidémie d'une fièvre étrange les avait partiellement décimés. Les mesures d'hygiène en vigueur avaient endigué les ravages de la maladie mais, nombreux parmi les moins solides étaient passés de vie à trépas. Cette terrible nouvelle obligea Aulus à se remettre rapidement au travail afin de disposer de troupes opérationnelles qui lui permettraient de répondre aux exigences de la surveillance de la frontière.

Magnus, heureusement, avait échappé au fléau même si une grande partie de ses troupes auxiliaires était anéantie. Toujours fidèle au poste, le germain avait veillé aux intérêts de son protégé durant son absence.

Après lui avoir donné des nouvelles de la maisonnée, Aulus lui présenta son nouveau serviteur. Bien que ce dernier fût épuisé par un si long voyage, il n'avait rien perdu de ses attraits ce qui troubla Magnus. Ce dernier, gêné, s'orienta bien vite vers une autre conversation. Le malaise de Magnus n'avait pas échappé au jeune esclave qui n'en était pas moins impressionné par sa rencontre avec le grand et beau guerrier germain. Pour sa part, Aulus n'avait rien remarqué et continuait à deviser gaiement avec son ancien garde du corps.

Dans les jours qui suivirent, Magnus épia discrètement Selim lors de chacun de ses déplacements dans le camp. Il rabrouait les légionnaires qui venaient parfois l'importuner. A l'issue d'une altercation avec des soldats un peu trop entreprenants, le jeune homme remercia Magnus pour son intervention. Cette nouvelle rencontre avec le jeune serviteur aux manières gracieuses et à la voix ensorcelante acheva de perturber encore plus le germain. Ce dernier prétexta une expédition de surveillance pour s'éloigner quelques temps du camp.

Cependant, même loin, le souvenir de Selim le hantait à chaque seconde. En fait, durant son absence, son désir pour le jeune esclave n'avait fait que croître. Ce dernier de son côté avait pressé Aulus de questions au sujet du germain. Le tribun avait répondu à ses interrogations sans prêter plus d'attention à cette soudaine curiosité. Si bien que, lorsque que Magnus, de retour, croisa de nouveau le regard de braise du bithynien, il sut que toute résistance serait veine. Il profita d'un déplacement du tribun pour se rapprocher encore plus du jeune serviteur.

Leur première étreinte fut brève et violente. De peur d'être découverts, ils n'avaient pas quitté leurs vêtements. Un peu honteux de s'être laissé aller à un corps à corps aussi bestial, Magnus s'enfuit peu après laissant Selim sur le sol essoufflé mais, totalement satisfait.

D'autres rencontres moins furtives suivirent mais, toujours aussi discrètes. Cependant, la proximité du germain avec le serviteur du tribun faisait déjà l'objet de rumeurs dans le camp.

Lors du retour d'Aulus, les deux amants avaient bien du mal de cacher leurs sentiments. Les yeux brillants de l'un et de l'autre ne pouvaient facilement se dissimuler. Le tribun, se doutant enfin de quelque chose, revint un jour à l'improviste pour en avoir le cœur net. Il les surprit enlacés sous sa tente.

« Toi, va-t-en !» ordonna-t-il à son esclave.

Puis à l'attention de Magnus qui ne savait plus où se mettre : « tu aurais pu me demander la permission ! » fit-il feignant la colère. Puis, il enchaîna sur un énorme rire : « J'ai bien vu qu'il te plaisait... » dit-il en tapant dans le dos du germain.