25 - Par la grâce des dieux et des hommes

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La galère romaine accosta quelques jours plus tard sur les côtes de Syrie.

A peine débarqué, ils furent reçus par Micianus qui avait été prévenu de l'arrivée du bateau par ses soldats.

« Aulus mon frère... Te voilà enfin et vivant ! »

« Micianus, je suis heureux de te voir »

« Ta famille est en sécurité dans la demeure de mon oncle. Allons le retrouver de suite. Gératus ? Mais, que fait-il là celui là ? » fit-il en désignant le marchand.

« C'est le complice de mon puissant cousin dans cet attentat... Je l'ai amené afin qu'il témoigne auprès de ton oncle.»

« Parfait ! Même si tu sais que mon oncle te croira sur parole. La main de l'Empereur ne fait aucun doute dans cette affaire. Ta mère l'en a déjà persuadé. »

« Oui, cela ne m'étonne pas. Ton oncle est-il prêt à tenir ses promesses ? »

« Tout à fait, et il a de grands projets pour toi ! »

Micianus accompagna son ami jusqu'au palais consulaire.

« Jeune Marius, tes exploits sont venus jusqu'ici. Nous sommes très fier de ta venue parmi nous.» déclara le consul d'un ton chaleureux.

« Consul, merci de m'accueillir ici ainsi que ma famille... »

« Mais c'est tout naturel. D'ailleurs, je n'ai jamais porté ton cousin dans mon cœur... »

« Où es-tu prêt à aller ? »

« Jusqu'au bout du monde... Je suis prêt et mes légions aussi... Et c'est toi qui montera sur le trône de l'empire... »

« Moi ? Mais je... » Aulus ne s'attendait pas à de telles intentions.

« Je te porterai jusqu'au trône de l'empire. Toi le fils de Marius, petit fils d'empereur. Le héros des légions de Germanie...»

« Consul, je suis très touché de l'honneur que tu me fais mais, je n'ai jamais souhaité prendre le diadème. Je veux seulement vivre tranquille avec ma famille... »

« Jeune Marius,  tu es trop modeste. Pourquoi ton parent l'Empereur souhaiterait-il tant de te faire disparaître ? C'est qu'il te craint. »

« Mais, je t'assure que je ne souhaite pas le trône, je n'ai aucune envie d'être Empereur ! »

« Ce que tu veux ou non n'intéresse pas Rome ! C'est elle qui te veut et elle t'aura. Les intérêts de l'Empire sont plus puissants que tes propres sentiments d'homme... »

« Mais... »

« Crois-tu que je donnerais ma vie et celle de mes hommes si je ne croyais pas que les dieux t'ont choisi pour diriger la destinée de notre Empire ? Interroge les oracles, ils sont formels là dessus, tu dois devenir Empereur !»

Devant tant d'arguments y compris divins, Aulus ne pouvait ni répliquer ni s'opposer. Cependant, l'idée d'une nouvelle guerre civile et les morts qu'elle engendrerait ne l'enchantait pas. Nul doute qu'elle ne plairait pas non plus au peuple de Rome. Son cousin ferait tout pour qu'il soit coupable des terribles répressions qui ne manqueraient pas de s'abattre sur la population riche ou pauvre.

« Avons-nous une chance de faire le poids contre les légions de mon cousin ? »

« Oui, j'ai les meilleures légions de tout l'Empire. Je pense pouvoir convaincre d'autres amis de se joindre à notre rébellion. Peux-tu, de ton côté, voir si tu peux nous rallier une partie des légions germaines. Aétius est la « chose » de césar, mais il ne pourra rien seul si ses troupes se mutinent. »

« J'ai des camarades fidèles parmi ses légions mais je ne sais pas s'ils souhaiteront s'opposer au pouvoir en place... Si tu peux envoyer des émissaires jusque là-bas avec des courriers de ma part, nous saurons s'ils nous suivent ou pas... ».

« Parfait, je fais préparer ces hommes... ».

Micianus qui s'était tenu à l'écart jusque là reprit la parole.

« Néanmoins, le nerf de la guerre c'est l'argent... Nous avons certes de quoi tenir quelques temps en confisquant les impôts dus à Rome. Mais, entretenir des troupes cela coûte très cher et nos fortunes personnelles n'y suffiront pas. Il nous faudrait pouvoir emprunter de grosses sommes...».

« Oui mais, où trouver cet argent ? » s'interrogea Aulus

« Un seul homme peut nous fournir ce dont nous avons besoin... Et, par chance, il est ici, en Syrie.»

« Batiatus... » murmura Aulus.

« Tu le connais bien, je crois ?  Je pense que toi, il te donnera cet argent. Moi, il n'a même pas voulu me recevoir. »

« Oui, mais je... »

« Aulus, cet argent peut nous épargner de nombreuses vies ! » rétorqua Micianus

« Tu as raison... J'irai le voir dès demain. » décida Aulus.

« Si nous avons cet argent jeune Marius, tu coifferas le diadème avant que l'année soit achevée ! » renchérit le consul. 

Le lendemain au milieu du forum du camp principal, le consul fit acclamer le jeune tribun. Il le proclama Imperator. Ce qui déchaîna des flots d'enthousiasme parmi les troupes qui scandèrent son nom pendant un long moment.

La réaction des troupes romaines rassura un peu Aulus. Peut-être que les dieux n'avaient pas tout à fait tord.

Le trône divin (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant