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J'ai regardé autour de moi. Tout était blanc, immaculé, et, étrangement, ça me rappelait toi. Peut-être était-ce la couleur de tes cheveux, ou bien ta pureté naturelle.
J'ai posé les pieds au sol, frissonnant au contact du parquet froid. Je me suis levé.
Soudainement, je me suis mis à tourner, j'ai fermé les yeux, j'ai plié les genoux et je me suis recroquevillé faiblement sur moi-même.
-Jin ?
J'ai levé la tête, retenant un gémissement, cause inévitable de la douleur que me causait ce mouvements bien trop brusque.
-NamJoon.
J'ai pris la main que tu me tendais. T'avais ce sourire, qui faisait ressortir tes fossettes et briller tes yeux.
J'ai courbé mes lèvres à mon tour, je me suis redressé, avec ton aide.
Tu as ouvert tes bras, et je n'ai pas hésité une seconde avant de me blottir contre ton torse.
Tu sentais bon.
Et moi, je me sentais tellement bien, là, à m'abandonner contre toi. Je sentais ton abdomen se soulever avec régularité, j'entendais le souffle doux de ta respiration. Je devinais ton regard sur moi, ton léger sourire en coin. Je profitais de ta main dans mes cheveux, et de tes lèvres sur mes tempes.
-Comment tu vas, aujourd'hui ?
-Je vais bien. Et toi ?
-Aussi.
Comme toutes nos conversations, elle me semblait superflue, inutile. Après tout, ce n'était pas de ton état ni de tes envies que je voulais parler, non. C'était des étoiles, de la mer. Des gens, des autres. De toi et moi, non, pas juste toi puis moi.
J'ai relevé le regard vers toi, pour qu'il croise le tien.
Je me suis hissé sur la pointe des pieds, j'ai rapproché mon visage du tien, juste assez proche pour que nos souffles s'entremêlent et que nos nez se frôlent.
Puis, mes talons sont revenus au sol, et ma main s'est perdue dans ta tignasse décolorée.
J'ai reculé, juste quelques pas, assez pour que le soleil qui transperçait la vitre vienne éclairer ton visage de manière à le faire briller, comme un ange. C'était un peu ce que t'étais. Un ange.
Puis, on a toqué à la porte.
Tu as posé ton index sur tes lèvres, rapidement contourné le lit et tu t'es glissé en dessous.
Je suis allé ouvrir.
L'homme, que je connaissais bien maintenant, est rentré dans la pièce, avec son habituelle pochette à la main, son regard sévère et ses lèvres charnues.
Il m'a posé quelques questions, comme à chaque fois qu'il venait, c'était une sorte de rituel apaisant. Puis, il est reparti, m'offrant au passage un léger sourire.
Tu m'as vite rejoins, repris dans tes bras.
J'étais tellement heureux, là, tout contre toi.
Puis, tu m'as lâché.
-SeokJin ?
J'ai froncé les sourcils, rares étaient les fois où tu employais mon nom complet. J'ai attendu la suite.
-Je vais partir.
-Quoi ?
-Je vais partir.
Je t'ai regardé dans les yeux, cherchant une trace de plaisanterie, de moquerie. Ça ne pouvait être que ça, oui. Tu ne pouvais pas partir.
-Tu... C'est sérieux ?
-Oui. Je vais vraiment partir.
C'était absurde, c'était totalement stupide. C'était tous mes idéaux qui s'envolaient, toutes mes illusions qui s'écrasaient.
-Tu vas où... ? Tu reviendras ? Je ne veux pas que tu partes.
Tu n'as pas répondu. Tu as reculé, tes mains ont effleuré ma joue.
J'ai vu ton corps perdre peu à peu de sa matière, devenant translucide, comme insipide.
Je me suis précipité vers toi, presque en chutant. J'ai essayé d'attraper ton bras, mais mes mains se sont violemment refermées sur le vide, et je suis tombé au sol. J'ai ramené mes bras contre mon torse encore chaud de ton étreinte qui semblait vieille.
Et, j'ai eu beau gémir, hurler, geindre, tu n'es pas revenu.
Tu n'es jamais revenu.
À croire que tu n'as jamais existé.

Schizophrenia [NamJin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant