1.

581 34 0
                                    

Je soupirais en ouvrant mes volets, la pluie s'abattait encore une fois sur la région. J'enlevais mon pyjama et filais à la douche. Un cauchemar m'ayant tiré de mon sommeil, j'étais en avance pour aller en cours. J'en profitais donc pour prendre une longue douche chaude. J'enfilais ensuite un slim noir et un sweat trop grand pour moi. Il appartenait à mon frère. Je ne pouvais pas quitter la maison sans avoir son odeur sur moi. J'attachais mes longs cheveux bruns en un chignon flou. La pluie aurait gâchée ma coiffure de toute façon, alors ça ne servait à rien d'essayer. En passant devant la chambre de mon frère, je vérifiais qu'il dormait paisiblement. J'en profitais pour remplir un verre d'eau et le posais sur sa table de nuit. Je déposais un bisou sur son front. Puis je quittais cette maison trop grande et trop silencieuse.


Je rabattis ma capuche sur ma tête et me dirigeais vers mon arrêt de bus. Une fois abritée de la pluie, je sortis mon iPod de mon sac. Je branchais mes écouteurs et lançais la musique. Une minute plus tard, le bus arriva. Je montais et m'assis au premier rang. Je m'appuyais contre la fenêtre et commençais à parler avec Youssef. Il me parlait de sa fille et de ses dernières bêtises, tandis que je rigolais. Je m'asseyais tout le temps toute seule car je ne supportais pas les autres élèves. Un jour, Youssef avait commencé à me parler. Je l'avais d'abord ignoré, mais j'avais vite compris qu'il était différent de toutes les personnes que je connaissais. Il était simple, vrai et drôle. A vingt-trois ans, il avait mis sa copine enceinte. Il avait donc dû trouver un travail stable et était devenu mon chauffeur de bus préféré.


- "A ce soir, Leah !" me cria-t-il quand je quittais le bus


Je lui fis un signe de la main, contente qu'il s'occupe également du trajet du retour. Aujourd'hui c'était la rentrée après les vacances de Noël. J'étais déjà agacée. Des nouveaux vêtements de marques, des vacances au soleil et même des nouvelles voitures. Tous ces gosses de riches aimaient tellement montrer leurs richesses. Je me demandais vraiment ce que je faisais là. Je me dirigeais vers ma salle de maths et m'assis par terre en attendant que le prof arrive. Je souris discrètement quand une chanson que j'aimais beaucoup commença. C'était du rap. En regardant les gens autour de moi, je me rendis compte qu'ils seraient sûrement choqués par ce que j'écoute.


En cours, j'étais assise à l'avant-dernière rangée près du chauffage. En tant que personne insociable, j'étais encore une fois seule. Mais ça ne me dérangeait pas. Je ne voulais vraiment pas me mélanger à tous ces gens. On n'avait pas la même mentalité. Ils m'ignoraient, je faisais pareil. J'écoutais le cours d'une oreille discrète tout en écrivant dans mon petit carnet. J'étais le genre de personne qui ne parlait pas mais qui observait. Je laissais mes pensées vagabondaient, puis j'écrivais. Un jour, j'aimerais devenir écrivain.


- "Leah, tu peux venir corriger cet exercice, s'il te plait ?"


Je hochais la tête et attrapais le feutre qu'il me tendait. J'aimais bien ce prof, il expliquait bien. Il avait très bien vu que je n'écoutais plus le cours et voulais me tester. Mais il savait aussi que j'allais tout faire juste. J'étais la meilleure de la classe. J'étais en terminale scientifique, sans vraiment savoir pourquoi. Quand on avait dû choisir, j'avais demandé des conseils à mon frère. Il avait haussé les épaules et m'avait répondu de choisir ce que je voulais. J'aimais les maths. Mais je savais que mes parents allaient être furieux si je choisissais la filière scientifique. Car ce n'est pas en faisant des maths qu'on devient avocat, Leah. Alors j'avais choisi ça juste pour les faire chier.


Durant la pose du midi, je quittais l'enceinte du lycée et me calais dans un coin à l'abri des regards. Je m'allumais une cigarette et soupirais du bonheur. Je sortis une pomme de mon sac et croquais dedans. J'avais toujours mes écouteurs dans les oreilles. J'observais les gens, de là où ils ne pouvaient pas me voir. Je les regardais rire, s'amuser ou se disputer. Puis l'inspiration arrivait alors j'écrivais. C'est comme ça que j'occupais mes journées.



BeforeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant