Les grognements sourds d'un chien l'arrêta net dans sa progression. La jeune fille le devinait à peine dans l'obscurité, juste une masse sombre, mais elle sentait son museau tiède renifler ses jupons avec insistance. Elle vit le reflet blanc de ses crocs, mais poussée par la faim, elle ne tint pas compte de l'avertissement que l'animal lui adressait. Candice sentit les dents de la bête se planter dans son mollet, elle laissa échapper un petit cri aigu en se dégageant d'un coup de pied. Le chien aboya avec insistance jusqu'à ce que la porte de la ferme
s'ouvre avec fracas.- Vas-tu te taire, sale bête!
Une bûche frôla le visage de Candice avant de s'écraser sur le dos de l'animal qui disparut en gémissant. Effrayée par l'aspect rustique et malcommode du paysan, la demoiselle n'osa pas réclamer l'hospitalité. Elle tremblait de peur, elle se dissimula contre le mur de la grange et attendit prudemment que le bonhomme referme la porte. De toute évidence, le maître des lieux n'avait pas remarqué sa présence dans l'obscurité de la cour.
Le chien avait disparu, mais elle sentait une douleur aiguë au mollet. Candice était épuisée, il lui fallait absolument un refuge pour la nuit. L'étable n'était pas fermée, elle se glissa dans le bâtiment et faillit renoncer devant l'odeur forte des lieux. Trois vaches dormaient sur une litière de paille, il dégageait des bêtes une douce chaleur qui rassura la jeune fille. En furetant dans l'étable, elle trouva un panier en osier contenant une dizaine de carottes piquées de vers, elle ne fit pas la difficile, en croqua deux tout de suite et cacha les autres dans ses jupons. Elle aurait ainsi de quoi manger demain. Dans le fond d'un seau, elle trouva un reste de lait, à peine de quoi étancher sa soif, mais pour un premier soir, il ne fallait pas qu'elle se montre trop exigente. Candice se sentait rassasiée, elle bailla en regrettant son lit. Elle se creusa un nid dans le foin et finit par s'endormir, épuisée par les émotions de la journée.
La jeune fille se réveilla en sursaut aux premières lueurs de l'aube, les vaches s'agitaient devant leur mangeoire vide en faisant tinter leur chaine. Le fermier n'allait pas tarder à venir s'occuper de ses bêtes et Candice n'avait pas envie de l'affronter, elle devait partir. Elle se leva, le corps moulu par des courbatures douloureuses, elle avait mal au ventre et sa jambe blessée la faisait souffrir. Pour tout arranger, elle avait la peau ponctuée de piqûres qui la démangeaient horriblement, les puces avaient profité de son sommeil pour se régaler.
« Je déteste ce programme de réhabilitation stupide! Je veux rentrer chez moi! J'en ai assez! »Candice laissait libre cours à sa mauvaise humeur, tout en essayant de démêler ses cheveux, elle rêvait de sa salle de bain, d'eau chaude et de savon; pour elle la plaisanterie avait assez duré! Comme il n'y avait plus de lait dans le seau, elle décida de se servir à la source. Ce ne devait pas être bien difficile de traire une vache, elle avait déjà vu un film sur le sujet! Elle s'approcha de l'animal sans la prévenir d'une claque sur la croupe pour ne pas l'effrayer et reçut en retour un coup de sabot dans la cuisse. Heureusement l'épaisseur des jupons amortit le choc, cependant la bête lui semblant trop menaçante, la jeune fille renonça à son bol de lait frais et se contenta de croquer une carotte. Elle ne sentait pas l'âme d'une fermière. Elle se glissa hors du bâtiment et reprit sa route, en espérant trouver un village plus hospitalier.
Le soleil brillait de nouveau dans un ciel bleu sans le moindre voile de pollution, une belle journée s'annonçait, une journée de liberté sans école, sans parent, sans compte à rendre à personne et elle devait en profiter. Réconfortée par la beauté du paysage qui s'offrait à elle, Candice sentait son moral remonter. Elle vivait une expérience unique, le manque de confort ne devait pas lui faire négliger les sensations nouvelles que lui offrait ce voyage dans le passé. Et puis la liberté n'avait pas de prix!
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Le passé est-il parfait ?
AbenteuerDans un monde futuriste, le gouvernement instaure une nouvelle peine pour les jeune délinquants, les renvoyer dans le passé, en 1788, peu avant la Révolution Française.