Une année inoubliable

Chapitre I

 Au beau milieu d'un des parcs de la ville se trouvaient deux adolescents assis sur l'herbe fraîche. Ignorant la foule quotidienne qui envahissait les lieux pour profiter de cette belle journée ensoleillée. Insouciants, des regards posaient sur eux, ils se contentèrent d'apprécier le moment présent, un sourire éblouissant aux lèvres. Échangeant dans la bonne humeur jusqu'au moment où la sonnerie d'un téléphone vint se faire entendre, interrompant leur discussion.

— Allô, décrocha le garçon de sa voix grave. Oui, elle est avec moi. Pourquoi ?

Attirée par les mots de son camarade, elle tourna sa tête dans sa direction. Croisant les iris bleutés de malice de celui-ci, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Perdant son doux sourire, contrairement à lui.

— Comme c'est étrange, blondie l'a encore oublié ? Bizarrement, ça ne m'étonne même plus.

Ne relevant pas le surnom employé par son camarade, elle se concentra uniquement sur l'échange téléphonique, cherchant en silence la chose qu'elle avait bien pu oublier. Et encore, de plus.

— Que veux-tu ? C'est du Lucy, tout craché, ironisa-t-il en levant les yeux aux ciels. Bon, c'est noté, on décolle.

Gonflant ses joues, telle un enfant contrarié, elle s'apprêtait à contester ces paroles, mais n'en eut pas l'occasion. Devancée par l'intervention et le sourire moqueur de son ami.

— Si je ne m'abuse, ton téléphone, tu ne l'as pas sur toi ?

Prise au dépourvu, Lucy en perdit les mots l'espace de quelques secondes. Tâtent ses poches frénétiquement dans le but de vérifier l'information du jeune homme, mais surtout de ne pas lui donner raison. Malheureusement pour elle, être dans le déni ne fonctionnerait pas avec lui.

— Tu n'es pas possible.

L'entendit-elle se plaindre, alors qu'un sourire amusé vint se peindre sur ses lèvres. De mauvaise foi, ladite blondie se contenta de détourner le regard en gonflant ses joues rougies par la gêne et la contrariété d'avoir eu tort. Sentant la chaleur de la main de son ami, l'adolescente se laissa entraîner par ce dernier sans riposter. À quoi bon lutter ? Certes, elle avait perdu cette bataille, mais pas la guerre !

Ils ne leur faillirent pas plus de quinze minutes de marche pour rejoindre le point de rendez-vous, l'une des grandes maisons du quartier résidentiel de la ville. Posant son regard sur la demeure face à elle, Lucy ne put empêcher un long frisson de la parcourir. Détaillant avec la plus grande attention la bâtisse de deux étages qu'elle ne connaissait que trop bien. Les murs de la maison semblaient garder des secrets, leur surface extérieure portant les cicatrices du temps. Les volets, autrefois élégants, étaient maintenant délabrés et pendaient de manière déformée. Les fenêtres, comme des yeux silencieux, paraissaient fixer Lucy avec une intensité mystérieuse. La façade, jadis majestueuse, montrait à présent des signes évidents de négligence et d'abandon.

Elle se remémora des souvenirs enfouis alors qu'elle scrutait chaque détail de la maison. Des moments heureux se mêlaient à une aura de mélancolie, créant une atmosphère étrange et complexe. La végétation autour de la maison, à moitié sauvage, ajoutait à l'aspect énigmatique de l'endroit. Malgré la familiarité de la bâtisse, une inquiétude grandissante s'installa en Lucy à mesure qu'elle s'approchait du point de rendez-vous.

— Allez, dépêchons-nous.

La sensation des doigts de son ami se libérant de sa poigne la fit détourner son regard dans sa direction. Le découvrant courant dos à elle en direction de la porte d'entrée de la demeure, alors que le ciel commençait lentement à se couvrir d'un épais nuage sombre. Rendant l'atmosphère bien plus oppressante que prévu. Et ça, c'est mauvais signe...