CHAPITRE 3 PARTIE 2

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Abigail, écrit par Anna

Dès que je vis le mouvement dans le buisson et quand ce cri déchirant retentit, je suivis mon instinct. Je criai :
-Il y a une personne derrière ce buisson!"
Roman s'approcha et vint se placer devant le buisson que je désignais. Une fille aux cheveux bruns qui avait l'air d'une sauvage en sortit timidement, l'air confus et honteux. Roman lui cria dessus, sans lui laisser une chance de s'expliquer.
-Mais qu'est-ce que tu fous là, toi?!"
La fille commença à bégayer... Elle me faisait un peu pitié. Elle avait l'air d'une folle! Comme si elle n'avait pas communiqué avec des êtres vivants depuis très longtemps... Sa voix était rauque et hésitante, elle parlait avec excitation et empressement, comme si elle allait se faire tuer d'une seconde à l'autre.
D'un autre côté, je la comprenais : Roman était tellement énervant, à se comporter comme un chef de cette façon! Il terrorisait cette pauvre fille perturbée mentalement...
La fille en question commençait à s'exprimer de façon un peu plus cohérente. J'écoutais attentivement ce qu'elle disait, malgré le fait qu'elle avait l'air tout droit sortie d'un asile, elle pouvait peut-être nous être utile et nous apprendre quelque chose que l'on ne sait pas. Elle n'arretait pas de répéter qu'on devait tout de suite rentrer avec elle à "l'hôtel" (je supposais que c'était ce vieux manoir glauque et menaçant que j'avais vu en arrivant).
Roman se moqua d'elle, la regardant avec mépris et pitié.
-C'est hors de question. Je suis responsable du groupe et ce n'est pas sûr.
Ce que ce garçon pouvait être énervant! De quel droit pourrait-il prendre des décisions à notre place de cette façon si autoritaire!
Je sentais que l'autre tarée était en train de perdre son calme... D'un geste rapide et precis, elle lui asséna une violente gifle. Roman se détourna, le souffle coupé par le choc. Quand il reposa le regard sur elle, la haine que je voyais dans ses yeux était presque effrayante! La fille évita son regard, préferant nous observer, nous, plutôt que d'affronter sa colère.
Alors je pris la parole, timidement et d'une voix mal assurée.
-Je pense que..."
Mais Roman me coupa directement la parole et recommença à crier.
-NON! On ne va pas dans cet endroit!" Il tremblait de colère et une veine sortait de son cou, qui prit une couleur écarlate.
C'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Tous les autres du groupe se levèrent et se révoltèrent, s'acharnant contre Roman.
La folle profita de la confusion pour prendre la tête des opérations.
-Suivez-moi, si vous ne voulez pas mourir! Je connais bien cet endroit, vous serez en sécurité avec moi."
Tous partirent à sa suite sans aucune hésitation, abandonnant Roman, qui resta tout seul, appuyé contre un tronc d'arbre, la tête entre les mains.
Tous, sauf moi, et encore un autre garçon, Dylan.
Je m'approchai prudemment de Roman, qui respirait bruyamment.
-Roman..."
-Mais casse-toi putain! Pourquoi t'es encore là, cours suivre les autres tant qu'ils sont pas trop loin! Va chez cette tarée et fais-toi tuer avec les autres moutons! Ah mais non, je sais pourquoi tu es restée, c'est pour me faire la morale, comme tous les autres! Et bien je m'en fous! Laisse-moi tranquille et pars!" Hurla-t-il.
Non, là, c'était trop. Ce garçon avait vraiment besoin de quelqu'un pour lui "faire la morale", pour le remettre à sa place. Et cette personne, ça serait moi. D'habitude, je reste calme, je m'énerve intérieurement, je ne dis rien, par timidité, mais il avait vraiment dépassé les limites. J'inspirai profondément, puis me lançai dans ma tirade :
-Mais c'est quoi ton problème, merde! Tu dois arêter de te prendre pour le chef suprême de tout le monde et de choisir ce qu'on fait à notre place! Assume la vérité et accepte que, peut-être, l'autre personne a raison et tu as tort! Mais tu fais rien de tout ça, t'es têtu et rageux, et c'est pour ça que tu te retrouves là, tout seul, enfin, juste avec une fille paumée qui est en train de te gueuler dessus et un mec chelou!" Criais-je, en désignant Dylan.
Ouf, c'est fou ce que ça fait du bien!
Roman me regardait, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte. Pour une fois, il n'avait rien à dire. Et oui, c'est pas tous les jours que la meuf avec une timidité maladive se défoule sur le mec qui veut diriger tout le monde...
Après un long moment passés à se regarder sans dire un mot, le silence fut rompu par un deuxième cri à vous glacer le sang, qui, cette fois ci, semblait beaucoup plus proche. Je jetais à Roman un regard lourd de reproches.
-Et maintenant, on va mourir à cause de toi." Curieusement, j'avais prononcé cette phrase d'une voix lasse, presque tranquille. J'avais compris que dans cet endroit sauvage et dangeureux, mourir est quelque chose qui peut arriver à tout moment.
-Je ne t'ai jamais imposé de rester..." Répondit-il, d'un ton aussi détaché, en me fixant de ses yeux bleu glacier.
-Je sais, mais je suis restée, parce que, même si tu t'es comporté comme un con, je trouve que ce que les autres t'ont fait, ça se fait pas... Et puis, on ne peut pas dire que cette fille tarée m'inspire confiance! Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir d'arrêter de faire ton chef et d'essayer de nous sortir de cet endroit horrible!"
Il me fixait, sans rien dire. Je soutins son regard perçant quelques secondes, puis m'éloignais et m'assis prés de Dylan, sur un tronc d'arbre renversé qu'on avait utilisé comme un banc improvisé.
Je lui jetai un regard en coin. Je remarquai que, d'abord imperceptiblement, Dylan commençait à s'agiter.
En position foetale, les genoux entourés de ses bras, les paupières fermées, les sourcils froncés, il se balançait d'avant en arrière. Il émettait des bruits étouffés et était tendu, comme si il affrontait un ennemi invisible. Soudain, il tomba à la renverse. Étendu par terre, il se trémoussait toujours, secoué par des soubresauts. D'un coup, il cessa de bouger. Ses yeux se revulsèrent et devinrent blancs.
-Dylan?!" Criais-je, paniquée. Est-ce qu'il était...mort?
Comme s'il avait entendu mon appel, il se releva d'un bond. Son visage était impassible, ses yeux-toujours blancs, juste ponctués de quelques veines rouges. Il faisait peur à voir, il se comportait comme s'il était en transe, comme s'il était fou, possédé.
Sans me remarquer, il s'avança d'une démarche de zombie vers Roman, à quelques mètres de là. Il tendit les bras. Roman ne le remarquait pas, étant de dos. Je ne me rendis compte que trop tard de ce qu'il comptait faire, et j'étais trop loin pour faire quoi que ce soit, alors je hurlais :
-Roman!! Derrière toi, attention!"
Roman fit volte face et se baissa, au moment même où les poings de Dylan heurtèrent l'air à quelques centimètres de sa tête. Celui- ci riposta, et les deux garçons tombèrent à terre, en luttant comme deux animaux sauvages. Je me recroquevillais dans mon coin, au bord de la crise d'hystérie.
Heureusement, et pour mon grand étonnement, Roman pris rapidement le dessus. Il réussit à coincer et immobiliser Dylan en-dessous d'une grosse branche d'arbre lourde et vermoulue, ce qui le mit temporairement hors service.
Essouflé, le nez en sang, Roman se laissa tomber sur l'herbe fraîche.
-Il faut partir, Abigail. Et vite, ça ne va pas le retenir longtemps" dit-il, en désignant Dylan qui se démenait furieusement en donnant des coups dans tous les sens.
Je ne bougeais pas, estomaquée.
-Allez, viens!"

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